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sur 1806 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Théâtre, basé sur l'Illiade d'Homère, conte mythologique Grec.
Pâris, second fils du roi Priam de Troie, enlève Hélène, femme de Ménélas, roi Grec de Sparte. Ce dernier alerte son frère Agamemnon, roi Grec de Mycènes, qui soulève une armée contre Troie pour reprendre Hélène.
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La guerre est quelque chose de sérieux. Giraudoux, en 1935, a l'air de prendre ça comme une farce, à l'image des Français faisant bonne chère pendant qu'Hitler astiquait ses panzer.
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Cependant, le lecteur voit plus clair dans l'intention de Giraudoux quand Hector ( le formidable Louis Jouvet ) déclame :

« Mais ce que j'ai à vous dire aujourd'hui, c'est que la guerre me semble la recette la plus sordide et la plus hypocrite pour égaliser les humains et que je n'admets pas plus la mort comme châtiment ou comme expiation au lâche que comme récompense aux héros. »
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Cependant, ce chef de guerre troyen, fils aîné du roi Priam, est contredit par différentes forces pas plus crédibles les unes que les autres :
Il y a d'abord Hélène la « blonde de service", qui se fiche de tout, mais qui sait très bien manipuler les gens ;
il y a aussi le poète pro-guerre soi-disant pour l'honneur, mais qui s'enfuira à toutes jambes à la première charge ;
Le juriste parlant comme un contemporain de Jean Giraudoux, dont le rôle est déplacé dans ce contexte, la guerre dépassant largement la loi ;
Pâris, le petit frère d'Hector, qui aime Hélène, en dépit des morts qu'il va provoquer ;
Priam, qui est trop mou ;
Et enfin les Grecs, qui sous prétexte d'enlèvement, veulent absorber une nouvelle terre.
Hector n'a de son côté que Hécube, sa mère, Andromaque, sa femme, et la petite Polyxène qui veut rester dans une atmosphère paisible.
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En fait, c'est un va-et-vient constant entre l'Illiade de Homère, et ce qui se passe actuellement en France sous les différents gouvernements, avec les intellectuels qui pérorent, qui théorisent, qui brassent de l'air.
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En 1935, Giraudoux pressent peut-être l'échec de Munich en 1938 et le conflit mondial qui risque fort de s'ensuivre :
Ménélas « est » un peu Hitler dans ce contexte ; en effet, ils ont tous les deux une humiliation à effacer, la tromperie pour l'un, la défaite et le traité de Versailles pour l'autre. Ce sont alors les « passions tristes » de Spinoza, et les tripes qui parlent :
que peut le raisonnement d'un cerveau, la morale ou la justice contre les tripes de la vengeance ? Comment arrêter cet élan néfaste ?
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C'est pour moi, encore une relecture.
A la première lecture, j'ai du mal à analyser les ressorts qui sous-tendent l'action. Ce qui est intéressant dans un livre ou dans l'analyse d'un fait, c'est de comprendre les mécanismes psychologiques qui sous-tendent ce fait, la portée philosophique qui sous-tend l'ouvrage.
J'avais mis deux étoiles à ce livre il y a quatre ans, car je n'aimais pas les anachronismes et symboles, les allusions aux anciens combattants ou à la cocarde : ça sonne faux et bobo.
Mais maintenant…Il faut analyser l'attitude de l'auteur, Jean Giraudoux, pour comprendre la pièce. Or Giraudoux est un diplomate à personnalité ambiguë qui fait débat. Amoureux de la culture allemande, est-il malgré tout, rentré dans la résistance pendant la guerre ?
Sa vie est floue, comme sa position dans « La guerre de Troie n'aura pas lieu » : 3 étoiles.
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Cette oeuvre théâtrale a été créée entre les deux conflits armés les plus meurtriers de l'histoire. Alors que l'on pansait les plaies d'une guerre qui coûta 18 millions de morts, 1935 voyait s'approcher l'ombre d'un autre désastre qui causerait trois fois plus de pertes. Jean Giraudoux, qui considérait le théâtre comme la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation, n'a cependant jamais voulu faire une pièce sur l'actualité politique de l'époque, malgré certaines allusions claires. Sa portée est plus large, se voulant une réflexion sur la guerre fortement liée la fatalité.

