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La narratrice nous raconte son histoire à la première personne.
Abandonnée sur le bitume dans un cageot de framboises, elle est recueillie dans un couvent de soeurs moniales.
Elle nous avoue vite sa particularité : elle est blanche, tellement blanche qu'elle en est albinos.
Ce petit enfant reçoit un patronyme donné par les bonnes soeurs : Laudes-Marie Neigedaoût.
Elle est envoyée dans les Pyrénées chez Léontine qui m'a fait penser à Madame Rosa dans "La vie devant soi" de Romain Gary. Cette période se passe pendant la seconde guerre mondiale et en 1945, certains enfants juifs retrouvent leurs parents et leurs prénoms réels.
Tout comme la noyade d'Antonin avec ses poches remplies de cailloux m'a fait inévitablement penser au suicide de Virginia Woolf.
Après la mort de Léontine, Laudes-Marie aboutira chez un couple d'aubergistes dont le mari voue un culte barbare à l'ours. Cela ne lui portera pas chance.
De fil en aiguille, Laudes-Marie arrivera dans un manoir assez bizarre , puis dans un bordel champêtre comme bonne et dans un bistrot de gare.
Voici pour le côté des faits mais le plus étonnant chez Sylvie Germain, c'est son imagination, son style d'écriture et ses scènes crues et originales.
On peut dire que j'ai découvert une auteure pas commune du tout et certainement pas ennuyeuse à lire.
De plus, Sylvie Germain ne manque pas d'humour et de distance dans des scènes qui pourraient sembler dramatiques. Cela ajoute une petite touche d'humour noir que j'ai apprécié.

Challenge plumes féminines 2019
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Un petit bébé est abandonné dans un cageot de framboises, au pied d'un réverbère. Heureusement, un homme l'entend pleurer et l'emporte au petit trot jusqu'au portail d'une communauté religieuse. Ces religieuses me nomment Laudes-Marie et m'élèvent jusqu'au jour où j'ai volé et caché le petit Jésus de la crèche pour ne pas qu'il soit tué car j'avais entendu dans les Saintes Écritures que tous les bébés juifs avaient été massacrés. La guerre est finie, celle de 1940-1945, une soeur m'emmène dans un petit village des Pyrénées où elle me confie à Léontine qui héberge déjà des enfants que les parents lui ont confiés au début de la guerre. Comme ils attendent que leurs parents viennent les rechercher, je rêve que les miens aussi viendront un jour, un rêve qui jamais ne se réalisera. Ce village ne sera que le point de départ d'une vie d'errance. Je travaillerai dans une auberge, quelques années, les meilleures, auprès d'une châtelaine, ensuite dans divers hôtels, une brasserie de gare, chez une vieille femme ; dans les rues de Paris, je jouerai de l'orgue de Barbarie. Ma vie fut bien remplie et, après une agression et l'âge venant, je suis retournée dans un petit village où j'avais vécu quelques bonheurs.
Sylvie Germain décrit admirablement la personnalité de Laudes, la narratrice, les silences et la solitude qu'elle apprécie tant qu'elle les choisira pour compagnes de fin de vie.

Challenge Atout prix 2017 – Grand Prix Thyde Monnier 2002 – Prix des Auditeurs de la RTBF 2003
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Née sous une pluie d'étoiles, Laudes-Marie Neigedaoût est albinos. Immédiatement abandonnée par sa mère dans un cageot de framboises, l'enfant portera toute sa vie un âpre ressentiment envers ceux qui n'ont pas voulu d'elle. « Mes parents n'étaient ni des héros ni des martyrs de la dernière guerre, pas même des gens ordinaires morts sous un bombardement. Juste deux renégats qui m'avait légué le tourment de leur anonymat pour tout héritage, et une inaltérable blancheur de sac de farine en prime » (p. 35) D'abord recueillie par un couvent, Laudes-Marie finit la guerre cachée dans une maison en montagne, avec d'autres enfants. Mais partout où elle passe, elle ne laisse que mort et désolation, comme si sa présence avait le pouvoir d'éteindre les existences. « J'avais juste dix ans et j'étais orpheline à répétition. » (p. 41) Rien de surprenant à ce qu'elle développe un goût prononcé pour la solitude et le silence. L'enfant amère et avide de mots grandit dans un dénuement presque total d'affectation et n'a de cesse de ruminer sa haine/amour pour ses parents déserteurs, rêvant pourtant de prendre son envol et de goûter au bonheur. « Même les ailes imaginaires ont besoin d'être soignées, lustrées, développées. Surtout les ailes imaginaires. Sinon on finit comme Antonin, des galets amassés dans les poches, des éboulis au fond du coeur, et vlan ! on se jette dans le gave. » (p. 46)

