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Qu'ils aient fui une histoire familiale difficile ou laissé derrière eux une épouse et un enfant aimants, qu'ils soient durs à cuire ou timides, conquérants ou timorés, grands et forts ou trahis par leur corps, ils ont tous quitté l'Italie pour intégrer le peloton Charlie envoyé en mission de protection en Afghanistan. Là-bas, loin de chez eux, ils sont confrontés à une réalité bien différente de tout ce qu'ils avaient imaginé. Confinés dans leur caserne, dans la poussière et la chaleur du désert, ils s'ennuient. La nature est hostile, la population l'est tout autant, les ennemis sont partout mais restent invisibles. La tension monte, les corps se révoltent. Une opération en extérieur leur permet de secouer la torpeur mais, quand la mission tourne au cauchemar, le peloton Charlie compte ses morts et chacun tente, à sa façon, de se remettre du drame.


Paolo GIORDANO qu'on avait pu trouver un peu froid dans sa description des amours adolescentes de la solitude des nombres premiers, fait ici le plein d'émotion et de sensibilité pour nous faire aimer ses personnages. Ces soldats qui nous deviennent familiers au fil des pages : Cerdena, la grande gueule insupportable, Ietri le puceau, Torsu l'éternel malade, Zampieri la belle blonde, Egitto le médecin, et tous les autres qui font partie de cette division Charlie, harcelée par la dysenterie, par la chaleur du désert, par les attaques de Talibans. Avec eux, on explore les motivations de ces hommes qui s'engagent dans des conflits armés, pour fuir, vivre l'aventure ou servir un idéal. Mais c'est la guerre moderne qu'ils vont découvrir. On ne combat pas d'homme à homme, on saute sur une mine. On est censé protéger la population, celle-la même qui met des bombes dans les mains des femmes et des enfants, dans la laine des moutons, pour tuer ceux qui pensent apporter la paix. Face aux dangers, les hommes font corps, ce corps humain avec ses failles, ses cicatrices indélébiles mais aussi son courage, sa rage de vivre.
Une plongée dans une guerre lointaine, plus forte que n'importe quel reportage du JT, un grand livre qui émeut et fait réfléchir.
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Une base Italienne en Afghanistan, Paolo Giordano met en lumière les hommes de la Compagnie Charlie.
Il y a Cederna, le fanfaron, le fort engueule, Letri, le fils à sa maman surnommé «la pucelle », il y a Angelo Torsu qui chatte avec une petite amie virtuelle qu'il n'a jamais vue.
Il y a le lieutenant René, gigolo à ses heures, le Colonel Ballesio qui soutient que
« le Petit Prince » est une lecture de pédés.
Et surtout, il y a le lieutenant Egitto, le médecin de la base, accro aux antidépresseurs. Sa guerre à lui se joue très loin des opérations, à Turin entre sa mère et sa soeur et le lourd passé qu'il a voulu fuir.
Ces hommes sont confrontés au danger, à l'hostilité, à la chaleur, à l'inconfort et aux désordres de leurs propres corps.
L'ennui et le désoeuvrement les enveloppent et exacerbent les animosités jusqu'à ce qu'une opération en extérieur fasse voler en éclats leurs certitudes.
« le corps humain » n'est pas seulement un roman de guerre, c'est aussi une histoire d'hommes avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs bonheurs, leurs chagrins
J'ai ouvert ce livre sans conviction, les romans de guerre, je n'aime pas trop.
Les livres sur l'Afghanistan, il y en a beaucoup et de plus, je n'avais pas du tout aimé « la solitude des nombres premiers », le précédent opus de Paolo Giordano.
De quoi être préparée à une déception, mais contre toute attente, j'ai été happée par cette lecture et en suis ressortie pantelante et éblouie.

