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Je termine ce roman comme une jolie parenthèse enchantée.

Venez.
Ecoutez l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup.
Ecoutez l'histoire de Victor-Flandrin Péniel, né sur les eaux douces, là-haut dans les plaines du Nord de la France, à la limite de tout. Adulte, c'est au hameau de Terres Noires qu'il s'établira, c'est à la Ferme-Haute qu'il prendra épouse, par quatre fois. Mélanie, Blanche, Sang Bleu, Ruth : chacune lui donnera de nombreux enfants, toujours par pair, toujours marqués du sceau de leur père : une tâche d'or au fond des yeux.

A travers cette fresque familiale qui tourne autour du personnage fédérateur, Victor-Flandrin Péniel, Sylvie Germain nous entraîne aux confins du réel, là où rêverie et conte se dessinent, là où la réalité se pare de tout ce qu'elle a de merveilleux et de légendaire. Car l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup et de sa descendance ressemble bien à une légende. Mais ces personnages de conte qui parcourent les années, de la fin du 19e siècle jusqu'aux lendemains de la Seconde guerre mondiale, affrontent aussi les affres de leur époque, celle qui apporte son lot de deuils et de souffrances lorsque la folie des hommes l'emporte.
Au delà de l'Histoire, « Le livre des Nuits » est aussi une histoire de famille où malgré le grand nombre de participants, chacun trouve sa place et sa marque aux yeux du lecteur. Qu'ils sont nombreux les enfants Péniel ! Mais tous, du mal-aimé, du non-voulu, du préféré ou de l'adopté, du fou ou du raisonnable, tous nous touchent. Tous, jusqu'au dernier,

J'ai retrouvé dans ce premier roman de Sylvie Germain toute la magie qu'opère sur moi le style de l'auteure, une écriture entre réalisme et onirisme où une histoire aux allures de conte rejoint l'Histoire et ses monstres bien réels. Tout se fond, l'un en l'autre. Tout se tient et nous tient, jusqu'au bout. Les récits de l'auteure offrent l'alliance parfaite du roman, de la poésie et du conte, et nous proposent une narration sublime où les mots nous délectent de leur beauté nous transportent d'émotion.

C'est de cet effort d'écriture, de cette exigence d'allier le beau au sens que l'on reconnaît les grands auteurs, ceux qui travaillent leurs phrases autant que leur histoire.

Un roman magnifique sur les hommes et leurs racines, sur leur pouvoir de résilience, sur l'amour qui naît, qui meurt, qui dure toujours.
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Voilà p lus de vingt ans que Sylvie Germain publie des romans et que la critique se montre unanimement admirative de son talent. Avant la lecture de ce livre, je ne la connaissais que de nom. On a beaucoup parlé de son dernier ouvrage "Magnus" .

Je suis ravie de l'avoir découverte avec" le livre des nuits", son premier roman. En effet, dans une interview assez récente pour Evène, elle dit ceci en parlant du "Livre des nuits" : « je pense que dans ce livre il y avait en germe et en concentré toutes mes obsessions et ce qui s'est développé après ».

L'histoire :

Le personnage central du roman est Victor-Flandrin PENIEL, né de l'union d'un père et de sa fille. Ses parents sont morts alors qu'il était enfant et sa grand-mère, une femme âgée mais courageuse, l'a élevé.

Il est issu d'une famille « de l'eau douce » qui a vécu et travaillé sur une péniche. Les mauvais tours du destin et la guerre de 1870 ont contraint la famille a quitter la péniche alors qu'il était tout jeune.

A la mort de la grand-mère, il est tout juste adolescent. Au terme d'une sorte de parcours initiatique à travers les champs et les forêts, il s'installe dans une ferme et se passionne pour le travail de la terre. Il y restera toute sa vie malgré les épreuves qui le marquent dans sa chair et dans son âme. Les femmes de sa vie meurent les unes après les autres. Sa nombreuse descendance est frappée par la folie, la maladie et les guerres : celle de 14-18, puis celle de 39-45. Mais Nuit-d'or-gueule-de loup (c'est son surnom) reprend toujours le dessus grâce à sa soif de vivre, insatiable.