Adulte, Laudes-Marie entre comme domestique dans des maisons particulières et dans des hôtels. Elle ne reste jamais longtemps en place, poussée par un besoin d'avancer. « Je n'étais qu'une passante poudrée à frimas, filant au ras des murs, au ras des jours, tellement insignifiante aux yeux des gens qu'il me semblait parfois ne même pas projeter d'ombre. » (p. 130) Dans sa grande solitude laborieuse, Laudes-Marie voit tout, entend tout et noue des liens avec des personnes disparues. « J'avais le chic pour me lier d'amitié avec des voix, des sourires et des larmes de femmes défuntes. Comme quoi la mort n'empêche rien. Enfin, pas tout. » (p. 154) Il faut dire que Laudes-Marie ne semble pas vraiment de ce monde et il ne s'agit pas seulement de la couleur de sa peau. Quelque chose en elle semble impalpable, inatteignable.

De 1939 à 2000, Laudes-Marie fait le récit de sa vie. Narratrice impartiale, sans état d'âme, elle montre le beau et le laid de son existence, les flots de sang, les pertes et les douleurs. le récit a des airs d'élégie et de chant funèbre, comme si cette fille albinos était morte à elle-même depuis bien longtemps en raison d'un manque d'amour ou parce qu'elle a reçu et donné des sentiments trop imparfaits. Ce roman est très beau, mais j'en ai largement préféré d'autres de Sylvie Germain, comme le livre des nuits ou Jours de colère. En fait, je préfère quand cette auteure présente les destins croisés des membres de familles monstrueuses : les récits centrés sur des individus uniques m'ennuient un peu, comme ce fut le cas de Magnus ou de Nuit-d'Ambre qui restent toutefois de très beaux textes.
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L'écriture singulière, poétique, âpre aussi par moments, de Sylvie Germain se retrouve ici encore. le livre date déjà, il a été publié en 2002. J'ai lu et apprécié plusieurs romans de cette auteure mais je ne connaissais pas celui-ci.

Un destin très particulier nous est présenté, à la première personne, comme une confession écrite, celui de Laudes, une enfant trouvée, tout d'abord recueillie par des religieuses. Un parcours chaotique, de la maison de Léontine, cachant des enfants juifs, à un bar, un manoir, un bordel et d'autres lieux encore, souvent étranges, comme leurs propriétaires. L'auteure sait avec finesse et profondeur capter l'âme humaine.

Mais j'avoue que le personnage de Laudes est resté pour moi froid, retiré en lui-même, hors d'atteinte comme il le deviendra vraiment lorsqu'il sera confronté à une extrême solitude. Et puis, trop de drames, de morts dans cette histoire. Ce n'est pas fait pour remonter le moral en ce moment!