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"Quelle connerie, la guerre", disait Prévert...
Le nouveau roman du jeune écrivain est consacré à la mission d'un peloton de chasseurs alpins italiens envoyés en Afghanistan dans le cadre de l'opération dite de "maintien de la paix" de l'OTAN, de nos jours.
La première partie évoque la personnalité des différents hommes d'une vingtaine d'années qui le composent, le fanfaron, le souffre-douleur, l'adjudant dévoué à sa mission et à ses subordonnés, le toubib dépressif dont l'histoire familiale est faite de soumission à un père médecin, ambitieux et péremptoire, situation contre laquelle sa soeur aînée s'est rebellée, et quelques autres encore. Blagues de troufions, frustrations sexuelles, rivalités, ennui et routine marquent le quotidien de ces hommes confinés dans une base avancée au confort sommaire, au milieu du désert.
Tout change quand trois pelotons sont chargés d'escorter un convoi de camionneurs afghans dans un trajet qui traverse une zone non sécurisée... À l'optimisme des premières heures succède la tension, car tout désormais peut arriver. Lorsque un des blindés saute sur une mine, qui est le responsable ? La soldate inexpérimentée qui a laissé son véhicule s'encastrer dans un nid de poule de la piste, retardant tous les autres ? le conducteur qui, saisi d'impatience, à voulu doubler le blindé qui le précédait ? L'adjudant qui a préféré égoïstement bénéficier du confort de l'ambulance, après une blessure sans gravité ? le choc des hommes, à la vue des membres déchiquetés de leurs camarades, est tel que tous en restent marqués, en dépit des risibles efforts du psychologue gradé qui est censé les soutenir. Chacun essaiera de trouver sa voie vers la résilience, ou non...
Écrit tantôt dans la langue familière et bravache des troufions, tantôt dans un style favorisant l'introspection désabusée et le détachement quasi clinique du personnage principal, le lieutenant Egitto, médecin du peloton, le récit reste extrêmement plausible.
Si la première partie manque parfois de tension dramatique, celle-ci apparaît avec force dans la seconde moitié du roman.
Au final un assez bon roman, qui sans illusions, montre la vanité et l'absurdité des soi-disant "missions de paix" et autres guerres post-coloniales, à travers le regard presque candide des jeunes soldats envoyés sur le terrain.
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On dira ce qu'on voudra de Paolo Giordano, y compris du mal de son premier roman, La solitude des nombres premiers, mais le jeune auteur italien prouve avec éclat dans le corps humain qu'il n'est pas l'homme d'un seul livre. Construit sur le principe : avant, pendant et après, l'ouvrage est très habile et maîtrisé, comme un bon thriller organique, fait de chair purulente et d'âme calcinée. Un roman de guerre, oui, celle d'Afghanistan, et surtout d'initiation, de passage à l'âge adulte. Car ce ne sont que des enfants qui, en premier lieu, tuent le temps dans ce désert inhospitalier et dont le principal ennemi semble être ... la dysenterie. Ambiance Désert des tartares, dans un ton toutefois bien différent, où l'on fait connaissance avec près d'une dizaine de personnages qui ont en commun d'avoir laissé au pays un quotidien morose et compliqué. le ton change avec une opération qui tourne au désastre meurtrier. Giordano déploie alors un style cinématographique, spectaculaire, d'un réalisme cru (une fois encore, la traductrice, Nathalie Bauer, bien connue des amateurs de littérature italienne, fait des prodiges). La dernière partie, "l'après", est elle plus psychologique, décrivant sans emphase les blessures et les traumatismes intimes de ceux qui ont vécu "ça", soit une expérience impossible à partager. Cette trilogie du cauchemar, dense et tragique, est à mettre en parallèle avec le jardin de l'aveugle de Nadeem Aslam. Deux visions de la guerre d'Afghanistan qui se complètent et se répondent. Avec le même sentiment d'horreur, en définitive, quant à la nature humaine.
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Punaise, ça y est, c'est la rentrée ! Genre, la rentrée LIT-TER-AIRE, LA rentrée de septembre, celle qui fait vibrer les coeurs des lecteurs, des éditeurs, des libraires et surtout des journalistes. On se demande si ce sera un grand cru, si elle sera marquée par des engueulades d'auteurs germanopratins, de nouveaux procès, de belles lectures, de hautes piles en magasin … Pour l'instant, bien entendu, on se le demande de loin, parce que je vous écris ce billet depuis le lointain mois de juin, autant vous dire qu'août je n'y suis pas encore, il me manque encore les vacances, la mer, le soleil, tous ces petits détails qui font qu'on peut affronter chaque année la rentrée littéraire sans trop de dommages.


