Théâtre, basé sur l'Illiade d'
Homère, conte mythologique Grec.
Pâris, second fils du roi Priam de Troie, enlève Hélène, femme de Ménélas, roi Grec de Sparte. Ce dernier alerte son frère Agamemnon, roi Grec de Mycènes, qui soulève une armée contre Troie pour reprendre Hélène.
.
La guerre est quelque chose de sérieux.
Giraudoux, en 1935, a l'air de prendre ça comme une farce, à l'image des Français faisant bonne chère pendant qu'Hitler astiquait ses panzer.
.
Cependant, le lecteur voit plus clair dans l'intention de
Giraudoux quand Hector ( le formidable
Louis Jouvet ) déclame :
« Mais ce que j'ai à vous dire aujourd'hui, c'est que la guerre me semble la recette la plus sordide et la plus hypocrite pour égaliser les humains et que je n'admets pas plus la mort comme châtiment ou comme expiation au lâche que comme récompense aux héros. »
.
Cependant, ce chef de guerre troyen, fils aîné du roi Priam, est contredit par différentes forces pas plus crédibles les unes que les autres :
Il y a d'abord Hélène la « blonde de service", qui se fiche de tout, mais qui sait très bien manipuler les gens ;
il y a aussi le poète pro-guerre soi-disant pour l'honneur, mais qui s'enfuira à toutes jambes à la première charge ;
Le juriste parlant comme un contemporain de
Jean Giraudoux, dont le rôle est déplacé dans ce contexte, la guerre dépassant largement la loi ;
Pâris, le petit frère d'Hector, qui aime Hélène, en dépit des morts qu'il va provoquer ;
Priam, qui est trop mou ;
Et enfin les Grecs, qui sous prétexte d'enlèvement, veulent absorber une nouvelle terre.
Hector n'a de son côté que Hécube, sa mère, Andromaque, sa femme, et la petite Polyxène qui veut rester dans une atmosphère paisible.
.
En fait, c'est un va-et-vient constant entre l'Illiade de
Homère, et ce qui se passe actuellement en France sous les différents gouvernements, avec les intellectuels qui pérorent, qui théorisent, qui brassent de l'air.
.
En 1935,
Giraudoux pressent peut-être l'échec de Munich en 1938 et le conflit mondial qui risque fort de s'ensuivre :
Ménélas « est » un peu Hitler dans ce contexte ; en effet, ils ont tous les deux une humiliation à effacer, la tromperie pour l'un, la défaite et le traité de Versailles pour l'autre. Ce sont alors les « passions tristes » de
Spinoza, et les tripes qui parlent :
que peut le raisonnement d'un cerveau, la morale ou la justice contre les tripes de la vengeance ? Comment arrêter cet élan néfaste ?
.
C'est pour moi, encore une relecture.
A la première lecture, j'ai du mal à analyser les ressorts qui sous-tendent l'action. Ce qui est intéressant dans un livre ou dans l'analyse d'un fait, c'est de comprendre les mécanismes psychologiques qui sous-tendent ce fait, la portée philosophique qui sous-tend l'ouvrage.
J'avais mis deux étoiles à ce livre il y a quatre ans, car je n'aimais pas les anachronismes et symboles, les allusions aux anciens combattants ou à la cocarde : ça sonne faux et bobo.
Mais maintenant…Il faut analyser l'attitude de l'auteur,
Jean Giraudoux, pour comprendre la pièce. Or
Giraudoux est un diplomate à personnalité ambiguë qui fait débat. Amoureux de la culture allemande, est-il malgré tout, rentré dans la résistance pendant la guerre ?
Sa vie est floue, comme sa position dans «
La guerre de Troie n'aura pas lieu » : 3 étoiles.