L'auteur avait obtenu le prestigieux prix Strega en 2009 pour son premier roman,
La Solitude des nombres premiers, qui racontait les tourments de deux adolescents en souffrance, à l'amitié et à l'amour rendus impossibles par leur mal-être, un ouvrage original et assez intéressant. Moins convaincant dans ses romans ultérieurs comme
le corps humain,
Paolo Giordano, physicien et chercheur scientifique de formation, poursuit son chemin dans l'écriture avec ce nouveau titre,
Tasmania.
Agréablement rédigé, cet opus se lit facilement. Hélas c'est bien sa seule qualité : il se révèle un livre vide et inutile, un bavardage superficiel et oiseux sur le quotidien sans intérêt du narrateur, un intellectuel menant une vie plutôt oisive et privilégiée, très protégée, dans laquelle il cherche vainement un sujet de roman !
Nous saurons tout de ses vacances, de ses problèmes de couple, de ses déplacements aériens incessants (plutôt paradoxaux pour un inquiet du climat), de ses hôtels et de ses restaurants, de ses amis physiciens et de leur vie privée ou de leurs dérisoires blessures d'amour-propre. Il pourrait aborder ce faisant certains thèmes importants, certes rebattus, comme celui des attentats terroristes ou de l'apocalypse nucléaire (sur laquelle il avoue que tout a déjà été dit), ou encore du changement climatique ou bien du féminisme et de ses opposants, mais il se contente de les effleurer en les traitant comme un flux anodin de préoccupations somme toute non essentielles. Craignant de prendre position, il reste dans une prudente expectative, car apparemment rien ne l'intéresse ni ne le passionne vraiment hormis sa petite personne, tant il semble allergique au risque.
Page 229, il se livre même à un aveu significatif et pitoyable : « Après toutes mes années d'études, l'incompétence était justement ce que je cherchais, devenir spécialiste de rien. »
En effet il n'a rien à dire, mais…il le dit. le résultat est navrant, et après avoir fini la lecture, on a l'impression d'avoir avalé sans soif un litre de tisane tiède et insipide, prompte à s'évacuer naturellement. Qu'il se trouve un éditeur italien pour le publier est compréhensible car il a ses entrées dans le monde médiatique, en tant que chroniqueur au Corriere della Sera. Mais qu'on prenne la peine de traduire ce verbiage creux en français est désolant.
Merci quand même à Babelio et aux Éditions le bruit du monde pour m'avoir permis cette expérience de lecture et un aperçu sur la carrière littéraire d'un auteur transalpin en vue.