Devant les anges que Luini avait peints en écoinçons pour la chapelle de Saint-Joseph à l'église de SainteMarie-de-la-Paix, on a pressenti déjà quel art profond Bernardino Luini savait déployer lorsqu'il devait se plier aux lois précises de l'architecture. C'est maintenant, à travers les sanctuaires de la Lombardie, que ce don merveilleux du peintre apparaîtra.
Deux églises, où toutes ses œuvres sont presque intactes, dans leur lumière et leur fraîcheur, montrent la puissance et le charme de sa peinture conservée aux endroits mêmes oii il l'a posée.
La première, par l'ordre des dates, c'est l'église de la Madone, à Saronno.
Cet édifice contient la vaste suite des fresques ou Bernardino Luini prodigua son génie, et se montra peut-être supérieur çà et là, mais en tout cas au moins égal à ses inspirations les plus hautes.
Un connaît mal Bernardino Luini. lorsqu'on a point vécu dans la Lombardie et dans le Tessin ; car il fut, avant tout, et malgré des toiles nombreuses et ravissantes. un frescante, un peintre de fresques, métier assez rare dans nos pays : quelques fragments, trop souvent médiocres, furent transportés par basant loin du lieu où il les avait composés pour des décorations disparues, mais tous les grands ouvrages restent aux murailles des églises, des monastères.
Les origines de l'art ineffable que Luini révéla, s'il faut les chercher pour complaire aux traditions, c'est a Milan, c'est dans les anciens maîtres lombards qu on les découvrirai