AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 127 notes
5
5 avis
4
5 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un petit bébé est abandonné dans un cageot de framboises, au pied d'un réverbère. Heureusement, un homme l'entend pleurer et l'emporte au petit trot jusqu'au portail d'une communauté religieuse. Ces religieuses me nomment Laudes-Marie et m'élèvent jusqu'au jour où j'ai volé et caché le petit Jésus de la crèche pour ne pas qu'il soit tué car j'avais entendu dans les Saintes Écritures que tous les bébés juifs avaient été massacrés. La guerre est finie, celle de 1940-1945, une soeur m'emmène dans un petit village des Pyrénées où elle me confie à Léontine qui héberge déjà des enfants que les parents lui ont confiés au début de la guerre. Comme ils attendent que leurs parents viennent les rechercher, je rêve que les miens aussi viendront un jour, un rêve qui jamais ne se réalisera. Ce village ne sera que le point de départ d'une vie d'errance. Je travaillerai dans une auberge, quelques années, les meilleures, auprès d'une châtelaine, ensuite dans divers hôtels, une brasserie de gare, chez une vieille femme ; dans les rues de Paris, je jouerai de l'orgue de Barbarie. Ma vie fut bien remplie et, après une agression et l'âge venant, je suis retournée dans un petit village où j'avais vécu quelques bonheurs.
Sylvie Germain décrit admirablement la personnalité de Laudes, la narratrice, les silences et la solitude qu'elle apprécie tant qu'elle les choisira pour compagnes de fin de vie.

Challenge Atout prix 2017 – Grand Prix Thyde Monnier 2002 – Prix des Auditeurs de la RTBF 2003
Commenter  J’apprécie          590
Refermer un roman de Sylvie Germain, c'est rompre avec le charme des mots, s'extirper à grand peine d'une chaude intimité livresque.
« je ne suis pas poète « s'excuse Laudes-Marie à la page 242.
Et pourtant…..quel talent elle a cette petite « mal aimée » pour raconter, en dépit d'abandons successifs, de trahisons et de multiples renoncements,ses étranges visions, qu'elles soient peuplées de douceurs ou de violences, pour imaginer et imager la nature, les sons et les couleurs et pour se relever après chaque coup bas du destin !
Enfant « confiée au hasard », d'abord recueillie par une communauté de religieuses, Laudes rebaptisée, au gré de ses errements, n'aura de cesse que rechercher l'affection dont elle a été privée dès sa naissance, abandonnée sur le bitume dans un cageot de fruits aussi colorés et acidulés qu'elle se juge pâle et insipide.
Orpheline, bâtarde de l'existence, frappée d'un anonymat dont l'albinisme est le porte drapeau et la place derechef en marge de la « normalité », Laudes-Claudes-Lola trouvera des mères de substitution en Léontine, veuve de guerre et Adrienne, bergère solitaire, puis un maître à s'instruire en Antonin, instituteur à la retraite et ancien combattant de la grande guerre...
Naïve mais lucide et déterminée à se nourrir et s'accommoder de ce que la vie lui offre chichement, elle se jette bravement dans la mêlée, devenant tour à tour, femme de ménage et à tout faire, dame de compagnie, serveuse de comptoir de gare ou de maisons de rendez vous, factotum d'un écrivain à succes, chanteuse de rue….
Jamais victime Laudes. Même dans les pires moments de l'existence, même violentée dans sa chair et dans son âme, amoureuse délaissée, future maman avortée, témoin d'un meurtre sordide, sauvagement agressée pour un maigre butin, elle joue au Scrabble, chouchoute un orgue de barbarie, copine avec une chouette, ou un âne, puise sa résilience dans le rêve, sondant le ciel, tutoyant la Lune et les étoiles, faisant siens le langage des bêtes et le souffle bienfaisant de la montagne.
Et avec quel extraordinaire humour elle se raconte, traversant les événements et l'histoire de son siècle avec un regard aigu, sans concession, indulgent, révolté ou moqueur mais toujours philosophe.
Sous la plume d'une Sylvie Germain au style (comme toujours) flamboyant, Laudes n'est pas un personnage de roman, paria de la société, mais un être de chair et de sang.
Au coeur de cet univers impitoyable dont elle accepte la loi puisqu'elle n'a aucun pouvoir sur elle, elle vibre d'humanité et de sensibilité (quelles pages magnifiques elle nous livre sur les voix, celle d'Edith Piaf mais aussi toutes celles que la Radio, dépouillées de l'influence télévisuelle, nous livre à l état brut…)
Parce qu'elle a compris qu'on ne se bat pas contre le hasard et qu'il faut saisir, sans faire la fine bouche, les moments précieux de ce temps qui nous est compté quand ils se présentent. Se réjouir du bon, du bien et surmonter malheurs et chagrins.
« Je ne suis pas poète » dit-elle à la page 242.
Mais moi, j'en aurais bien fait ma meilleure amie.


Commenter  J’apprécie          132
La narratrice, une jeune femme albinos, raconte sa vie, depuis son abandon à la naissance, jusqu'à sa fin de vie en ermite dans les montagnes Pyrénéennes. le roman décrit les rencontres qui construisent cette étrange destinée.
Plus qu'une étude psychologique, le récit s'applique à décortiquer l'âme humaine : le personnage principal, entité évanescente, quasi transparente, sert de révélateur à tous ceux qu'il croise. le sens de la vie, la nature, la spiritualité irriguent chaque page. Pour autant, le livre appartient à une époque, il est ancré dans le XX ème siècle : la guerre, la conquête de l'espace, la chute du mur, la surinformation, l'écologie, le droit de choisir sa mort, les sans-abris, sont évoqués.
J'ai beaucoup aimé ce livre à l'écriture ciselée, très précise empreint de féminisme et d'une très grande humanité même quand il évoque l'horreur.
L'humour et la dérision servent régulièrement à distancier la noirceur des épreuves de vie.
Par sa construction et des des associations qui n'appartiennent sans doute qu'à moi, il m'a fait penser à Vernon Subutex de Virginie Despentes.
Commenter  J’apprécie          60
Quel livre, en réalité deux livres dans le même: l'histoire d'une vie difficile au milieu des drames, mais surtout le chemin vers l'éveil .... l'approche de cette mort refusée mais enfin acceptée , la clairvoyance des moments difficiles, l"empathie, le non-agir et le détachement... c'est le chemin vers la lumière . le corps rendu aux oiseaux, un rite tibétain ancien... Tout y est.
Commenter  J’apprécie          20
un live percutant
Lien : http://bibliothequeouillon.o..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (284) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvie GermainCréer un quiz sur ce livre

{* *}