Silver, tome 3

- Pour ne pas mourir d’ennui, j’ai même commencé à lire un bouquin. Moi ! Et je l’ai même relu ! Quand ma mère a appris ça, elle a compris que c’était grave.

- Tout va bien ? me demanda-t-il, le visage encore plus pâle qu'avant. On aurait dit que tu allais... que tu allais te dissoudre.
- Oui, je l'ai bien cru aussi, répondis-je, toujours à la recherche de mon souffle et m'étonnant aussi de ne pas tousser. Peut-être que la mort n'est pas si grave. Peut-être ne fait-on vraiment que nager vers un autre monde où tout est paisible, clair et bon.
Henry me saisit par les épaules.
-Ne dis pas ça avec autant de nostalgie, Liv. ça me fait peur, avoua-t-il en m'attirant sur sa poitrine. J'ai tant besoin de toi, murmura-t-il dans mes cheveux.

L'objet qu'elle présenta sur le seuil lui allait si peu que je le fixai au moins cinq secondes avant de conclure que je n'avais pas la berlue. Persephone se trouvait vraiment là... avec un fusil à la main. Un fusil sacrément grand et d'apparence diablement authentique.

Et elle me donna l'impression de savoir manier ce flingue quand je la vis le lever et pointer le canon vers nous. Je mis quelques secondes à ressentir moi aussi cette peur qui avait figer tout ceux qui se trouvaient là.

Quand j'ouvris le livre au hasard, quelque chose se détacha de mes cheveux, plana doucement et se posa sur les pages.

C'était une plume noire et brillante.

Grayson ne répondit pas mais il leva les yeux au plafond.

- Vous avez entendu ? On dirait un ventilateur. Mon ventilateur.

Nous fixâmes le plafond à notre tour. Au-dessus de nos têtes pendait une lampe revêtue d'un tissu à motifs colorés. Et on n'entendait rien non plus.

- C'est tout de même... dit Grayson.

Puis il disparut subitement.

-Jusqu'à l'heure de sa mort, nul ne sait combien de temps il vivra, croassa le perroquet.

- Bien essayé, dit-il, anéantissant mon dernier espoir.

Je ne lui demandais même pas comment il avait fait pour surgir près de moi de nulle part. Comme je ne faisais pas mine de me lever, il s'assit à côté de moi.

- Bonjour, chuchotai-je.

- Bonjour.

Difficile de lire sur son visage - même s'il souriait, il n'avait pas l'air du tout amusé. Ses yeux gris m'examinèrent de la tête aux pieds.

(...)

Henry soupira.

- Voudrais-tu, s'il-te-plaît, m'expliquer ce que ça signifie ?

Je le regardai d'un air malheureux. Comme si c'était si simple !

- Et... Henry ?

- Hmm ?

Me trompais-je ou son sourire était-il encore légèrement tremblant ?

-Merci de t'être placé devant moi, dis-je. C'était vraiment très.. chevaleresque de ta part. Et sacrément inconscient.

-Ouais.. répondit Henry avec un grand sourire. Ça a été plus fort que moi. Simple question d'instinct.

Oh, mon Dieu, oui ! La main mordue commençait à enfler à vue d'oeil.

(...)

-On dirait que le démon a tout de même trouvé sa victime, murmura-t-il.

Oui, ça en avait tout l'air.

- Salouroise! cria Grayson.

Une question tout au fait rhétorique qui n’attendait pas de réponse; cela dit, un non franc ou un projectile bien visé en direction de sa tête aurait peut être pu empêcher la catastrophe qui suivit. Mais pour cela, nous étions tous trop sonnés.