Paolo Giordano, comme tout le monde, je m'en souvenais pour la Solitude des Nombres Premiers, roman que j'ai beaucoup aimé et beaucoup offert et dont je ne vous ai pas parlé ici parce que c'était avant que j'ouvre le blog. Il est dans la liste de ceux dont je dois vous parler un jour, peut-être profiterai-je de la parution de ce Corps Humain pour le relire…

Soyons clairs, le Corps Humain, c'est très exactement un roman que je n'aurais jamais du lire. Si les épreuves comportaient un résumé, il est absolument évident que je l'aurais mis de côté, tout simplement parce que je n'ai pas envie de lire des récits de guerre en Irak, de soldats en mille morceaux et de PTST. Mais il n'y a pas de résumé sur les épreuves. Donc je l'ai lu. Au début avec horreur et à la fin avec passion. Parce que bien entendu, l'écriture qui nous avait fait nous passionner pour deux geeks passionnés de mathématiques ne peut que nous fasciner si elle évoque ce creuset d'émotion qu'est un camp militaire en Irak, une opération qui ne se déroule pas comme prévu, un retour au pays pas forcément facile. On se prend à suivre et à épauler ces soldats, à comprendre pourquoi ils sont là, la valeur de leur engagement, ce qui était assez obscur pour moi jusqu'ici.

C'est un beau roman, un bon début pour cette rentrée littéraire qui commence. J'espère qu'elle se poursuivra aussi bien.
Lien : http://www.readingintherain...
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J'aime beaucoup l'écriture de Paolo Giordano et son talent de conteur d'histoire. Ce roman aborde le quotidien d'une troupe de soldats italiens dépêchés en Afghanistan en 2010 en mission de « paix » et l'impact qu'un tel départ a sur leurs familles. Sans tomber dans le spectaculaire et les effets spéciaux, Giordano décrit, de façon simple et sans chichis, ce que représente la vie dans l'armée en territoire étranger et hostile. Le titre peut laisser songeur mais au fil de la lecture, il prend tout son sens.
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Ce roman nous immerge au coeur du désert afghan en compagnie de militaires Italiens en mission de protection. Notre regard extérieur découvre le quotidien d'une base militaire confrontée aux conditions climatiques difficiles (chaleur extrême, intempéries), aux périodes d'attente interminable et au stress intense qui exacerbe les émotions tant positives que négatives. La tension presque constante réveille les comportements primaires et l'on assiste, impuissants, aux humiliations verbales ou physiques, aux coups bas.

Certains chapitres sont également l'occasion de s'attarder sur la vie personnelle de ces militaires, avec leurs hauts et leurs bas. Parce que la vie de famille peut parfois s'apparenter à un champ de mines. Entre les chamailleries avec Madame, l'arrivée d'un enfant non désiré ou le décès d'un proche à gérer, certains militaires choisissent de ne pas revenir au pays mais de poursuivre leur mission, histoire de ne pas affronter ces difficultés qu'ils maitrisent moins bien que l'art de la guerre.

Habituellement, je n'apprécie pas spécialement les récits de guerre, mais l'auteur nous immerge dans le microcosme particulier que constitue un bataillon armé en mettant l'accent sur les êtres humains qui se cachent sous les cuirasses. Et on se prend d'affection pour ces militaires, du casse-pied de service au jeunot pour qui c'est la première mission, en passant par la seule femme du peloton qui n'évite pas les remarques sexistes.
Et quand cette « mission de paix » tourne au cauchemar, c'est toute une section qui pleure ses morts, nous emmenant dans le convoi pour nous faire vivre de l'intérieur toute la difficulté de la manoeuvre.

Le corps humain est donc un roman de guerre. Mais quel rapport avec le titre, me direz-vous ? En fait, l'air de rien, il est pas mal question d'anatomie dans ce texte. On y parle de maladies diverses et de leurs conséquences, des besoins sexuels des militaires éloignés de leurs fiancées pendant plusieurs mois, de la promiscuité qui empêche toute pudeur… Mais le « corps humain » peut s'entendre comme l'ensemble des militaires qui forment une famille, un groupe soudé où, malgré les vacheries, l'amitié et l'entraide priment. Parce certains sont prêts à se sacrifier pour sauver leurs compagnons…

