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Citations sur Le Livre des nuits (46)

Et chaque soir, assise auprès du lit de son petit-fils, elle invitait l'enfant à l'accompagner dans les méandres de sa mémoire peuplée de visages et de noms pleins d'éclats et d'échos fabuleux. Et l'enfant s'endormait dans ces plis de mémoire doux et soyeux comme une eau morte emplie de vase et de soleil. Une femme toujours apparaissait dans son sommeil, à la fois mère et soeur, douée d'un sourire délicieux qui le faisait sourire à son tour en dormant.
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Il taillait aussi de petites péniches dans des écorces et des branches ramassées sur le berges, y plantait un grand mât où il nouait un mouchoir, et larguait ensuite ses bateaux au fil de l'eau, chargeant leurs cales vides du poids de tous ses rêves.
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Leur amitié avait l'ardeur qu'allument le danger et l'urgence ; quelques jours passés au fond de ces boyaux de boue et de sang, à souffrir du manque d'eau, de nourriture et de sommeil, à craindre la mort à chaque instant, avaient suffi à tisser des liens plus denses et profonds qu'une longue amitié fidèlement entretenue au fil d'une vie calme n'aurait pu le faire. C'était une amitié forgée à la hâte et qui poussait dans ces décombres comme une plante en serre qui chaque jour renouvelle des fleurs inattendues et dresse toujours plus haut ses feuilles vives.
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Il éprouvait pour les livres une immense curiosité et les aimait tout autant pour leur poids dans ses mains, pour l'odeur doucereuse et le grain de papier, pour l'écriture imprimée noir sur blanc, que pour les illustrations qui venaient renforcer les mots. Et très vite il se prit à rêver à travers les livres et les images.
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Cet endroit n'était ni près ni loin, il était de nulle part. Il ne jouissait ni de la splendeur des littoraux sculptés par les mers, ni de la souveraineté des paysages architecturés par les montagnes, ni de la magnificence des déserts arasés par la lumière et le vent.
C'était un de ces lieux perchés aux confins du territoire et qui , comme toute les zones frontalières, semble perdu au bout du monde dans l'indifférence et l'oubli, - sauf lorsque les maîtres des royaumes jouent à la guerre et les décrètent alors enjeux sacrés.
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Il mourait d'envie de s'approcher d'elle, de lui demander son nom à voix basse, et de la soulever dans ses bras pour la faire tourner. Elle devait être si légère, si fragile à porter. Il finit même par partager le rêve de la fillette - que l'éléphant prenne vie et descende du manège pour s'en aller d'un pas dandinant en balançant sa trompe à travers les allées du parc...
Et il pensa avec tristesse qu'il était bien dommage que la petite fille n'ait pas préféré le dromadaire marron qui tournait l'amble avec un gros lapin aux yeux verts, à trois rangées derrière l'éléphant. Cela lui aurait donné un peu de dérisoire confiance.
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Mais Mathurin abandonna bientôt les mots et se mit lui aussi à dessiner, faisant un usage particulièrement intense des couleurs qu'il appliquait par taches contrastées.
Des couleurs exacerbées, éclatées comme des fruits trop mûrs. Des couleurs qui n'existaient même pas dans les prés et le champs de Terre-Noire en été, et peut être même nulle part ailleurs dans la nature. Des couleurs jaillies de son seul désir. Le corps d'Hortense qu'il dessina ainsi se mit alors à se distordre en images folles, ivres de couleurs crues, en perpétuelle métamorphose. Tantôt il multipliait ses bras et ses jambes, tantôt mettait le feu à ses cheveux ou les chargeait d'essaims d'abeilles, tantôt crevait tout son corps de bouches énormes. Parfois ce corps fleurissait comme un jardin sauvage; des coquelicots s'ouvraient à la pointe de ses seins, des chardons orangés lui brûlaient aux aisselles, des campanules et des ronces s'entortillaient à ses membres, des grappes de groseilles s'écroulaient de ses lèvres, des libellules aux ailes bleu pervenche s'envolaient de dessous ses paupières, des renoncules jaune vif et des lézards vert acide s'enlaçaient à ses doigts. Sur ses fesses il écrasait des fraises, son sexe, il l'embroussaillait et le couvrait de lierre, l'étoilait de bleuets et laissait toujours percer au milieu de ce buissonnement un bulbe rond et charnu comme un bouton de rose prêt d'éclore. Il couvrit des pages et des pages de tels dessins.
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La mort ne me prendra jamais si même la vie ignore que j’existe!
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La confusion du monde atteignait alors son comble, jetant pêle-mêle hommes, chevaux, arbres et éléments dans la même inextricable débâcle.
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Et de même étaient tendus leurs cœurs, sombres et pleins d’endurance.
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