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sur 1794 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsqu'en 1935, Jean Giraudoux délivre sa pièce “la guerre de Troie n'aura pas lieu” il sait probablement déjà que celle de tente-neuf se prépare. Ecoutez, si vous en avez l'occasion, son message radiophonique aux élèves pour la rentrée des classes de 1939, une archive douloureuse pour les écoliers de ce temps.

“La première lâcheté est la première ride d'un peuple”. La guerre de Troie, Hector a tout fait pour l'empêcher mais en vain. La guerre fait la force pour Priam, elle n'est pas de taille à rivaliser avec la possession d'Hélène pour Pâris et, pour Hélène il est illusoire de croire qu'elle peut être empêchée par son retour chez Ménélas : pas d'issue. le mal est fait. le prétexte tout trouvé.

La langue, classique, de Giraudoux est d'une finesse remarquable, à la fois limpide et pointue. La pertinence de la dérision des va-t-en-guerre du XXème siècle, est avivée par les multiples touches de malices, offensives, ironiques et drolatiques des personnages.

Hector se veut lucide face aux glorificateurs de la guerre entre les hommes, pourtant il rencontre encore plus pragmatique que lui, Ulysse représente son Janus, tout aussi lucide mais pessimiste. le personnage d'Hélène personnifie-t-il l'opinion publique ? Aisément malléable ? L'apathie d'Hélène, contraste avec les passions que l'on prête ordinairement à la foule, mais finalement n'est ce pas la soumission indifférente qui, encore plus que les révoltes, caractérise les peuples ?

“Le privilège des grands, c'est de voir les catastrophes d'une terrasse.”

Qu'est ce qui mène à une guerre ? un geste malencontreux ? un prétexte ? une légèreté ? une glorification de l'homme guerrier ? un caprice ? un enchainement implacable que l'on ne peut enrayer ? le destin ?

Giraudoux semble prendre le parti, quoique lucide, de la paix contre la guerre qui “emprisonne le droit” et contre ceux qui adoptent une certaine légèreté coupable face à elle. de là à faire de celui dont l'attitude face à l'Allemagne, La défaite française et la société de son temps reste ambiguë un humaniste c'est un autre débat. Je préfère retenir de cette pièce que tout, ou en tout cas beaucoup de ce dont l'Europe fut témoin dans son Histoire, était déjà écrit… dans l'Iliade d'Homère.

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Au bout du compte, la guerre de Troie aura bien lieu…
Malgré son intelligence, son prestige, ses mille ruses et sa volonté farouche de l'empêcher, Hector n'est pas de taille à lutter contre la fatalité du destin et l'idiotie des va-t-en-guerre.
Reprenant l'histoire de l'Iliade d'Homère, Giraudoux laisse les Troyens s'entredéchirer en attendant une délégation grecque dirigée par Ulysse qui doit demander réparation suite à l'enlèvement de la belle Hélène par Pâris. Pour éviter la guerre entre Grecs et Troyens pour une question d'honneur, Hector qui, lui, en revient épuisé et écoeuré, demande à Pâris de la laisser repartir, mais le puissant clan des bellicistes ne l'entend pas de cette oreille.
Deux choses me plaisent dans cette pièce que je lis pour la première fois (hé oui, je suis passé au travers au lycée !)
Son côté intemporel, d'abord. Bien sûr, elle fut représentée pour la première fois en 1935, et on ne peut la comprendre sans connaître son contexte historique : celui d'une époque qui fonçait droit vers la guerre. Giraudoux pousse un cri pacifiste, mais un cri désespéré, d'un pessimisme noir, puisque les hommes qui s'agitent dans cette pièce se montrent incapables de saisir cette opportunité de contredire l'histoire en refusant de faire la guerre de Troie. Mais les arguments développés pour ou contre la guerre sont de toutes les époques. La guerre qui donne un sens à la vie et qu'on accepte de perdre au nom d'un idéal, d'une patrie ou d'une religion… Ou bien la guerre que l'on refuse parce qu'elle tue autant les ennemis que les proches, et éloigne les enfants de ses parents, ou le mari de son épouse… Question vraiment épineuse !
Son côté décapant, ensuite. Priam, Hector, Hélène, Andromaque, Cassandre, Ulysse, tous ces personnages de légende, ces êtres suprêmes, majestueux, olympiens, en train de discuter le bout de gras au coin d'une table et de se donner des surnoms du genre « ma petite chérie » a quelque chose de très drôle et de rafraichissant.
En bref, je ne regrette pas d'avoir passé un peu de temps à lire cette pièce et, vraiment, j'espère pouvoir un jour la voir au théâtre.
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1935. Jean Giraudoux, diplomate, sent venir la guerre. Pour avertir les peuples de cette menace inéluctable, il écrit "La guerre de Troie n'aura pas lieu", transposant dans la lointaine Antiquité les conflits d'actualité.

