Journey Into Mystery 3: The Terrorism Myth

Ce tome contient les épisodes 632 à 636, parus en 2011/2112. Il fait suite à Fear Itself fallout (épisodes 626.1 et 627 à 631) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Tous les scénarios sont de Kieron Gillen.

Épisode 632 (illustrations de Mitch Breitweiser) - C'est Noël sur terre et Volstagg a un rôle tout trouvé à jouer pour les enfants de Broxton. Hela, elle-même, apporte un cadeau pour Loki qu'elle remet à Leah, la servante qu'elle a affectée auprès de lui : 7 chiots au caractère bien trempé. Charge à Loki de trouver qu'en faire.

Épisodes 633 à 636 (illustrations de Richard Ellson) - Chacun des épisodes s'ouvre sur une pleine page où un personnage effectue un résumé second degré de la situation. Pour l'épisode 633, Leah établit la liste de tout ce que Loki s'est promis de ne pas faire et qu'il n'a cependant pas pu empêcher comme de libérer Surtur, tuer Thor ou adopter un chien infernal (au propre comme au figuré). Sur Terre, les dieux nordiques reconstruisent Asgard, et Loki savoure un milkshake en compagnie de Leah, au café du coin, à Broxton. Ailleurs, dans un espace métaphysique, le concile des entités de la Peur prend conscience des conséquences de la défaite du dieu de la peur nordique dans Fear itself. 6 des entités sont présentes : Dweller, D'spayre, Lurking Unknown, Straw Man, Kkallakku et Nyx. Seul Nightmare (un des ennemis récurrents de Doctor Strange) manque à l'appel. Sur Terre, certains individus sont encore les proies de cauchemars terrifiants, comme s'ils étaient possédés. Heureusement pour les parents de ces enfants, Daimon Hellstrom (Son of Satan) a pris responsabilité de les exorciser. Il ne faut pas longtemps pour que cette mission l'amène à croiser le chemin de Loki.

Le premier plaisir dans un tome de "Journey into Mystery", ce sont les couvertures de Stéphanie Hans. À chaque fois, elle trouve l'équilibre parfait pour incorporer des éléments horrifiques, tout en leur donnant une apparence globale d'illustration de conte pour enfants. du coup chaque couverture possède une puissance d'évocation formidable que ce soit Loki apeuré devant une simple boîte en carton, Loki surpris par le trident d'Hellstrom, Loki assistant à l'arrivée de Thor dessiné à la manière d'Arthur Suydam pour les couvertures de Marvel Zombies, les joyeuses flammes dansant à l'extrémité du même trident, ou Loki ceignant le front de Nightmare d'une couronne. Elle combine le côté régalien de Loki avec sa jeunesse et l'horreur de ses ennemis, dans une ambiance de conte de fées.

Avec ce tome, Kieron Gillen confirme qu'il a trouvé le ton de la série et le bon équilibre pour cette incarnation de Loki, entre naïveté de l'enfance et rouerie propre à ses attributions divines. D'un coté le jeune Loki souhaite prouver sa valeur, sa capacité à désamorcer les conflits et à dénouer les situations épineuses. Les défis qu'il relève vont du trivial (trouver que faire de cette portée de chiots embarrassantes), au périlleux (comment neutraliser les rémanences de pouvoir laissées par le Dieu de la peur nordique, après "Fear itself". C'est un personnage plein d'entrain, sûr de sa capacité à trouver une issue heureuse à chacune de ses aventures. Gillen s'amuse à le mettre face à la matriarchie qui règne sur Asgard, jouant avec l'image maternelle, autoritaire pour le bien de cet enfant facétieux, et tentant de le remettre sur le droit chemin. L'épisode avec les chiots prouve que Gillen sait aussi bien rendre crédibles des idées saugrenues, qu'intégrer harmonieusement dans une même page la mythologie nordique, Mephisto et les New Mutants, tout en suscitant des sentiments simples sans être mièvres.

De l'autre coté, Loki reste le dieu de la malice et ses solutions impliquent toujours de jouer un tour à ses adversaires, avec des conséquences plus ou moins bien gérées. La lutte contre Nightmare permet également d'amalgamer tout naturellement l'après "Fear itslef", le concile des entités de la peur (apparu dans un épisode Doctor Strange de 1991, c'est-à-dire un recoin très éloigné de l'univers partagé Marvel), Daimon Hellstrom (un superhéros difficile à utiliser de manière plausible) et une stratégie périlleuse et intelligente pour sortir victorieux du conflit en minimisant les dommages collatéraux. Gillen se permet même d'intégrer une double page en forme de plateau de jeu pour rendre plus claire la stratégie de Loki, dans un moment postmoderne et simple.

Mitch Breitweiser utilise un style assez réaliste, avec un encrage un peu soutenu. Il rend très bien les textures et l'impression globale que donnent les personnages. Il évoque les décors soit avec précision (guirlandes, hall majestueux où se tient Heimdall), ou de manière assez lâche (grotte où séjourne Leah). La mise en couleurs de Bettie Breitweiser complète les illustrations grâce à des teintes un peu sombres qui évoquent tour à tour la lumière de Noël, ou la faible clarté des espaces naturels éloignés de la ville.

Richard Elson utilise un style plus classique, avec des contours de formes détourés par des traits fins, une approche plus descriptive, et moins dense en informations visuelles. Les décors disparaissent souvent et les metteurs en couleurs (Jessica Kholine pour 633 à 635, et Ifansyah Noor pour 636) ont fort à faire pour créer des fonds nimbés de couleurs qui ne prennent pas le pas sur les individus s'agitant en premier plan, sans être fades pour autant. le résultat réussit à être équilibré et à masquer les manques des dessins. Malgré tout, Elfson réussit à marier un premier degré visuel dans l'apparence de Nyx ou D'spayre, effectivement un peu terrifiant (pour des personnages de comics), avec un second degré décomplexé pour Dweller (un géant en armure avec une tête de poulpe) et Lurking Unknown (dont les gesticulations sont irrésistibles). Daimon Hellstrom a un peu trop des allures de personnage de manga exalté. Leah est parfaite dans son calme glacial et distancié. Et fort heureusement, la lecture des planches est simple et rapide.

Kieron Gillen a amélioré sa recette pour une version irrésistible de Loki, à la fois enthousiaste comme un jeune adolescent, et irrémédiablement roi de l'intrigue. Les illustrations de Mitch Breitweiser créent une ambiance très immersive, sans aucune condescendance pour les personnages. Les illustrations de Richard Elson sont d'une qualité inférieure, bien que présentant des bons cotés, et solidement épaulées par la mise en couleurs. Loki continue de faire le bien dans Exiled (épisodes 637 & 638, ainsi que numéro spécial "Exiled", et "New Mutants" 42 & 43).