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Citations sur Lorelei (28)

Comme si on était un autre, un étranger ... Il y a un mot : dépaysé. On croit que ça s'applique au sédentaire qui sort de son patelin, tout aussitôt déconcerté par des moeurs ou des rites inconnus. Mais je pense que c'est le contraire : il réintègre, et ne reconnait pas son pays. Comme s'il revenait de mille, de deux mille lieues : il a été dépaysé, vous comprenez, mais il ne s'en aperçoit qu'au moment de son retour. Il va falloir qu'il réapprenne, qu'il redécouvre ... Mais vous pouvez m'en croire : c'est merveilleux.
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Passent le juge de paix Cailleteau, sautillant, "sylphe pétuneur" ; Mme Bonnecombe, dite Grandpavois à cause de ses robes singulières ; son époux "dont la bille crânienne fait office de miroir aux alouettes lorsqu'il va chasser en Beauce". Gabrielle, malgré elle, se remémore les irrévérences dont les brocarde le coupable Julien. Ils s'en vont, un à un, deux à deux, se confondent en remerciements. Julien sent un frémissement lui chatouiller irrésistiblement la luette.
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Ce Gunther, son visage dur, attentif, et cette lueur sarcastique entrevue quelquefois à travers son sourire d’ami… « Un monde où tu n’es déjà plus… » Qu’avait-il voulu dire, hier ?
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Ce jour-là, dès leur arrivée, sans provocation de leur part, il s’était planté devant leur table et s’était livré sous leurs nez à une mimique provocatrice, pointant sur chacun d’eux, tour à tour, un fusil imaginaire, faisant ensuite, du tranchant de la main, mine de se couper le cou. Et il avait lancé à l’appui un « Franzosen kaputt ! » retentissant. Tout cela sans hargne apparente, la face hilare, comme une bonne plaisanterie joyeusement équivoque, mais l’intention n’en était que plus claire.
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Après les hêtres, ce sont à présent des sapins, eux aussi serrés, colossaux. La lueur, le bruit se sont éteints ensemble. Quelques taches de lune, à leurs pieds, semblent presque phosphorescentes. Ces nappes bleuâtres, l’immense silence, le sol feutré d’aiguilles où s’étouffe le bruit de leurs pas prête à la nuit où ils cheminent une prodigieuse solennité.
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Une forêt de hêtres colossaux, "une forêt allemande, " a tout de suite pensé Julien, presque interdit au seuil de l'immense sanctuaire végétal. Quel culte célèbre-t-on ici? Sur les autels de quels dieux nocturnes ? Les ramages d'oiseaux qui entrelacent dans les hautes cimes leurs trilles, leurs roucoulements, leurs traits fluides et lumineux n'atteignent pas notre ouïe, et de si loin, que pour rappeler à notre esprit la présence d'un monde oublié, irréel ou rêvé, et ainsi nous livrer plus sûrement à la réalité magique de la pénombre où nous entrons.
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L'homme qu'il voyait debout en face de lui et dont, quelques semaines plus tôt, il ignorait jusqu'à l'existence, cet homme-là aurait marqué sa vie, changé le cours de son destin. Sa présence matérielle, la prestance racée de son corps, le jeu de la respiration qui soulevait rythmiquement sa poitrine, les traits de son visage, ce visage-ci parmi tant de milliers, ces yeux bleus fixés sur les siens, ce sourire monté des profondeurs et dont la franchise soudaine, la transparence exaltaient irrésistiblement le charme ; et surtout, envahissant et délicieux, le sentiment d'avoir ému en lui quelque chose - il ne savait encore mais il allait savoir -, une ressemblance, une fraternité, un besoin et un espoir qui allaient rejoindre les siens, qui les avaient déjà rejoints, tout cela devenait bonheur, fierté d'avoir choisi, de s'être aliéné librement, de n'avoir pas donné en vain, d'avoir compté dans une autre vie.
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De cela au moins, Julien avait osé parler à Gunther. Mais dès ses premiers mots Gunther avait haussé les épaules. "Qui bluffe ? avait-il dit. Vous, nous, les Anglais, tout le monde. Les diplomates finassent, la presse s'en mêle, le bon peuple s'énerve, c'est dans l'ordre. La guerre ? Si tu veux mon opinion, je n'y crois pas... pour le moment. Je te ferai passer demain un article du Berliner. Tu y verras que ces messieurs, entre eux, disent quelquefois la vérité. Ainsi de Monts, notre ambassadeur à Rome, a dit à votre Barrère : " Pas question de vous faire la guerre à propos de l'affaire marocaine. Trop d'aléas. Nous serons prêts en 1914. " Gunther avait ajouté en souriant : " tu auras vingt-six ans, moi trente et un : nous en serons. " Et son sourire avait retrouvé le rayonnement de l'amitié.
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-- Voilà le Frantsouze, pas possible! Salut... Eh bien vous en avez une tête! C'est du joli! A pareille heure! Asseyez-vous, je vous sers un schnaps ? Ça remonte.
Julien but l'alcool râpeux, serra la main du garçon de café.
-- C'est de bon cœur, dit Tête-de-Loup, parce que c'est la dernière fois. Vous savez qu'il va y avoir la guerre ? Demain on tue.
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L'alacrité de l'air, où maintenant l'ample coulée du vent, toujours puissante mais paisible, suspendait sur le Rhin un autre fleuve à contre-courant, les révélations soudaines qui s'offraient de méandre en méandre, l'attrait de celles qu'il attendait éveillaient dans son être une vivacité attentive qui rejoignait d'un élan sa jeunesse.
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