La belle Hélène, reine grecque, a été enlevée par Pâris qui l'emmène chez lui à Troie. Rapidement, Hélène est devenue pour les riches Troyens qui viennent de pacifier leur territoire le symbole de la beauté, de la jeunesse et de l'amour. Ils tiennent à la garder près d'eux, au coeur de leur cité, comme un gage de renouveau. Mais Hector, fils de Priam le roi de Troie, général des armées, veut la paix et voit en Hélène le prétexte à une nouvelle guerre avec la Grèce. Partant de là, sous l'influence de ses proches et des politiciens dont les intérêts se heurtent, Hector va tout tenter pour préserver la paix en restituant Hélène à Ulysse, l'envoyé plénipotentiaire de la Grèce. Mais ce plan logique et prudent ne peut réussir, le dramaturge y veillera personnellement, démontrant que la guerre ne peut être éviter dès lors que les hommes sont décidés à la mener.

Première pièce de l'auteur que je lis et ce fut une belle découverte. Au début, je craignais de devoir relire mes cours d'histoire antique pour m'y retrouver mais c'est inutile, l'action comme les personnages se mettent en place facilement et on est rapidement en terrain stable.

J'ai aimé l'écriture tout en gravité et qui se fait l'écho de l'imminence du danger. J'ai été aussi agréablement surprise par le ton cynique et désabusé du texte qui sert une philosophie certes masquée mais universelle, qui a traversé tous les âges, celle de la guerre à laquelle hélas l'homme ne peut pas résister.


Challenge 1914/1968 - 2017
Challenge Petit Bac 2017 - 2018
Challenge ABC 2017 - 2018
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L'histoire est connue : Pâris a enlevé Hélène, l'épouse du roi de Sparte. Ils se sont réfugiés à Troie, chez le père Pâris. le frère de ce dernier, Hector, est las de la guerre, et rêve de paix. Mais beaucoup de troyens, fascinés par la beauté d'Hélène, ne veulent pas qu'elle parte, seul moyen d'éviter la guerre.
Une négociation s'engage avec Ulysse qui, contre toute attente, se montre en faveur de la paix. L'auteur décrit les vains efforts d'Hector pour sauver la paix. Une réflexion sur le bellicisme des hommes.
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Mon verdict est définitif : je préfère de loin lire une pièce de Jean Giraudoux qu'une de Racine. Et cette sentence n'a rien à voir avec le talent de l'un et de l'autre, qui sont tous les deux justement reconnus, seulement avec leur style. Celui de Racine m'est trop éloigné. Au contraire, Jean Giraudoux a réussi à me happer dès les premières lignes.

Si le lecteur sait depuis le début que la guerre de Troie a bien eu lieu, il ne peut s'empêcher d'espérer quand-même que, peut-être, avec le talent croisé d'Hector, Andromaque et Cassandre... Ces trois personnages sont magnifiques dans leur tentative d'empêcher la guerre, de raisonner leur entourage, et dans l'amour qu'ils se portent.

Malgré le fait qu'il s'agisse d'une tragédie, la pièce ne manque pas d'humour (un humour qui tient beaucoup aux discours ironiques, aux remarques sarcastiques, aux jeux de mots et aux quiproquos). le ton est parfois même badin, voire familier, ce qui n'aurait pas manqué de choquer notre cher Racine.

Bien-sûr, la pièce est avant tout une réflexion sur la guerre (elle a été écrite et jouée en 1935) et sur ce qui peut la légitimer (ou pas !). Mais il y a aussi une réflexion sur la condition de la femme, sur la place des poètes dans la société, sur la politique.

Je me suis vraiment laissée porter par les mots, par les personnages, et si j'ai bien senti l'inéluctabilité du destin, mon esprit pacifiste n'a pu éviter de partager les espérances d'Hector. La Guerre de Troie n'aura pas lieu rejoint mon Panthéon des pièces théâtrales que je rêve de voir sur scène, à côté de l'Antigone de Sophocle.
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À peine rentré d'une campagne militaire, Hector rentre à Troie pour découvrir que Pâris a enlevé Hélène, et que la flotte grecque est en route pour la récupérer. Lassé des massacres, il tente d'imposer la seule solution raisonnable : rendre Hélène aux Grecs, qui pourront repartir immédiatement, et éviter ainsi de nombreuses morts inutiles.

