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Lire du Giono et surtout l'apprécier n'est pas chose facile. Il faut aimer la terre, le vent, les arbres, l'odeur des foins, des marais, des bêtes. Il faut aimer les sentiers perdus, la solitude des grands plateaux, l'infernal silence du coeur des hommes. Il faut reconnaitre la voix du mistral, ses murmures ses cachoteries. Il faut savoir entendre avec son âme.
Ici, c'est toute l'humanité qui hurle sa joie de vivre dans la rudesse de la vie. Pas de tablettes, pas de parfums factices ni de modernité écrasante. Ici, l'homme reprend sa place, celle de l'animal respectueux de ce qui l'entoure, de l'humain, de la peine et de la simplicité. Giono, c'est la terre qui parle, c'est un chant de vérités oubliées...Le bon sens et la raison, tout ce qui n'existe plus...Un grand moment de plaisir pour moi...
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J'adore le Giono du Hussard sur le toit, celui des récits de la Demi-Brigade, celui qui raconte des histoires à personnages et à chevaux ; mais, j'aime encore plus le Giono de Manosque des Plateaux et du poème de l'olive.
Il n'y raconte pas des histoires, mais une histoire ; celle des humains sur la terre. Celle de la terre des humains.
C'est la langue de Giono, celle qui ne se lit pas simplement, mais celle qui s'entend, qui s'écoute, qui se voit, qui se regarde, qui se sent, qui se flaire, qui se mange.
Le Giono du chant du monde. Celui du silence assourdissant des vallées, des montagnes, des fleuves, des arbres et des animaux.
Le Giono qui abuse des adjectifs démonstratifs et les transforme en adjectifs possessifs. Il dit :
«Ce sel, ce pain, cette huile. Jamais assez de ce sel. Jamais assez de cette huile. Ma mère.»
Dans ce monde, on entend «le sourd travail de dessous terre, et le geste qui gratte, et la poitrine qui s'emplit d'odeur de terre, et le mufle qui fouille dans la boue des profondeurs.»
«Il a mâché des quignons de sa terre.»
Dans sa terre, «Un aigle roux descend des Alpes, mais l'air des plaines proches ne le porte plus ; il nage à grands coups d'aile et il crie comme un oiseau naufragé.» ; dans sa terre, «l'herbe sue» ; dans sa terre, « l'odeur du thym fume jusqu'à la lune ».
La plaine «descend rapiécée de labours entre les luzernières (...) les fermes sont éparpillées sur les roches et sur les limons»
Dans la plaine, «la Durance est comme une branche de figuier. (...) elle a cette odeur du figuier, l'odeur de lait amer et de verdure. (...) elle est devenu arbre elle-même.»
«Le plateau de Valensol ferme la plaine comme une barre de vieux bronze.»
Dans sa terre, «les arbres, les bêtes, les rochers, les herbes et les hommes sont pétris comme une pâte de pain.»

Là, vivent des hommes :

«Mais le soir... on se réunit sous le grand murier de la place.» «Parfois le conteur ne conte pas mais lit un livre. J'entends sa vois. j'entends son silence (...) et le silence de ceux-là en rond, là, et qui écoutent.»

«Le paysan des collines est un homme qui enjambe les insectes (...) il sait vingt langues (...) il a eu à parler à un merle (...) Il a salué des bouviers (...) il a expliqué toute une longue route à un essaim perdu (...) il s'est mis à rire et il m'a dit :
ça vient du coeur.»

Giono écrit ces lignes en 1930. Il partage sa vision d'un monde réel qui est en train de disparaitre. Qui a disparu aujourd'hui. Que sont devenus «les lézards épais comme le bras (...) les sauterelles aux ailes rouges (...) la caravane de fourmis (...) les serpents immobiles (...) les rossignols (qui) se répondaient (...) mélangés aux rainettes à ne plus savoir qui était l'un ou l'autre (....) où est passé Manosque «depuis qu'on a coupé les arbres ; la Poste, trois cafés, une usine. Il n'y a rien d'autre à apprendre aux enfants que les marques d'automobile.» ?