Mon avis :

J'ai résumé le livre pour vous donner une idée de l'histoire, mais il me semble qu'elle n'est pas essentielle. Ce qui importe, ce sont les mots merveilleux de Sylvie Germain et surtout les messages qu'elle veut nous faire passer.

L'écriture est très poétique, comme le sont les titres des six chapitres : Nuit de l'eau, Nuit de la terre, Nuit des roses, Nuit du sang, Nuit des cendres, Nuit nuit la nuit.

Il existe également, dans ce livre une dimension fantastique : des yeux qui pleurent des perles de verre, des tempes qui transpirent du sang quand un malheur va arriver, une ombre blonde qui suit Victor Flandrin partout ou il va, et ces mystérieuses malédictions qui s'abattent sur la famille…

La première partie du livre m'a demandé un effort car l'atmosphère est assez noire, comme le laisse entrevoir le titre. En outre, il n'est pas toujours aisé pour nous adultes, d'entrer dans l'univers du conte. Mais peu à peu, je me suis intéressée au destin de cette famille et surtout j'ai accepté la vision pessimiste de Sylvie germain sur notre monde, une vision dérangeante mais malheureusement juste. Il faut bien admettre que la cruauté des hommes et leur folie sont sans limites.

Sylvie Germain met l'accent sur le thème de l'histoire qui se répète sans cesse : les trois guerres qui marquent cruellement cette famille, comme bien d'autres d'ailleurs, en sont la preuve. le dernier chapitre, évoquant la guerre 39-45 et l'holocauste est absolument terrible. On referme le livre bouleversé.

Il existe une suite, « Nuit-d'Ambre », que je lirai assurément.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Elle nous dit la Vie des Péniel !

Devenus gens d'à-terre - " Terre demeurée sauvage qui murmurait à la tombée du jour d'anciennes légendes de sorciers, de fées, d'invincibles galvaudeux et d'esprits en errance".

Un temps, ils furent gens de l'eau-douce - " Leurs coeurs étaient couleur d'ardoise, abrasés tout autant par les éclats du jour que par les pénombres de la nuit".

Quelle lumière dans la magnificence des descriptions !

Quelles ombres inquiétantes dans les sombres rouages de cette famille qui n'en finit pas de s'agrandir en personnages tous plus extraordinaires et fantastiques, marqués par la violence, la passion et le renouveau.

Magie lumineuse de vies et de destins hors du commun avec une touche de fantastique qui se fond aisément au fil des pages ; destins sombres comme la nuit, d'autres éblouissants comme la lumière.

Monde sans fin, recommencé !
Après le bruit et la fureur des hommes de guerre, qui ne laissent sur leur passage que sang, feu, flammes, incompréhension, douleur et cendres.

Très belle écriture qui m'a transporté.
Elle dit l'amour des hommes, de la terre, leur passage telle une toile arachnéenne qui brille, se tend, se brûle au feu de la vie, de l'amour, de la mort, se déchire et renaît.