Il tente de convaincre d'abord Pâris, puis le conseil de Troie, puis Hélène, obtenant chaque fois des demi-victoires : chacun accepte que la décision finale soit soumise à l'avis du suivant. Mais les efforts d'Hector se révèlent vains. Troie est prête pour la guerre, que tous les codes moraux, que toutes les lois internationales lui recommandent. Les arguments du héros troyen n'ont aucune prise sur cette force d'inertie qui pousse tout le monde vers le champ de bataille.

Un plaidoyer pour le pacifisme et l'entente entre les peuples écrit avec beaucoup de finesse et une ironie assez mordante.
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Une pièce qui doit être formidable à voir et vivre, mais dont la seule lecture est également fluide et enrichissante car autoporteuse et génératrice de représentations mentales qui l'animent comme une oeuvre vivante.
Un propos d'une douloureuse intemporalité, dans lequel la guerre de Troie ou d'ailleurs a toujours lieu, presque en dehors du vouloir des hommes, et qu'aucun Hector ou Ulysse du monde ne peuvent arrêter quand l'élan destructeur en est lancé.
Une modernité de ton étonnante, grinçante revisitant les classiques avec le cynisme éclairé du 20ème siècle sans trahir l'esprit des monuments de culture évoqués.
Un huis clos lourd et tragique au sommet du pouvoir, sur la "terrasse d'un rempart dominé par une terrasse et dominant d'autres remparts", qui souligne cruellement les limites de ce pouvoir et de ceux qui l'exercent.
Bref, un incontournable de la littérature que le lycée ne m'avait pas donné l'occasion de croiser et que je suis ravie d'avoir enfin découvert : une guerre lancée pour des raisons absurde ayant toujours lieu quelque part dans le monde, cette pièce ne perdra jamais de son actualité.
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Jean Giraudoux aime les tragédies. Avec "La guerre de Troie n'aura pas lieu" il en écrit une à sa manière inspiré des épopées Homériennes. Inspiré, il l'est certainement car le comique n'est pas en reste.
Dans cette pièce en deux actes de 1935, le plus tragique est Hector à cause de sa solitude, de sa dignité et de sa bonne volonté car il souhaite la paix. C'est lui qui veut rendre Hélène aux grecs pour régler le conflit qui les oppose après l'enlèvement par Pâris de la femme de Ménélas. L'amour entre ces deux-là n'est pourtant pas au beau fixe bien que le peuple de Troie subjugué ne jure plus que par la belle Hélène qu'il compare à Vénus. Giraudoux l'a fait particulièrement sotte et très drôle avec quelques répliques épicées.
Alors, aura-t-elle lieu ou pas cette guerre ? Hector de Troie réussira-t-il à négocier la paix avec Ulysse de Grèce ?
La réponse est dans la pièce qui comme annoncée est bien une tragédie et grecque de surcroît.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022
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Hécube la compare au cul d'une gueunon, Cassandre la prédit et sait qu'elle arrive, les Grecs la veulent pour s'enrichir, Andromaque la craint pour ne pas perdre son mari, son fils ne veut pas devenir orphelin, Ménélas la veut pour restaurer son honneur, Pâris veut qu'elle lui permette de conserver Hélène, les dieux aussi la veulent. le seul à la connaître, Hector, ne la veut pas, car lui veut la paix.
Oui, la guerre est inéluctable, mais le talent de Giraudoux arrive à nous faire douter de l'histoire, en nous montrant qu'au contraire la paix était possible, mais le Destin est inflexible, ce qui nous fait éprouver de la pitié pour ces personnages si humains et faillibles. Hector gagne en humanité en étant décrit comme fatigué de la guerre, n'aspirant qu'à la douceur du foyer plutôt qu'aux horreurs de la guerre.
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J'écoute en ce moment les podcasts de France Inter "un été avec Homère", où S Tesson commente l'oeuvre d'Homère, ce qui m'a donné envie de m'y intéresser un peu (encore un monument qui manque à ma culture)
Le texte original me faisant un peu peur, j'ai préféré relire une adaptation, que j'avais déjà parcourues alors que j'étais au lycée.
Je me rend compte qu'à l'époque je n'avais rien compris : finalement ce n'est pas si mal de vieillir ;-)
Mais, j'ai tout de même crains un moment de me perdre dans cette évocation de la mythologie grecque : ce ne fut pas le cas, le rôle de chaque personnage est très facile à comprendre.
Et tout à coup toute négociation diplomatique devient ridicule : les rouages qui mènent à la guerre sont si évidents dans cette pièce, et toujours actuels. on rit à cette lecture : des répliques grinçantes de certains personnages, mais plus on tourne les pages plus mon rire se crispait.
Finalement quoi que l'on fasse le destin serait inéluctable ? C'est un peu sombre ? et ne correspond pas à mon optimisme naturel.
Alors j'ai beaucoup aimé le texte, mais...
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