Les rues présentent un «visage fardé à l'usage des villes avec des cafés à grande glace, des restaurants, des bars (...) il y avait là, (...) une belle porte moyen âge.» Il y a maintenant «quelque chose qui y ressemble, mais ce n'est plus elle (...) La mienne avait comme coiffure une génoise de tuiles grises bien tirée sur les yeux des mâchicoulis ; celle-là arbore des créneaux de pierre neuves, insolites, insolents et faux.»
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Ah, quel conteur ce Giono...Il n'a pas son pareil pour faire chanter sa terre, nous faire humer les parfums des collines, ou frissonner sous le vent froid et coupant des nuits d'hiver. Des récits emplis de nostalgie, poignants ou légers, témoignages de ces moeurs rudes de l'arrière-pays provençal.
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Jean Giono est un magnifique conteur. On l'associe trop volontiers à sa Provence natale, à quelques romans agrestes se déroulant dans "ses" montagnes.
Mais il est bien plus que cela, ce n'est pas un petit écrivain des champs, c'est un grand auteur à la portée universelle. Si son oeuvre est indéniablement tournée vers la nature et le monde rural, c'est parce qu'il a semblé toute sa vie à Giono que c'était face à elle que l'Homme pouvait s'accomplir, éprouver le plus de joie vraie et de plaisir, s'affirmer vraiment et être bon.
C'est encore le cas ici même si le titre du livre est bien celui de la ville natale de l'auteur. Passé quelques déclarations d'amour aux ruelles et aux habitant du "vrai" Manosque, la digression amène finalement le lecteur assez loin de la Haute-Provence, s'il veut bien le voir.
L'universel est là, à la fenêtre des anecdotes que narre Jean, dans tous ces gestes quotidiens des artisans, commerçants, marchands qui vivent et font vivre leur territoire.
Giono est historien, géographe, ethnologue, économiste et sociologue, tout cela maquillé dans une narration fluide, des images fortes et poétiques, un langage accessible, une vision, une vision des hommes, une volonté fortement ancré dans son monde.
Car Jean Giono ne vit pas en ermite dans ses collines, au contraire, il a les deux pieds bien plantés dans son monde qu'il analyse très finement et dont il anticipe les travers. On le voit magnifiquement (terriblement !) aujourd'hui, donnant encore à sa parole plus de force et de poids.
Ce qu'il faut retenir avant tout dans ce Manosque et les Poème de l'Olive, c'est le plaisir de la lecture, le plaisir pur des mots et la joie de voir une pensée se déployer, virevolter dans le ciel bleu de la Provence et nous toucher au coeur.
C'est à cet organe que l'auteur adresse ses mots, c'est par lui qu'il veut atteindre la raison des hommes et les inciter à revenir vers le vrai sans sombrer dans la facilité.
Un récit à relire aujourd'hui, plus que jamais nécessaire.
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Giono, le grand maître de la Provence, écriture unique, inégalée pour nous emmener sur le plateau de Valensole où blés et lavandes enivrent le lecteur de leurs senteurs envoûtantes. C'est le chantre de la Provence à nul autre pareil. Un délice absolu de lecture, perdu dans l'immensité des plateaux ou bien emporté par les branches d'argent des oliviers lorsque le mistral les tourmente.
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. Ces textes de 1930 sont consacrés par Giono à une peinture de sa Provence et sont donc parfaitement subjectifs , que ce soit la transformation de la cueillette des olives et de leur pressage en épopée ou la description de Manosque et ses alentours en contrée lourde de magie naturelle . C'est au Giono poète plus qu'au romancier qu'appartiennent encore ces textes mais ils sont semés de graines des romans futurs : la maladie étrange que l'on retrouve dans « Batailles dans la montagne » et « le poète de la famille » , le choléra du « Hussard » , l'homme qui plantait des arbres de la nouvelle éponyme , des épisodes de « Jean le bleu » etc..Et pour moi ,lecteur , ils ressuscitent la vision de paysages parcourus à pied que les mots de l'écrivain accompagnaient et transfiguraient . Sans oublier , au détour d'une phrase des expressions venues tout droit de mon enfance.
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« Comme les hommes les paysages ont une noblesse que l'on ne peut connaître que par l'approche et la fréquentation amicale. Et il n'y a pas de plus puissant outil d'approche et de fréquentation que la marche à pied » nous dit Jean Giono.
