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Citations sur Tigres de Guerre (13)

Un soleil menaçant pesait sur le ciel d’orient, rougi par un tourbillon de poussière venu du désert. Arrivé au sommet de la colline, l’homme rajusta l’armure sur ses épaules et rejeta la lourde épée derrière son dos. À ses pieds, le rivage tapissé de galets bordait une vaste étendue d’eau qui semblait s’étirer à l’infini. L’eau avait un goût bien peu salé. Ainsi, ils n’avaient pas atteint l’océan et l’horizon devant eux n’était pas le bout du monde. Les yeux plissés, l’homme fixa l’espace où le lac allait rétrécissant jusqu’à d’imposantes montagnes aux cimes enneigées, le col qui conduisait de l’autre côté, sous le soleil levant. Bien que le marchand lui eût décrit tout cela, il était pétri de doutes. Étaient-ils déjà morts? Avaient-ils franchi le Styx? Cette contrée était-elle l’Élysée? Pour la première fois, il éprouva une pointe d’angoisse. Les morts savaient-ils qu’ils étaient passés de l’autre côté? — Licinius ! appela une voix d’en bas. Ramène-toi par ici.
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Licinius serra fermement la main de Fabius, de toutes ses forces ; c’était le lien qui les unissait depuis que, jeunes recrues, ils avaient fait des bras de fer ensemble. Ils relâchèrent la pression et s’embrassèrent, avant de se repousser brutalement. Déjà vieux, ils jouaient encore comme des enfants. Licinius saisit le sac qu’il avait volé au marchand et montra du doigt celui que Fabius portait à son ceinturon. — Avant de partir, puisque ce n’est plus la peine de faire des promesses au marchand, on pourrait peut-être regarder ce qu’il y a là-dedans, proposa-t-il. Fabius se leva d’un bond et serra son ceinturon pour réduire le poids de la cotte de mailles sur ses hanches. — On aura tout le temps de le faire plus tard, répondit-il.
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Au fil de tes lectures sur les Romains, demanda-t-elle, es-tu déjà tombé sur l'histoire des légionnaires perdus de Crassus ?
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Il savoura cet instant, la pièce d'or dans la main, les yeux rivés sur le tapis scintillant qui précédait la rangée d'amphores. Il avait beau être archéologue et non chasseur de trésors, s'il avait parcouru le monde, c'était aussi dans l'espoir de faire une découverte comme celle-ci. De l'or... un bon vieux trésor, celui d'un empereur romain.
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Licinius se massa le cuir chevelu. Celui-ci était rêche, dur comme toute la surface de son corps, tel le marbre brut qu’il caressait jadis dans son atelier, à Rome. Il passa le doigt sur les zébrures qu’il avait autour des poignets. Elles étaient aussi épaisses qu’une peau d’éléphant. Trente-quatre ans de chaînes... C’étaient des survivants, mais il avait l’impression qu’ils n’étaient que des morts vivants, de pauvres hères dont l’âme s’était envolée ce jour-là, sur le champ de bataille brûlant de Carrhae. — Tu penses à la bataille ? demanda Fabius à voix basse.
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Mais ce n’était pas le pire. Le pire avait été de perdre l’aigle, arraché de son mât et emporté par l’ennemi. Depuis, les vivants comme les morts n’étaient que des fantômes. — Le marchand t’a donné des nouvelles de Rome ? s’enquit Fabius. Tu es le seul à parler grec et il m’a semblé reconnaître les sonorités de cette langue lorsqu’il nous suppliait. — Il est allé très souvent à Barygaza, un port de la mer Érythrée où des marchands viennent depuis l’Égypte, répondit Licinius. C’est là que la caravane sogdienne se dirigeait et qu’il a appris le grec.
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D’après le marchand, les guerres sont finies depuis longtemps. Rome connaît une nouvelle période de paix. Licinius posa la main sur l’épaule de Fabius. — Selon lui, continua-t-il, elle est désormais dirigée par un empereur. — Un empereur ? répéta Fabius en le fixant d’un regard étincelant. Jules César ! Le vrai général ! Le seul ! Ça ne peut être que lui. Licinius secoua la tête. — César n’est plus depuis longtemps, souffla-t-il. Toi et moi, nous le savons au fond de notre cœur. Et s’il était devenu empereur, il serait venu nous chercher. Non, c’est quelqu’un d’autre. Rome a changé. Fabius sembla abattu.
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Tu te souviens de Quintus Varius, que les Parthes avaient nommé contremaître du secteur sud de la forteresse ? l’interrogea-t-il. C’était le premier centurion de la troisième cohorte. Il avait été maçon dans la baie de Naples avant de rejoindre l’armée, et le béton n’avait pas de secret pour lui. Il a réussi à persuader le vizir parthe que la poussière qui nous a étouffés pendant toutes ces années était l’ingrédient de base du ciment, comme la poussière volcanique de Naples. Bien sûr, c’était complètement faux. Varius a été exécuté il y a des années pour un détail insignifiant, mais nous avons toujours fait notre mortier avec cette poussière. Les murs que nous avons passé trente-quatre ans à bâtir ne dureront pas dix ans de plus. Tu verras ! Ils tomberont en poussière. Voilà ce qu’est un citoyen-soldat ! Un soldat qui exploite au mieux son savoir-faire de civil.
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Impossible ! objecta Fabius avec colère. Il t’a raconté des fables. Il savait qui nous étions. Il savait que nous avions pillé le trésor parthe. Il avait dû entendre parler de nous sur la route des caravanes. Il a voulu nous amadouer et il a cru que cette histoire d’empereur nous ferait plaisir. Eh bien, il s’est trompé. On aurait dû le massacrer avec les autres ! — Si nous l’avions fait, nous ne serions jamais arrivés jusqu’ici. Il nous a guidés tout au long du canyon. — Nous serions morts au combat. Avec honneur. — Si les aigles sont rentrés, nous pouvons rentrer nous aussi, avec honneur. Fabius réfléchit. — Les aigles représentent le triomphe de cet empereur, pas le nôtre, jugea-t-il. Nous serions une source d’embarras.
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Mon fils est peut-être encore en vie, envisagea Licinius. — Ton fils est probablement dans l’Élysée à l’heure qu’il est. Il est peut-être devenu citoyen-soldat, lui aussi. Il a peut-être combattu et péri avec honneur. Penses-y. Un cri étouffé se fit entendre derrière la colline. Comme Fabius saisissait la poignée de son épée, Licinius arrêta son geste. — Ce n’est que le marchand, dit-il. Je l’ai enchaîné. — Je croyais que tu étais venu ici pour le tuer, s’étonna Fabius. — Je voulais être sûr qu’il m’avait dit la vérité, que le bateau n’était pas une vieille épave. — Redis-moi ce qu’il a dit. Il faut qu’on parte, maintenant. Le jour s’est levé.
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