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Citations sur Les nourritures terrestres - Les nouvelles nourritures (306)

Parfois je me disais que la volupté viendrait à bout de ma peine, et je cherchais dans l'épuisement de la chair une libération de l'esprit.
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Ce n'est pas seulement le monde qu'il s'agit de changer ; mais l'homme. D'où surgira-t-il, cet homme neuf ? Non du dehors. Camarade, sache le découvrir en toi-même, et, comme du minerai l'on extrait un pur métal sans scories, exige-le de toi, cet homme attendu. Obtiens-le de toi. Ose devenir qui tu es. Ne te tiens pas quitte à bon compte. Il y a d'admirables possibilités dans chaque être. Persuade-toi de ta force et de ta jeunesse. Sache te redire sans cesse : "Il ne tient qu'à moi."
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L'infinie variété des paysages nous démontrait sans cesse que nous n'avions pas encore connu toutes les formes de bonheur, de méditation ou de tristesse qu'elles pouvaient envelopper.
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je sors dès le matin ; je me promène ; je ne regarde rien et vois tout ; une symphonie merveilleuse se forme et s'organise en moi des sensations inécoutées.
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dès ce jour, chaque instant de la vie prit pour moi la saveur de la nouveauté d'un don absolument ineffable. Ainsi je vécus dans une presque perpétuelle stupéfaction passionnée. J'arrivais très vite à l'ivresse et me plaisait à marcher dans une sorte d'étourdissement.
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Nathanaël, je te parlerai des attentes. J'ai vu la plaine, pendant l'été, attendre ; attendre un peu de pluie. La poussière des routes était devenue trop légère et chaque souffle la soulevait. Ce n'était même plus un désir ; c'était une appréhension. La terre se gerçait de sécheresse comme pour plus d'accueil de l'eau. Les parfums des fleurs de la lande devenaient presque intolérables. Sous le soleil tout se pâmait. Nous allions chaque après-midi nous reposer sous la terrasse, abrités un peu de l'extraordinaire éclat du jour. C'était le temps où les arbres à cônes, chargés de pollen, agitent aisément leurs branches pour répandre au loin leur fécondation. Le ciel était chargé d'orage et toute la nature attendait. L'instant était d'une solennité trop oppressante, car tous les oiseaux s'étaient tus. Il monta de la terre un souffle si brûlant que l'on sentit tout défaillir ; le pollen des conifères sortit comme une fumée d'or des branches. - Puis il plut.
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tant il semblait que cette torpeur vint de la complexité même de mes pensées, et de mes volontés indécises. J'eusse voulu dormir, infiniment, dans l'humidité de la terre et comme une végétation. Parfois je me disais que la volupté viendrait à bout de ma peine, et je cherchais dans l'épuisement de la chair une libération de l'esprit. Puis de nouveau je dormais de longues heures, ainsi que les petits enfants que l'on couche au milieu du jour, assoupis de chaleur, dans la maison vivante.
Puis je me réveillais de très loin, en sueur, le cœur battant la tête somnolente. La lumière qui s'infiltrait d'en bas, entre les fentes des volets clos, et renvoyait au plafond blanc les reflets verts de la pelouse, cette clarté du soir m'était la seule chose délicieuse, pareille à la clarté qui paraît douce et charmante, venue entre les feuilles et les eaux, et qui tremble, au seuil des après qu'on a longtemps senti vous envelopper leurs ténèbres.
Les bruits de la maison arrivaient vaguement. Je renaissais lentement à la vie. Je me lavais avec de l'eau tiède et j'allais plein d'ennui vers la plaine, jusqu'au banc du jardin où j'attendais venir le soir sans rien faire. Pour parler, pour écouter, pour écrire, j'étais perpétuellement fatigué.
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RONDE DE LA GRENADE (Extraits)