Hector est de retour d'une campagne de guerre, victorieux mais las, tandis que Hélène a été enlevée par Pâris. Une grande partie des Troyens ne veulent pas la rendre, fascinés par le charme de la belle grecque ou avides de guerre. Hector et les pacifistes parviendront-ils à maintenir les portes de la guerre fermées ? le titre de l'oeuvre augure une issue négative puisqu'on sait que cette guerre a eu lieu, ne fût-ce qu'en littérature[1]. le refus de la grandiloquence démythifie les héros troyens, devenus moins solennels. Les anachronismes établissent une connivence, parfois très érudite, avec le spectateur. Cette distanciation, principe même du théâtre giraldien, venue du heurt entre comique et tragique, confère à la pièce de Giraudoux une dimension réflexive efficace.

Alors que la paix semble sauvée par les pourparlers entre Achille et Hector, les événements se précipitent tragiquement. Les efforts des négociations et la volonté de paix apparaissent soudain de peu de poids face au destin. Et que ce soit précisément celui qui veut éviter la guerre qui la provoque retentit comme un paradoxe terriblement ironique. Malgré la bonne volonté des hommes, existe une fatalité qui échappe à leur contrôle. Devant cette désignation de la force du destin, le critique Benjamin Crémieux décela une forme d'abdication chez l'humaniste qu'était Giraudoux. Lequel répliqua : "Je m'attache à dénombrer ces forces obscures et à leur enlever ce qu'elles ont d'obscur, à les montrer en pleine clarté. Je fais mon métier; aux hommes qui m'écoutent, si je les ai convaincus, d'agir contre elles, de les briser."

[...]

Congratulations pour cette édition à la fois scolaire (fiches synthétiques) et fouillée (érudition, contextes), soigneusement présentée comme c'est l'usage des Petits Classiques Larousse. La subtilité de cette comédie dramatique requiert, selon moi, une telle approche pour l'appréhender pleinement. Si l'on excepte quelques bouderies, comme celle à l'encontre de sa subtilité excessive (Gide) ou de son pacifisme (Claudel), la pièce a été bien accueillie (y compris au Japon, en Israël et dans les pays de l'est) et continue à être jouée aujourd'hui sans avoir pris une ride.

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Créée en 1935, La guerre de Troie n'aura pas lieu est une tragédie contemporaine, écrite dans un contexte particulièrement trouble auquel elle fait parfois allusion.
Giraudoux s'y montre comme il était : un défenseur de la paix. La pièce dénonce l'aveuglement des hommes, qui nient les signes annonciateurs de la guerre et se persuadent que rien ne troublera leurs vies. Et pourtant, le titre même nous met sur la voie : car la guerre de Troie aura bien lieu, nous le savons depuis Homère : que faut-il alors penser de ceux qui disent, en 1935, que l'Europe connaitra une paix durable ?
La pièce reprend le poème d'Homère : Hector, rentrant de la guerre, apprend l'enlèvement d'Hélène par son frère, Paris. Il tente de convaincre ce dernier de rendre Hélène aux Grecs mais Paris obtient, par divers subterfuges, que sa belle reste à Troie. La guerre éclate dans le deuxième acte. La paix, constamment recherchée, n'est jamais acquise. Les belliqueux en tout genre parviennent toujours à prolonger l'affrontement : les passions humaines prennent souvent le relais de la bêtise.
Evidemment, la tragédie contemporaine diffère de la tragédie antique, en cela que ce ne sont pas les dieux qui président aux destinées funestes des hommes. C'est pire encore : ce sont les hommes eux-mêmes qui, de toutes leurs forces, poussent à la guerre et à la mort.
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Lue au lycée avec ennui, puis relue par hasard : la pièce de Giraudoux ne m'a toujours pas enthousiasmée. L'avantage de placer l'action à l'Antiquité, c'est qu'on peut dire que “ça ne vieillit pas”. Par contre, cette histoire d'épouse enlevée et de mari bafoué, prêt à déclencher une guerre pour la récupérer... au 21ème siècle ça passe moyen.
On se demande sans arrêt: “Mais pourquoi elle dit ça? Mais pourquoi fait-il ça?”, car l'auteur se complait dans les tirades soporifiques (très bien écrites au demeurant), aux dépens de la psychologie des personnages.
Alors certes, Giraudoux prend prétexte de l'Iliade pour décrire la situation politique des années 30 : les Troyens pacifistes contre les Grecs avides de déclencher un conflit, ça résonne en effet, à l'aube de la Seconde guerre mondiale. Mais sur ce thème, je préfère revoir “Le dictateur” de Charlie Chaplin.
LC thématique d'août 2021 : ''Un nom de ville dans le titre''
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J'avais déjà lu cette pièce de théâtre en deux actes durant ma période scolaire, mais je n'avais alors pas su en saisir toutes les subtilités.
Le texte est magnifique et les dialogues ciselés. Ecrite en 1935, entre les deux guerres mondiales, cette pièce est un puissant manifeste pacifiste.
A lire et à relire sans modération.
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Les explications initiales sont indispensables pour comprendre la pièce. Une fois lues et assimilées, le texte prend sens.