La Vie tel un gros livre feuilleté à l'endroit, puis à l'envers,
Eternellement !
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De la fin du 19ème siècle aux lendemains de la seconde guerre mondiale, le sombre destin de la famille Péniel. Victor Flandrin dit "Nuit d'Or Gueule de Loup" a quitté les bords du fleuve et s'est installé dans le hameau de Terre-Noire où il a engendré une nombreuse descendance marquée de gémellité et de tempéraments fougueux. Générations après générations, c'est le récit tragique de cette famille broyée par les guerres et l'histoire qui nous est magistralement conté.
Magnifique roman, salué par la presse lors de sa sortie et couronné de nombreux prix littéraires. Sombre et envoûtante, une saga familiale transcendée par un style admirable plein de poésie et de lyrisme. Tragique et dur, passionné et ombrageux à l'image des protagonistes portant tous la marque de la gémellité, ce récit d'une destinée familiale est un pur chef d'oeuvre d'émotions brutes.
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Il est des livres que nous avons l'impression de retrouver. Les retrouver alors que c'est la première fois que nous les lisons.
Le Livre des Nuits est un de ceux là.
De ces rares instants de lecture qui nous appartiennent.
Alors évidement ,il y a l'écriture de Sylvie Germain, Il y a cette sève, cette tourbe, ces odeurs qu'elle sait extraordinairement nous offrir, il y a ces personnages forts, énormes, et toutes ces vies qui s'écoulent, qui saignent, qui s'écaillent, qui se mélangent de page en page : les Livres, les livres de toutes nos vies.
Faut il aimer follement les hommes pour en parler avec autant de douceur et de poésie. Les hommes sont beaux dans les livres de Sylvie Germain. Terriblement beaux, cruellement beaux enchevêtrés comme des lierres, emportés par leur destin, recouverts de cendres. Faut il avoir conscience de la puissance de la vie pour nous donner, parmi ces nuits, envie d'y croire encore, y croire toujours.
Croire que la vie est plus forte que tout. Il y a du Albert Cohen dans cet élan.
Un livre important.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Après avoir lu, il y a peu, son dernier livre, j'ai eu envie de retrouver Sylvie Germain, que j'apprécie, dans ce premier roman écrit en 85 et qui lui valut le prix (entre autres) du livre Insolite, largement mérité , roman d'une singularité toute particulière, où elle nous montre toute l'étendue de son extraordinaire imaginaire.
Un petit temps d'acclimatation...pour pouvoir nous 'imbiber' de cet univers au réalisme magique et tragique un peu déroutant, pénétrer ce monde fantasque et fantastique où tous nos sens sont âprement sollicités, nos repères chahutés, notre conscience élargie (un vrai "trip" écrit).
Une lecture, certes, pas de tout repos, car intense et dense en permanence, mais un roman si abouti que l'on se demande si Mme Germain n'aurait pas vécu mille vies !
Proprement prodigieux, à mes yeux !
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Entre 1870 et 1945, l'auteure nous livre une histoire de famille qui démarre sur l'eau des canaux où les mariniers transportent du charbon et se poursuit sur la terre dans une ferme isolée. Victor Flandrin Péniel en est le pilier central au travers de ses nombreux mariages et enfants. La réalité triste, souvent endeuillée, marquée par les trois guerres successives qui interviennent sur le destin de la famille est accompagnée de fantastique qui transforme la narration en conte. le style et l'écriture de Sylvie Germain qui se révèlent dans ce premier roman s'affineront dans ses prochains livres pour le plus grand plaisir des lecteurs.
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Je ne m'attendais pas à cette atmosphère particulière : un homme qui vit seul avec sa tribu au fond d'un village, entre la défaite de Sedan et la fin de la seconde guerre mondiale.

Ses quatre femmes lui donneront jumeaux et jumelles, presque tous au prénom double.

Le silence règne à la ferme, les femmes meurent en poussant des cris, seules paroles. Les larmes aussi sont retenues.

J'ai aimé que la péniche du grand-père s'appelle A la Grâce de Dieu, que celle du père soit nommé La Colère de Dieu, et que la maison du fils auraient dû se nommer A l'aplomb de Dieu.

J'ai aimé Vitalie, la grand-mère, dont les larmes blanches ont un goût de coing et de vanille.

J'ai aimé les étoiles dans les yeux du fils, une pour chaque enfant qu'il aura.

Mais quand il fait alliance avec un loup, j'ai trouvé l'homme reclus moins intéressant.

J'ai aimé le vocabulaire si particulier du récit : les re-tirer / -affleurer / -découvrir. Mon préféré étant déjeter, très présent dans le texte.

Un premier roman, qui date de 1985, de nombreuses fois primés, et qui offre une plongée dans les nuits du début du XXe siècle.

Une citation :

Après avoir été un batelier rejeté par les fleuves, il n'était plus à présent qu'un paysan rejeté par la terre, un amant et un père rejeté par l'amour, – un vivant rejeté par la vie sans cependant être accueilli par la mort. Il était de nulle part. C'ets pourquoi il n'avait nulle ha^te des e relever de ce seuil où il dormait assis. (p.223)

L'image que je retiendrai :