Certes, délicieuse est la brume, au soleil levant sur les plaines
Et délicieux le soleil ;
Délicieuse à nos pieds nus la terre humide
Et le sable mouillé par la mer ;
Délicieuse à nous baigner fut l’eau des sources,
A baiser les inconnues lèvres que mes lèvres touchèrent dans l’ombre…
Mais des fruits – des fruits – Nathanaël, que dirai-je ?
Oh ! Que tu ne les aies pas connus,
Nathanaël, c’est bien là ce qui me désespère.
Leur pulpe était délicate et juteuse,
Savoureuse comme la chair qui saigne,
Rouge comme le sang qui sort d’une blessure.
Ceux-ci ne réclamaient, Nathanaël, aucune soif particulière ;
On les servait dans des corbeilles d’or ;
Leur goût écœurait tout d’abord, étant d’une fadeur incomparable ;
Il n’évoquait celui d’aucun fruit de nos terres ;
Il rappelait le goût des goyaves trop mûres,
Et la chair en semblait passée ;
Elle laissait, après, l’âpreté dans la bouche ;
On ne la guérissait qu’en remangeant un fruit nouveau ;
A peine bientôt si seulement durait leur jouissance
L’instant d’en savourer le suc ;
Et cet instant en paraissait tant plus aimable
Que la fadeur après devenait plus nauséabonde.
La corbeille fut vite vidée
Et le dernier nous le laissâmes
Plutôt que de le partager.
Hélas ! Après, Nathanaël, qui dira de nos lèvres
Quelle fut l’amère brûlure ?
Aucune eau ne put les laver.
Le désir de ces fruits nous tourmenta jusque dans l’âme.
Trois jours durant, dans les marchés, nous les cherchâmes ;
La saison était finie.
Où sont, Nathanaël, dans nos voyages
De nouveaux fruits pour nous donner d’autres désirs ?



Il y en a que nous mangeons sur des terrasses,
Devant la mer et devant le soleil couchant.
Il y en a que l’on confit dans de la glace
Sucrée avec un peu de liqueur dedans.

Il y en a que l’on cueille sur les arbres
De jardins réservés enclos de murs,
Et que l’on mange à l’ombre dans la saison estivale.
On disposera de petites tables ;
Les fruits tomberont tout autour de nous
Dès qu’on agitera les branches
Où les mouches engourdies se réveilleront.
Les fruits tombés, on les recueillera dans des jattes
Et leur parfum déjà suffirait à nous charmer.


Il y en a dont l’écorce tache les lèvres et que l’on ne mange que lorsqu’on a très soif.
Nous les avons trouvés le long des routes sablonneuses ;
Ils brillaient à travers le feuillage épineux
Qui déchira nos mains quand nous voulûmes les prendre ;
Et notre soif n’en fut pas beaucoup étanchée.

Il y en a dont on ferait des confitures
Rien qu’à les laisser cuire au soleil.
Il y en a dont la chair malgré l’hiver demeure sure ;
De les avoir mordus les dents sont agacées.
Il y en a dont la chair paraît toujours froide, même l’été.
On les mange accroupis sur des nattes,
Au fond de petits cabarets.

Il y en a dont le souvenir vaut une soif
Dès qu’on ne peut plus les trouver.



Nathanaël, te parlerai-je des grenades ?
On les vendait pour quelques sous, à cette foire orientale,
Sur des claies de roseaux où elles s’étaient éboulées.
On en voyait qui roulaient dans la poussière
Et que des enfants nus ramassaient.
Leur jus est aigrelet comme celui des framboises pas mûres.
Leur fleur semble faite de cire ;
Elle est de la couleur du fruit.

Trésor gardé, cloisons de ruches,
Abondance de la saveur,
Architecture pentagonale.
L’écorce se fend, les grains tombent,
Grains de sang dans des coupes d’azur ;
Et d’autres, gouttes d’or, dans des plats de bronze émaillé.


(Les nourritures terrestres – 1897)
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L'infinie variété des paysages nous démontrait sans cesse que nous n'avions pas encore connu toutes les formes du bonheur, de méditation ou de tristesse qu'ils pouvaient envelopper. Je sais que, certains jours d'enfance, lorsque j'étais encore parfois triste, dans les landes de la Bretagne, ma tristesse parfois s'est soudain échappée de moi, tant elle se sentait comprise et reçue en le paysage - et qu'ainsi, devant moi, je la pouvais délicieusement regarder.
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Tout ce que j'ai rencontré de rire sur les lèvres, j'ai voulu l'embrasser ; de sang sur les joues, de larmes dans les yeux, j'ai voulu le boire ; mordre à la pulpe de tous les fruits que vers moi penchèrent des branches. À chaque auberge me saluait une faim ; devant chaque source m'attendait une soif, et j'aurais voulu d'autres mots pour marquer mes autres désirs ; de marche, où s'ouvrait une route ; de repos, où l'ombre invitait ; de nage, au bord des eaux profondes ; d'amour ou de sommeil au bord de chaque lit.
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