En me prêtant ce roman de
Laurent Gaudé, ma soeur m'a dit "tu es sure de vouloir le lire ? Parce que c'est dur"
Bien sûr, elle avait raison.
Bien sûr, il est difficile d'évoquer cette lecture sans que les larmes ne viennent 😢
Bien sûr, les mots qui courent sur ces 132 pages sont douloureux.
Bien sûr, chacun de ces mots me bouleverse.
Et pourtant, j'ai senti qu'il me fallait aller jusqu'au bout de cette lecture. J'ai senti que le devais... par devoir de mémoire... pour ne jamais oublier... par empathie... par respect pour les victimes et leurs proches.
Par son choix d'écrire à la première personne du singulier, l'auteur nous partage les instants de ce terrible vendredi 13 novembre 2015. Nul besoin d'en dire plus sur cette date, chacun de nous sait de quoi nous parlons, chacun de nous sait exactement ce qu'il faisait, où il était ce soir là... cette nuit-là.
Tour à tour, et pour quelques lignes, pour quelques mots, nous sommes ces deux amoureuses qui s'étaient données rendez-vous sur l'une des terrasses, nous sommes ces soeurs jumelles qui avaient choisi de fêter leur anniversaire à Paris, et nous sommes également leur maman qui s'inquiète de ne pas arriver à les joindre... nous sommes ce policier et son collègue arrivés les premiers sur les lieux, et puis cette jeune maman ayant osé, pour une fois, sortir un soir sans son compagnon et sa petite fille, et encore ces infirmières rappelées en urgence dans les hôpitaux, ces gendarmes du GIGN masqués qui doivent contenir leurs émotions pour garantir la réussite de leur assaut. Nous partageons leurs mots, leurs pensées, leurs gestes... leur stupeur, leur incompréhension, leurs questionnements, leurs remords, leurs espoirs, leurs larmes 😪
À chaque mot, à chaque ligne, à chaque page, j'ai mesuré, encore et encore, le cadeau que la vie m'a faite ce soir-là de savoir mes enfants en sécurité.
Cette lecture bouleversante laisse des traces. Elle va rejoindre, dans ma bibliothèque, l'ouvrage "13Ensemble" qui rassemble les lettres
Juliette Reinhart et
Constance Peillon envoyées chaque jour du procès à 1000 parties civiles... un ouvrage à avoir, à transmettre.
N'oublions pas 💕