Contre-chant
Tu rêves de calme et de sérénité
des douceurs de la mer et de son chant
d'oiseaux.
Du violet des oursins.
Pour oublier quelques secondes
machettes et garrots
les cimetières insatiables
et leurs grands champs de ruines.
Dans les lueurs intermittentes
de la folie ordinaire.
Tu aimais que se farde la distance entre les pierres.
Qu'elles se tiennent bien serrées
dans la chaleur crissante de leur rugosité,
quand tes pas parallèles sur ces chemins d'errance
les emplissaient d'effroi.
Yeux bandés tu allais de l'avant.
Mais elles seules dans leur obscurité
connaissaient l'épilogue.
On effleure d'une main vaine
les naïves croyances d'autrefois
déboulonnées et jetées à la casse,
leur masque de fer et de soie.
Les vieilles certitudes
endormies.
La vérité précaire
sur son coussin de plumes.