Ce tome fait suite à
Wolverine : Les origines (qu'il vaut mieux avoir lu avant) de
Paul Jenkins et
Andy Kubert (2001/2002), avec une mise en couleurs de
Richard Isanove. Il contient les 5 épisodes de la minisérie "Origin II", initialement parus en 2014, écrits par
Kieron Gillen, dessinés et encrés par
Adam Kubert (le frère d'Andy) et mis en couleurs par Frank Martin.
Dans le grand Nord, au Canada en 1907, Logan vit avec une meute de loups, revêtu d'une simple peau de bête. Il chasse pour eux, mange avec eux, se tapit dans une tanière avec eux. Cette vie idyllique, dépourvue de tout contact avec les humains, prend fin quand un ours polaire vient chasser dans la région. Il porte un étrange marqueur technologique sur la truffe. Les circonstances vont mettre James
Howlett sur le chemin de Clara, Hugo, Nathaniel Essex, et un autre mutant bien connu, et même la première incarnation des maraudeurs.
La première minisérie "Origin" a rencontré un énorme succès car elle levait enfin le voile sur la naissance de Logan, et ses toutes premières années, répondant ainsi à de nombreuses questions (à commencer par l'inclination de Logan pour les rousses), et générant même une série mensuelle, scénarisée par
Daniel Way. Elle avait été conçue par
Bill Jemas (alors PDG de Marvel) et
Joe Quesada, charge à
Paul Jenkins de transformer un cahier des charges très détaillé en une véritable histoire. Elle avait bénéficié de dessins appliqués, et d'une mise en couleurs innovante, avec un effet papier gaufré.
En 2014, l'éditeur Marvel annonce la suite de cette minisérie dans l'indifférence générale.
Kieron Gillen cumule des succès d'estime, mais ne dispose pas d'une forte aura parmi le lectorat, et plus personne n'attend
Adam Kubert. le principal objectif assigné à Gillen est de ramener Logan à la civilisation des humains. le lecteur connaissant Wolverine identifie sans difficulté les clins d'oeil à la continuité, que ce soit la présence de Nathaniel Essex, d'un autre des plus grands ennemis récurrents de Wolverine, ou de son combat contre un ours (référence au début de Je suis Wolverine !).
Par rapport à la minisérie "Les origines", celle-ci bénéficie de 2 avantages. le premier est qu'elle a été conçue et écrite par un seul et même créateur. le processus artificiel de composition de la première laisse donc place à une écriture plus fluide. le deuxième avantage est que Gillen a moins d'éléments à caser que dans la première, moins de réponses à donner, puisque personne n'attendait cette suite.
De son côté
Adam Kubert sait qu'il sera comparé au travail de son frère Andy. Il a donc décidé d'adopter une approche graphique plus lâche, un peu plus esquissée, un peu plus immédiate. le premier épisode est assez agréable à découvrir, et Kubert n'a pas trop d'effort à fournir pour les arrières plans, tout l'épisode se déroulant dans une forêt sous la neige. Malheureusement, les 4 autres épisodes prouvent le peu d'intérêt qu'il porte aux décors, ce qui est fort dommageable dans la mesure où ce récit dispose d'un repère temporel très précis : 1907. le lecteur était en droit d'attendre un niveau de détails permettant une immersion, une reconstitution historique un peu soignée ; il n'en est rien.
Au fil des pages, le lecteur constate également que l'esthétique choisie par
Adam Kubert conduit à des visages peu avenants, des expressions figées, peu variées, sans nuance, et un langage corporel ne transcrivant pas les émotions. Il reste une mise en page vivante, variée, et un bon sens du mouvement. Frank Martin réalise une mise en couleurs présentant moins de panache que celle de
Richard Isanove, discrète. Elle complète les dessins avec élégance, sans jamais prendre le pas sur l'image.
Kieron Gillen ne déploie pas beaucoup d'efforts pour donner de l'épaisseur à ses personnages, qui restent à l'état de simples marionnettes s'agitant au gré de l'intrigue. Cette dernière n'est pas très épaisse. Les amateurs du personnage de Wolverine auront donc le plaisir de voir naître quelques liens historiques entre les personnages, le prélèvement originel de l'ADN de Logan par Nathaniel Essex par exemple. Les autres suivront cette histoire avec un manque d'implication due à la superficialité des personnages, tout en appréciant le rythme des péripéties. Il reste à voir si un autre scénariste souhaitera intégrer le personnage de Clara (qui n'est pas rousse) dans une future histoire, ou si Gillen écrira "Origines III", minisérie que Marvel finira bien par mettre en chantier.
"Origine II" présente une genèse moins mercantile que la minisérie originelle, et une unité narrative plus organique. le lecteur lit donc ces épisodes d'une traite et assez rapidement, sans s'ennuyer. Malheureusement,
Adam Kubert ne semble pas très impliqué dans la réalisation de ses planches, ses qualités professionnelles n'apparaissant que dans leur découpage, et dans la conception des séquences.
Kieron Gillen remplit ses obligations éditoriales en intégrant quelques révélations cruciales sur ce passage du parcours formateur de son personnage, mais sans réussir à lui donner de l'épaisseur, ou à faire partager ses émotions. Sans être désagréable, "Origines II" ne laisse pas de souvenir et n'enrichit pas la mythologie très étoffée de Wolverine.