La bordure méridionale des grandes Alpes avec ses plateaux calcaires entaillés par d'indociles rivières et au sortir des gorges gigantesques du Verdon, les plateaux chers à Giono ; toute cette géographie de barres, de cols de vallons, de sommets, combes, ravineaux, crêtes … voilà en effet matière à vagabondage ! Deux cents bons kilomètres de sentiers caillouteux, de rudes ascensions et de raides descentes, huit jours de solitude, de marche à pied et de bivouacs ! C'est sans conteste une belle approche du monde méditerranéen si justement décrit par Braudel. « L'air sec et brûlant du Sahara enveloppe l'étendue entière de la mer, en débordant largement les limites vers le Nord. Il crée au dessus de la Méditerranée ces « ciels de gloire », si clairs, ces sphères de lumière et ces nuits de constellation que l'on ne retrouve nulle part ailleurs (…) Mais alors les animaux et les plantes, la terre desséchée, vivent dans l'attente de la pluie. de l'eau si rare alors richesse entre toutes les richesses (…) Aussi bien, n'est-ce pas pour nous seuls que les plantes de la Méditerranée sont odoriférantes, que leurs feuilles sont couvertes de duvet ou de cire, leurs tiges d'épines : ce sont autant de défenses contre la sécheresse des jours trop chauds, où seules les cigales sont vivantes (…) le plaisir des yeux, la beauté des choses dissimulent la trahison de la géologie et du climat méditerranéens. Ils font trop facilement oublier que la Méditerranée n'a pas été un paradis gratuitement offert à la délectation des hommes. Il a fallu tout y construire souvent avec plus de peine qu'ailleurs ». Tout est dit : beauté des paysages, enchantement des bruits, enivrement des odeurs mais aussi âpreté du monde naturel dont l'homme fait partie. Une bergerie, une chapelle, un village abandonné et un cerisier qui nous attend, un champ de lavandin ou d'oliviers, un oratoire, un mas isolé, c'est un monde « habité » que l'on parcourt. C'est parce que cette nature est belle, parce qu'elle est difficile que sa confrontation avec l'homme est exemplaire. L'homme en reçoit les sensations, il s'interroge sur sa situation en son sein. Cette présence au monde est, me semble-t-il, au centre de l'oeuvre de Giono.
Une des vertus de la littérature est sans aucun doute de transcender nos expériences. Alors, après cette grande randonnée, arrivé à Manosque, la lecture de Giono s'impose. Prés de Notre Dame de Romanier – souvenez-vous « le Hussard sur le Toit » – à la vitrine du libraire : « Manosque-des-plateaux »… Dans ces deux courts récits l'auteur naturellement nous parle de ses terres, de sa ville aimée et honnie. Manosque c'est la Porte de la Saunerie, le quartier d'Aubette, le Largue. C'est l'histoire du petit café « La citerne »… Giono se fait le défenseur du mode de vie des hommes des collines. le style, comme toujours est magnifique, plein de poésie, d'images fortes, d'odeurs et de couleurs. Mais Giono n'est surtout pas un écrivain régionaliste. Son oeuvre empreinte d'un grand lyrisme traite toujours la confrontation de l'homme et du monde naturel. Il nous décrit une nature presque humaine, pleine de mystère. Allant dans ces nouvelles au-delà des faits, il nous fait découvrir un monde à la limite de la magie, un monde vrai, fort. Il force le trait et notre environnement reprend toute sa place. Pour Giono, si l'homme devient sensible au « Chant du monde », il peut espérer les plus grandes joies ou tout le moins la guérison de ses peines.
Si vous alliez regarder le ciel de Provence, vous baigner dans un torrent de montagne, écouter les cigales, boire à la source d'un village abandonné, respirer l'odeur du thym et des lavandettes, manger un quignon de pain et quelques olives ? Bonne lecture…
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Un peu de soleil, quelques cigales, de la poésie, le lavoir qui déverse son eau continuellement sur la place du village, et nous voici plongés dans l'oeuvre de Giono. Inutile d'en dire plus, Manosque des plateaux se vit au fil des pages, et se ressent au cours de mots, il n'y a plus qu'à se laisser bercer par la douce plume du maître.
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Beau comme un Gauguin, parfumé comme une fougasse aux olives à peine sortie du four, une régalade.
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