– Et s’il essaie de nous tuer ? Pourquoi tu n’as pas utilisé ton rayon ?
Manon baisse la voix, se penche contre mon oreille :
– Je n’ai plus aucune énergie. J’ai tout utilisé pour te soigner.
– Alors... ton doigt pointé... c’était du bluff ?
– Eh oui. J’ai fait reculer le Mage le plus dangereux de France avec un doigt levé. Pas mal, non ? Et Alexandre... merci... de nouveau... de m’avoir sauvée.
Nous marchâmes une demi-heure dans les rues et je m’émerveillai de la douceur de cet automne méditerranéen. Certains Romains mangeaient en terrasse fin novembre ! Soit le climat était détraqué, soit ils vivaient dans un pays merveilleux.
- C'est la Rome antique.
Il se contenta de plisser le nez en signe d'incompréhension.
- La romantique ?
- Rome. Pendant l'Antiquité.
Ne jamais montrer ses faiblesses.
Ha.
Des abrutis, oui.
Les rêves, c'est toujours n'importe quoi. Je flotte dans les airs, Manon à mes côtés, lorsqu'un oiseau se pose sur son épaule puis se transforme en bol de céréales. Normal, je commence à manger. Il n'y a pas de lait, alors je pars en chercher à la poste. Heureusement, je croise une vache. Je ne sais pas comment la traire alors je demande à Manon si elle s'y connaît. Elle me répond que les vaches ont toujours été sensibles à la magie et qu'on ferait mieux de regarder le coucher de soleil.
- Alexandre, attention ! glapit Nicolas.
Qu'il glapisse. Qu'ils glapissent tous. Je les emmerde.
- Tu sais combien de temps je vais resté coincé ici ?
- Le temps qu'il faudra, grogne Arthur. Plains-toi, on t'a donné ma console.
- Ah, c'est la tienne ? T'as des scores de merde à FIFA.
Et puis mon sourire se change en grimace. Si j'ai bien compris, on part pour l'Italie en compagnie d'un psychopathe, d'une nymphomane et d'un aquarium portatif.
Super.
Non, vraiment, super.
Théo est sûrement un Mage ultra-puissant, blabla, magie Orange, le feu, tout ça. Il n'empêche, il est maigre comme un clou.
Lorsque j’ai connu Manon, j’imaginais tous les trucs géniaux que devait pouvoir faire une magicienne, et à quel point ça changeait des filles classiques. Mais jusqu’ici, ça ne m’a apporté que des ennuis, des Mages aux Trousses, des Ombres, des Traqueurs, des flics… Alors ce baiser, ce baiser échangé à deux cent mètres d’altitude, alors qu’on flotte dans un courant chaud qui nous amène vers la liberté, ce baiser, on le fait durer.