L'ouvrage de
Sabyl Ghoussoub raconte l'histoire de l'exil de ses parents Kaïssa et Hanane débarqué à Paris peu après le déclenchement de la guerre civile libanaise en 1975. On sent se désir d'écrire la guerre, de la comprendre mais aussi, et surtout, l'histoire de ses parents alors que la guerre fait des ravages dans leur pays si loin de chez eux désormais.
Les chapitres sont courts, l'ordre des évènements n'est pas linéaire, les allers retours sont constants. L'auteur nous donne l'impression de ne pas avoir de trame préétablie si bien qu'on a la sensation de le suivre dans sa quête, celle d'écrire l'histoire de ses parents tout en se laissant bercer par les évènements qu'il raconte.
Sabyl Ghoussoub cherche, au fil de son écriture, à comprendre la complexité de la question libanaise. Celle-ci peut se voir à travers le groupe Whatsapp que les divers membres de la famille (élargie) entretiennent. Ce groupe est tout simplement intitulé « Liban ». Chacun ayant un avis sur ce qu'il s'y passe. Ce qui, souvent, le laisse un peu perplexe.
Le père de l'auteur est un poète, dramaturge, metteur en scène, journaliste et « voleur de livres » chez Gibert Jeune, comme il nous le présente. Kaïssar, son père donc, intègre, comme doctorant, la Sorbonne en tant que professeur de langue arabe en 1976. Rapidement, il est critiqué pour les insultes qu'il profère envers Dieu, face à ses étudiants. À Paris, il profite de l'offre culturelle tandis que sa mère, Hanane, est en proie à la nostalgie, celle d'avoir vécue en exil si longtemps, loin de son Liban et des siens, d'avoir « seulement regardé la guerre ». Sa déception est grande face à la saleté qu'elle découvre à Paris.
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les autres membres de la famille. Sa soeur Yala est instagrameuse et passionnée de surf. Son oncle Élias, pour son implication dans certains actes terroristes, est le sujet tabou. Celui que sa mère refuse d'évoquer. Enfin, l'oncle Amine, le petit frère du père qui s'est suicidé. C'est ce qui constitue l'événement dramatique de la famille.
On sent une évolution au cours de la narration. Comme si, parce que l'auteur connait mieux ses parents, il les accepte. Tout en comprenant leur parcours dans les tumultes d'une histoire libanaise hautement complexe qu'il parcours avec sa compagne, elle aussi Libanaise, Alma, il en vient même à les admirer : « Je l'admire, mon père. Un jour, je deviendrai muet comme lui ».
Dans le fond, et c'est ce qu'il annonce vers la fin. il écrit pour rendre hommage à son père et à sa mère. Car écrire sur le Liban pour lui, c'est raconter l'histoire de ses parents.