Si j'ai acheté ce livre c'est, comme beaucoup de monde, pour mieux comprendre la guerre au Liban. Raté. Mais je m'en fous, et vous verrez que vous aussi.
Sabyl raconte l'histoire de ses parents. Principalement à Paris, mais le Liban est toujours là en arrière plan. Ce pays, même s'il le fuit la plupart du temps, tel un déraciné, tout l'y ramène, et il y a vécu quelques années au milieu de ses proches.
A Paris depuis 1975, ses parents vivent la guerre de loin. Sa mère passe néanmoins des heures au téléphone avec sa famille, dès qu'elle arrive à les joindre. Et elle écrit et reçoit de nombreuses lettres qui racontent cette guerre. Ces lettres s'adressent à "ma chère soeur", "mon cher frère" et relatent souvent la peur et le mal du pays. Et l'envie d'être ensemble, en famille, c'est le plus important. Parmi eux, qui est phalangiste ? Qui est pro-palestinien ou syrien ? On s'y mélange au fil des pages, et les protagonistes semblent aussi parfois se mélanger et changer de camps. Entre eux, ils se font la guerre mais finissent par faire la paix et même ouvrir des librairies ensemble.
Dans ce livre l'art est partout : dans l'écriture de l'auteur, dans les poèmes de son père, dans la galerie de peintures de sa mère, dans la vie de l'oncle Habib et les musées qu'aime son amie Alma.
Finalement,
Sabyl Ghoussoub nous raconte ce qu'est d'être libanais à Paris en 2021, sans vraiment pouvoir comprendre la guerre. Il nous raconte sa façon à lui d'être libanais, mais aussi celle d'Alma et surtout celle de ses parents, qui sont les véritables héros de ce roman. Bien établis en France sans vraiment se sentir français, nostalgiques du Liban sans jamais envisager sérieusement d'y retourner. Ce livre est une déclaration d'amour pour ces parents, admirablement émouvante.
Vous verrez, on s'en fout de comprendre la guerre au Liban. L'important est dans le livre, et dans les larmes que j'ai eues au coin des yeux.