Une lecture en demi-teinte, donc, mais pour le fond, pas pour la forme, beau flamboiement de mots.
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La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Sylvie Germain de sa plume envoûtante, riche et ciselée nous invite à partager la vie de Laudes-Marie, née albinos et abandonnée, dans sa fuite incessante. Portrait très réaliste d'une humanité dont notre narratrice va commenter les actes au fil de ses rencontres en nous offrant ses réflexions, tout en gardant une position d'observatrice, de témoin. Sans racine, Laudes-Marie qui adore les arbres, semble incapable de se fixer, s'envolant même parfois dans des visions oniriques et symboliques de sa propre souffrance et de celle du monde. Étrange chemin de vie zigzagant qui la mènera sur la voie du silence et du détachement, en paix avec elle-même et sa solitude, épanouie dans « ce sourire de délivrance » de sa dernière vision, son état de grâce.
C'est un livre percutant et intelligent où nous attendent bien des surprises, chacune d'elles donnant l'occasion de plonger au coeur de la psychologie humaine.
Deuxième livre de Sylvie Germain lu après « l'inaperçu » mais, c'est certain, pas le dernier.
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L'univers de Sylvie Germain est vraiment particulier et ne ressemble à aucun autre : entre le conte philosophique avec des personnages aux noms très imagés ( Philomène Tuutu, Laudes-Marie...) et la satire cruelle, ils fascinent ou ennuient... personnellement si j'avais beaucoup aimé son dernier "petites scènes capitales" par son audace et son ampleur, celui ci, malgré la beauté de la langue utilisée m'a laissé froid, je n'ai pas réussi du tout à rentrer dedans...dommage...
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Refermer un roman de Sylvie Germain, c'est rompre avec le charme des mots, s'extirper à grand peine d'une chaude intimité livresque.
« je ne suis pas poète « s'excuse Laudes-Marie à la page 242.
Et pourtant…..quel talent elle a cette petite « mal aimée » pour raconter, en dépit d'abandons successifs, de trahisons et de multiples renoncements,ses étranges visions, qu'elles soient peuplées de douceurs ou de violences, pour imaginer et imager la nature, les sons et les couleurs et pour se relever après chaque coup bas du destin !
Enfant « confiée au hasard », d'abord recueillie par une communauté de religieuses, Laudes rebaptisée, au gré de ses errements, n'aura de cesse que rechercher l'affection dont elle a été privée dès sa naissance, abandonnée sur le bitume dans un cageot de fruits aussi colorés et acidulés qu'elle se juge pâle et insipide.
Orpheline, bâtarde de l'existence, frappée d'un anonymat dont l'albinisme est le porte drapeau et la place derechef en marge de la « normalité », Laudes-Claudes-Lola trouvera des mères de substitution en Léontine, veuve de guerre et Adrienne, bergère solitaire, puis un maître à s'instruire en Antonin, instituteur à la retraite et ancien combattant de la grande guerre...
Naïve mais lucide et déterminée à se nourrir et s'accommoder de ce que la vie lui offre chichement, elle se jette bravement dans la mêlée, devenant tour à tour, femme de ménage et à tout faire, dame de compagnie, serveuse de comptoir de gare ou de maisons de rendez vous, factotum d'un écrivain à succes, chanteuse de rue….
Jamais victime Laudes. Même dans les pires moments de l'existence, même violentée dans sa chair et dans son âme, amoureuse délaissée, future maman avortée, témoin d'un meurtre sordide, sauvagement agressée pour un maigre butin, elle joue au Scrabble, chouchoute un orgue de barbarie, copine avec une chouette, ou un âne, puise sa résilience dans le rêve, sondant le ciel, tutoyant la Lune et les étoiles, faisant siens le langage des bêtes et le souffle bienfaisant de la montagne.
Et avec quel extraordinaire humour elle se raconte, traversant les événements et l'histoire de son siècle avec un regard aigu, sans concession, indulgent, révolté ou moqueur mais toujours philosophe.
Sous la plume d'une Sylvie Germain au style (comme toujours) flamboyant, Laudes n'est pas un personnage de roman, paria de la société, mais un être de chair et de sang.
Au coeur de cet univers impitoyable dont elle accepte la loi puisqu'elle n'a aucun pouvoir sur elle, elle vibre d'humanité et de sensibilité (quelles pages magnifiques elle nous livre sur les voix, celle d'Edith Piaf mais aussi toutes celles que la Radio, dépouillées de l'influence télévisuelle, nous livre à l état brut…)
Parce qu'elle a compris qu'on ne se bat pas contre le hasard et qu'il faut saisir, sans faire la fine bouche, les moments précieux de ce temps qui nous est compté quand ils se présentent. Se réjouir du bon, du bien et surmonter malheurs et chagrins.
« Je ne suis pas poète » dit-elle à la page 242.
Mais moi, j'en aurais bien fait ma meilleure amie.


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écriture envoûtante toute comme l'histoire d'une vie qui a mal commencé et se termine dans la Solitude voulue et acceptée au sein d'une nature mère.
de la magie et l'on ne s'attardera pas sur quelques lignes parfois pesantes.
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La narratrice, une jeune femme albinos, raconte sa vie, depuis son abandon à la naissance, jusqu'à sa fin de vie en ermite dans les montagnes Pyrénéennes. le roman décrit les rencontres qui construisent cette étrange destinée.
Plus qu'une étude psychologique, le récit s'applique à décortiquer l'âme humaine : le personnage principal, entité évanescente, quasi transparente, sert de révélateur à tous ceux qu'il croise. le sens de la vie, la nature, la spiritualité irriguent chaque page. Pour autant, le livre appartient à une époque, il est ancré dans le XX ème siècle : la guerre, la conquête de l'espace, la chute du mur, la surinformation, l'écologie, le droit de choisir sa mort, les sans-abris, sont évoqués.
J'ai beaucoup aimé ce livre à l'écriture ciselée, très précise empreint de féminisme et d'une très grande humanité même quand il évoque l'horreur.
L'humour et la dérision servent régulièrement à distancier la noirceur des épreuves de vie.
Par sa construction et des des associations qui n'appartiennent sans doute qu'à moi, il m'a fait penser à Vernon Subutex de Virginie Despentes.
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Le résumé éditeur est parfait. Il évoque bien cette vie d'errance d'une enfant albinos passant de mains en mains, abandonnée par ses parents, mais espérant qu'un jour, ils viendront la rechercher, puis recommençant cette errance lors de sa vie d'adulte avant de revenir aux sources, dans les Pyrénées. L'auteur, Sylvie Germain, a obtenu le Prix Femina pour "Jours de colère" en 1989.
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