Celle de la fille Margot, la Maumariée, aux treize jupons blancs, chacun correspondant aux treize années qui lui reste à vivre sa journée de mariage éternellement.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-l..
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Retour de lecture sur "Le Livre des Nuits", un premier roman de Sylvie Germain, que je ne connaissais que vaguement de nom, publié en 1985. Pour la petite histoire, Sylvie Germain est l'auteure qui a créé une polémique lors du bac 2022, suite aux nombreuses réactions hostiles après qu'un extrait d'une autre de ses oeuvres, jugé trop difficile, ait été proposé en commentaire de texte aux épreuves de français. Cette polémique, comme elle l'a elle-même qualifiée, était juste absurde et affligeante, mais elle n'avait pas à se défendre, son écriture parle pour elle, celle-ci est juste exceptionnelle, très poétique et d'une très grande beauté. Pour revenir à ce livre, il démarre avec l'histoire d'un batelier, Honoré-Firmin Peniel, marié, ayant un fils et une fille, qui rentre de la guerre de 1870 complément défiguré par un coup de sabre. Sur un coup de folie il viole sa fille, et de cette union naîtra un fils:  Victor-Flandrin qui sera le personnage central de ce roman. Il ne connaîtra jamais sa mère qui mourra en le mettant au monde. Alors qu'une nouvelle guerre se prépare, le père, traumatisé par sa propre expérience, coupera deux doigts à son fils pour l'empêcher d'être mobilisé. Après le suicide de son père, Victor-Flandrin prendra la route pour s'installer au hasard, dans les terre, où il développera sa ferme, aura quatres femmes et de chacune d'elles des jumeaux qui auront des fortunes diverses. On suivra au cours de cette histoire cette famille Peniel, qui traversera trois grandes guerres et une succession de malheurs qui en découleront souvent. Comme déjà évoqué plus haut, ce qui frappe en premier, est la qualité de l'écriture, qui est une véritable merveille, envoûtante, quelquefois lyrique et très poétique. Ce roman est à la fois un roman historique puisqu'il traite de ces trois guerres qui se sont succédé, mais également un conte fantastique, on navigue continuellement entre le réel et le fantastique. L'histoire du livre, liée à la grande histoire qui n'est qu'un éternel recommencement, tourne forcément un peu à la répétition. Cela est notamment le cas avec l'enchaînement des mariages et surtout des naissances qui sont au nombre de quinze, rien que pour Victor-Flandrin, mais chaque fois qu'on commence à se lasser et qu'on se demande où l'auteure veut en venir, le livre bascule dans des épisodes magnifiques, très émouvants et très prenants. Les passages relatant la traversée des deux guerres mondiales sont particulièrement lyriques et poignants. C'est un livre très noir tout en étant incroyablement poétique. Sylvain Germain nous raconte cette succession de guerre à travers la saga de cette famille qui connaîtra un enchaînement de malheurs sans fin mais qui à chaque fois se relèvera tant  bien que mal. C'est un conte cruel dans lequel la beauté de la langue contraste avec l'horreur du vécu. Une écriture qui, à travers sa poésie, nous rappelle que malgré tout, même au plus profond de la nuit, la vie est plus forte que tout, qu'il y a toujours de l'espoir. Pour finir, c'est un livre bouleversant et émouvant, qui vous hantera longtemps. Un livre à lire absolument pour découvrir cette écriture magnifique et l'univers, entre récit historique et conte fantastique, de cette auteure incontournable.

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"Sa mémoire était longue et profonde, – il n'était pas un seul de ces milliers de jours qui bâtissaient sa vie dont il ne gardât un souvenir aigu. Nombre de ces jours lui avaient été souffrance et deuils, mais Ruth jetait une clarté si vive, une joie si forte, sur le présent que tout le passé en était rédimé. Loin même de lui faire oublier celles qu'il avait aimé autrefois, la présence de Ruth clarifiait leurs visages pour les fixer, non en portraits, mais en paysages illimités."
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Pff... Comment résumer ce livre superbement écrit? Il a reçu le prix du livre insolite... et ça lui va comme un gant. Il s'agit d'un mélange entre roman historique et conte fantastique.

Les héros, de générations en générations, traversent les tragédies de l'histoire et se font happer par elles. On passe ainsi de la guerre franco-allemande de 1970 à celle de 1914 puis celle de 1940. La violence de l'homme est décrite par des images symboliques parfois difficiles à comprendre mais dont les impressions restent là ancrée dans l'esprit du lecteur.

En fermant le livre, je me suis sentie envahie par le fatalisme. J'ai eu un véritable besoin de me changer les idées pour chasser toute la noirceur des images qui me trainaient en tête. Mais malgré ça, je considère ce livre comme un véritable chef d'oeuvre.
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