La pièce est une très bonne réécriture même si je lui préfère Amphitryon 38 ou encore Electre. Pas ma préférée donc, mais elle vaut largement la peine d'être lue. Par contre, je ne vous conseille pas de commencer votre découverte de Giraudoux avec cette oeuvre qui risque de vous paraitre fastidieuse. Vous abandonneriez à tord !
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Pâris a enlevé Hélène. Les Grecs demandent réparation. Mais Andromaque et Hector ne veulent plus la guerre, et sont prêts à perdre la face pour gagner la paix. Cassandre sait que l'inévitable est en marche.

Très bonne pièce, très caustique. Les répliques sont savoureuses, et les personnages sont superbes, mais au plus fort de leur médiocrité. Facile à lire, j'aimerais beaucoup assister à une représentation de cette pièce.

Une réplique d'Hélène, dans la scène 8 de l'acte I, m'a marqué: "Je n'aime pas beaucoup connaître les sentiments des autres. Rien ne gêne comme cela. C'est comme au jeu quand on voit le jeu de l'adversaire. On est sur de perdre." Quel cynisme!
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Une pièce en 2 actes que j'ai eu du mal à apprécier.
Le premier acte me semble très "savant", bourré de références à L'illiade, ce qui devait ravir ceux qui l'ont lu. de culture non classique, j'ai eu la désagréable impression d'une oeuvre "aristocratique", pas ouverte au petit peuple. Désagréable.
Le second acte était plus appréciable, j'y ai trouvé ce que j'y cherchais : les craintes de la guerre d'un écrivain de 1935. Troie c'est la France, les Grecs l'Allemagne, les plus illustres négociateurs ne pourront empêcher la guerre. C'est fin et compréhensible sans culture classique.
Et ça devient bon.
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Par son oeil de diplomate d'alors, l'auteur avec sa verve et son talent, récrira une entrée en guerre de passions et de fiertés blessées qui se grava dans l'Histoire de l'Antiquité.

Sans difficultés, les protagonistes apparaissent, s'installent et l'histoire se déroule avec limpidité et simplicité.

Alors que certain régime apparaisse au détriment d'autre qui s'impose, un conflit que l'on croyait pourtant impossible se prépare.

Paris, Achille, Priam et la belle Hélène ne sont plus mais les prénoms changeront et les belligérants s'affronteront sur un autre théâtre aux scènes toutes aussi sanglantes et effrayantes.

Pièce à lire et découvrir dans toute sa richesse littéraire et historique.
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Voici une pièce de théátre intéressante quant au message qu'elle souhaite faire passer : la guerre n'aura pas lieu.

Le dramaturge revisite un classique (l'enlèvement d'Hélène par Pâris qui a mené à la guerre entre Troie et les Grecs) pour réveiller ses contemporzins sur le risque d'un conflit. Cette pièce de théâtre a en effet était écrite durant l'entre deux guerres et Giraudoux a bien sû analyser les risques de l'époque er l'inquiétante situation.

J'ai pu redécouvrir certains personnages, notamment le courageux Hector qui a fait tout son possible pour la paix, Ulysse, Andromaque, Pâris et bien sûr Hélène.

Le dramaturge souligne l'absurdité de la guerre et des causes qui y mènent, ainsi que les efforts qui pourraient assurer la paix, efforts simples mais que les gens ne consentent pas à faire.
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