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Critique de CDemassieux


Il est indéniable que ce roman, comme je l'ai écrit ailleurs, est une sucrerie et qu'une sucrerie ne saurait composer un festin inoubliable, de ceux que l'on fait, par exemple, entre amis et dont on se souvient longtemps après, particulièrement quand l'un d'entre eux manque à bord. Ceux qui connaissent Brassens me comprendront !
Pour autant, doit-on accabler Anna Gavalda d'écrire comme elle le fait ? Je ne le crois pas, cela dit en étalant vaniteusement – et partiellement ! – mon panthéon littéraire, où se côtoient par exemple Flaubert, Balzac, Kafka, Jules Verne, Proust ou Hugo, histoire de me rassurer, peut-être, sur ma « grosse » intelligence ! Ceux qui auraient compris autre chose, sachez, bandes de pervers, que Babelio est une maison respectable !
Donc, Ensemble, c'est tout est agréable à lire, rassurant un peu aussi parce que le puzzle délirant de la vie s'y trouve remis dans l'ordre d'un certain bonheur. La conclusion est d'ailleurs un cheminement salutaire vers cette vie qui se prolonge.
Livre facile, c'est un fait, et qui n'atteint pas les cimes romanesques les plus exigeantes. Mais n'est-il pas reposant de se pencher quelquefois au chevet d'oeuvres sans prétention, quitte à avaler une bonne dose de naïveté dont l'utilisation prolongée peut convenir à certains esprits candides, nettement plus fréquentables que des ordures narcissiques et destructrices ?
Certes, ce récit se dilue avec le temps dans notre mémoire volage, bien plus sûrement qu'un roman charpenté pour soutenir une cathédrale de génie. Pour autant, se pincer le nez en lisant Gavalda est d'un snobisme qui confine à la bêtise. Oui, tout ne relève pas de profondeurs dantesques dans l'existence et c'est heureux car, dans le cas contraire, nous serions tous des Werther en puissance.
Ceci me rappelle d'ailleurs une anecdote (je commence à avoir l'âge pour les raconter, au risque d'être pénible !) :
Il y a de cela quelques années – du temps où, quand nous étions ENSEMBLE, nous nous regardions en lieu et place d'un écran de smartphone –, je bullais dans une de ses soirées où l'on cause beaucoup de soi en écoutant pousser ses cheveux. Là, ce sont ceux qui connaissent Brel qui me comprendront !
La discussion glissa sur Spielberg et Jurassic Park (le premier et l'unique), qui venait de sortir dans les salles. Je confessais alors que le réalisateur avait exaucé un de mes rêves de gosse en me donnant l'illusion que « mes » dinosaures étaient bien vivants, même s'il avait omis le meilleur d'entre tous : Casimir !
Soudain, une furie intello me tombe dessus en raillant mes goûts cinématographiques. Ce à quoi je lui réponds, avec toute la morgue dont je suis capable, qu'il est vrai que Spielberg n'est ni Renoir, ni Fellini, encore moins Welles, en développant sur le cinéma des réalisateurs nommés. Il faut vous dire, chers lectrices et lecteurs, que j'ai longtemps hésité entre des études de lettres et de cinéma. Conclusion, j'avais affaire à une snobinarde qui ne connaissait à peu près rien du « vrai » cinéma et lisait juste les critiques de Télérama, ce qui est un signe d'inanité en la matière. Moi, je suis retourné sans honte à mes dinosaures !
Tout ça pour dire, qu'à la condition que le roman soit honnêtement écrit – amateurs de Christine Angot, veuillez sortir ! –, je ne vois pas pourquoi il serait honteux de le lire sous le prétexte fallacieux que ce n'est pas de la littérature d'exception. Gavalda est un auteur honnête ; sans être écrivain, évidemment. J'avoue même avoir encore plus apprécié Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, un recueil de nouvelles assez touchant. Je pense notamment à cette maman qui porte en elle un enfant mort et dont les états d'âme sont très justement rendus.
Donc, si vous m'en croyez, mignonne ou pas – dixit Ronsard –, cueillez de temps à autre de tels ensembles, qui ne remettront pas en cause votre intégrité morale de lecteur, je vous l'assure.
Enfin, si, après ces sortes de lectures, votre moi vous chagrine plus que de raison – ici, ceux qui connaissent Ferrat me comprendront ! –, repentez-vous en lisant Virginia Woolf ou les soeurs Brontë, pour rester chez les femmes.
Ensemble ou pas, c'est tout !

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