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Citations sur Les nourritures terrestres - Les nouvelles nourritures (306)

Je veux bien que l'existence une fois admise, celle de la terre et des hommes et de moi paraisse naturelle, mais ce qui confond mon intelligence, c'est la stupeur de m'en apercevoir.

p40 - Edition Folio
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Et tu seras pareil, Nathanel, à qui suivrait pour se guider une lumière que lui-même tiendrait en sa main

P20 - Folio Edition
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Commandements de Dieu, vous avez endolori mon âme.
Commandements de Dieu, serez-vous dix ou vingt ?
Jusqu’où rétrécirez-vous vos limites ?
Enseignerez-vous qu’il y a toujours plus de choses défendues ?
— De nouveaux châtiments promis à la soif de tout ce que j’aurai trouvé beau sur la terre ?
Commandements de Dieu, vous avez rendu malade mon âme.
Vous avez entouré de murs les seules eaux pour me désaltérer.
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Ce que l’on appelle : se recueillir, m’est une contrainte impossible ; je ne comprends plus le mot : solitude ; être seul en moi, c’est n’être plus personne ; je suis peuplé !
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Non point la sympathie, Nathanaël, — l’amour.

Pour bien des choses délicieuses, Nathanaël, je me suis usé d’amour. Leur splendeur venait de ceci que j’ardais sans cesse pour elles. Je ne pouvais pas me lasser. Toute ferveur m’était une usure d’amour, — une usure délicieuse.

Hérétique entre les hérétiques, toujours m’attirèrent les opinions écartées, les extrêmes écarts des pensées, les divergences. Chaque esprit ne m’intéressait que par ce qui le faisait différer des autres. — J’en arrivai à bannir de moi la sympathie, n’y voyant plus que la reconnaissance d’une émotion commune. — Non point la sympathie, Nathanaël, — l’amour.

Il faut agir sans juger si l’action est bonne ou mauvaise. Aimer sans s’inquiéter si c’est le bien ou le mal.

Nathanaël je t’enseignerai la ferveur.

Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquillité. Je ne souhaite pas d’autre repos que celui du sommeil de la mort. J’ai peur que tout désir, toute puissance que je n’aurai pas satisfaits durant ma vie, pour leur survie ne me tourmentent. J’espère après avoir exprimé sur cette terre tout ce qui attendait en moi, — satisfait, — mourir complètement désespéré.

Non point la sympathie, Nathanaël, l’amour. Tu comprends n’est-ce pas, que ce n’est pas la même chose. C’est par peur d’une perte d’amour que parfois j’ai su sympathiser avec des tristesses, des ennuis, des douleurs que si non je n’aurais qu’à peine endurés. — Laisse à chacun le soin de sa vie
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Il y a d'étranges possibilités dans chaque homme. Le présent serait plein de tous les avenirs, si le passé n'y projetait déjà une histoire. Mais, hélas ! un unique passé propose un unique avenir - le projette devant nous, comme un point infini sur l'espace.
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ENVOI

Nathanaël, à présent jette mon livre. Émancipe-t’en. Quitte-moi. Quitte-moi ; maintenant tu m’importunes ; tu me retiens ; l’amour que je me suis surfait pour toi m’occupe trop. Je suis las de feindre d’éduquer quelqu’un d’autre. Quand ai-je dit que je te voulais pareil à moi ? — C’est parce que tu diffères de moi que je t’aime ; je n’aime en toi que ce qui diffère de moi. Éduquer ! — Qui donc éduquerais-je, que moi-même ? Nathanaël, te le dirai-je ? je me suis interminablement éduqué. Je continue. Je ne m’estime jamais que dans ce que je pourrais faire.

Nathanaël, jette mon livre ; ne t’y satisfais point. Ne crois pas que ta vérité puisse être trouvée par quelque autre ; plus que de tout, aie honte de cela. Si je cherchais tes aliments, tu n’aurais pas de faim pour les manger ; si je te préparais ton lit, tu n’aurais pas sommeil pour y dormir.

Jette mon livre ; dis-toi bien que ce n’est là qu’une des mille postures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu’un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, — aussi bien écrit que toi, ne l’écris pas. Ne t’attache en toi qu’à ce que tu ne sens qu’en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres.
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Elle tourna les yeux vers les naissantes étoiles : « Je connais tous leurs noms, dit-elle ; chacune en a plusieurs ; elles ont des vertus différentes. Leur marche, qui nous paraît calme, est rapide et les rend brûlantes. Leur inquiète ardeur est cause de la violence de leur course, et leur splendeur en est l’effet. Une intime volonté les pousse et les dirige ; un zèle exquis les brûle et les consume ; c’est pour cela qu’elles sont radieuses et belles.

Elles se tiennent l’une à l’autre toutes attachées, par des liens qui sont des vertus et des forces, de sorte que l’une dépend de l’autre et que l’autre dépend de toutes. La route de chacune est tracée et chacune trouve sa route. Elle ne saurait en changer sans en distraire chacune autre, chacune étant de chaque autre occupée. Et chacune choisit sa route selon qu’elle devait la suivre ; ce qu’elle doit, il faut qu’elle le veuille, et cette route, qui nous paraît fatale, est à chacune la route préférée, chacune étant de volonté parfaite. Un amour ébloui les guide ; leur choix fixe des lois, et nous dépendons d’elles ; nous ne pouvons pas nous sauver. »
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Nos actes s’attachent à nous comme sa lueur au phosphore : ils font notre splendeur, il est vrai, mais ce n’est que d’après notre usure.
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Il y en a qui prouvent Dieu par l’amour que l’on sent pour lui. — Voilà pourquoi, Nathanaël, pour moi j’ai nommé Dieu tout ce que j’aime, et que j’ai voulu tout aimer. — Ne crains pas que je t’énumère…… d’ailleurs je ne commencerais pas par loi ; j’ai préféré bien des choses aux hommes et ce ne sont pas eux que j’ai surtout aimés sur la terre… Car ne t’y méprends pas, Nathanaël, ce que j’ai de plus fort en moi, ce n’est certes pas la bonté, — ni je crois non plus de meilleur — et ce n’est pas non plus la bonté que j’estime surtout chez les hommes. Nathanaël, préfère-leur ton Dieu… Moi aussi j’ai su louer Dieu, j’ai chanté pour Lui des cantiques, — et je crois même ce faisant l’avoir parfois un peu surfait.
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