Un roman intéressant, dont on sort enrichi, et qui donne envie d'aller plus loin.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Ce livre est le fruit d'un voyage que l'auteur effectué en Afghanistan en 2010, avec des militaires.
Il relate le quotidien d'un peloton de jeunes soldats en mission ,sous le commandement de l'adjudant Antonio René, un homme scrupuleux ,en pleine crise de conscience.
Parmi les derniers arrivés,le jeune Roberto Ietri,tout juste vingt ans qui croit trouver un sens à la vie en allant en Afghanistan et s'affranchir d'une mère possessive.
Le lieutenant médecin Alessandro Egitto ,à quelques jours de la fin de sa période,demande à rester au camp pour éviter de retrouver sa soeur et leurs douloureux souvenirs familiaux. ,Il est dépressif et dépendant des neurodépresseurs.
Tous ces jeunes soldats sont dans la base FOB, un avant-poste particulièrement isolé dans le district de Gulistan ,dans le sud du pays.
Y règnent l'ennui, la chaleur, L'inconfort, la précarité de la vie au front.
La menace semble irréelle et les soldats reconstruisent dans la base la vie qu'ils connaissaient.
Mais la nuit, dans le silence absolu, ils entendent les pulsations de leurs coeurs et les bourdonnements de leurs organes internes.
La tension monte,devient palpable.
Effectivement,une expédition d'accompagnement sur un trajet non sécurisé sera fatale aux occupants d'un des blindés.
Les autres assistent impuissants à l'horreur et,pour eux, ce sera le franchissement de la ligne qui sépare la jeunesse de l'âge adulte.
Les derniers chapitres,après le retour au pays,perdent en intensité, ce qui est normal. J'ai un peu buté sur le comportement de l'adjudant René...

Paolo Giodano a déclaré,en substance :"Ce roman est un livre de guerre,mais aussi SUR la guerre: celle de l'Afghanistan, celle des rapports humains ,affectifs et familiaux et celle,invisible et très périlleuse contre soi-même ."

Au final,un bon livre . Paolo Giordano se révèle un bon écrivain.
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Un groupe de soldats italiens se trouve dans un poste avancé de la force d'intervention internationale en Afghanistan. L'auteur décrit avec précision la vie des hommes dans ce lieu confiné, à la merci des attaques des Talibans que l'on ne voit jamais mais qui sont toujours présents. Chaque homme réagit en fonction de son passé, de son caractère, de sa détermination. Une mission d'accompagnement de transporteurs afghan se termine dans le drame, les véhicules du convoi étant victimes de tirs de roquettes. Plusieurs soldats perdent la vie. Abîmés, les militaires regagnent leur pays. Cette guerre de position face à un ennemi invisible mais meurtrier s'accompagne d'un climat oppressant à chaque instant où les personnalités se révèlent sous toutes leurs facettes.
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Plusieurs fois au cours de ce livre, je l'ai trouvé dur.
Forcément avec un sujet comme la vie de soldats italiens dans une base en Afghanistan, je ne pouvais pas attendre autre chose.
Pourtant, je l'ai lu jusqu'au bout, j'ai été captivée et je peux dire que j'ai apprécié ce livre. Je pense que cela tient à plusieurs choses.
D'une part grâce à l'écriture précise et délicate de Paolo Giordano qui parvient à décrire la vie de ces hommes sans tomber dans le pathos ni dans le manichéisme. Il ne s'étale pas sur les conditions matérielles, uniquement ce qu'il faut pour qu'on puisse s'imaginer à leurs côtés, voire à leur place. Il n'y a pas de jugement sur cette guerre. Il y a juste un magnifique récit de vie d'hommes différents réunis pour la même chose, qui font la même chose, mais qui le vivent chacun à leur manière. Ainsi, même si le soldat est par définition l'homme fort, inébranlable, parfois insensible, qui n'a peur de rien, ce n'est que de l'apparence. Tous ont des faiblesses, car tous sont des êtres humains avant d'être soldat.
D'autre part, mais cela tient aussi à l'écriture et à l'intelligence de l'auteur, on comprend et on retient que c'est la guerre qui est inhumaine. Que l'on soit dans le camp des plus forts, des gentils, que ce soit une action pour mieux revenir à la paix, cela reste inhumain et destructeur.
A aucun moment Paolo Giordano le dit ou le fait dire ouvertement à ses personnages. Mais c'est impossible en tant que lecteur de ne pas le voir noir sur blanc.
Voilà pourquoi ce livre est touchant, parce qu'il montre sans pathos, sans exagération, que les militaires restent des hommes et que les hommes ne sont pas faits pour en tuer d'autres. Quelle que soit leur couleur, nationalité ou religion.
Au final on peut presque le prendre comme un message d'espoir à l'heure où les médias nous montrent tous les jours la part inhumaine de certains.
Certains se demanderont peut être pourquoi je ne mets que trois étoiles? Simplement parce que je ne pourrais pas le recommander à tout le monde, compte tenu de certains passages un peu difficiles.
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