Non seulement elle sera toujours sa première lectrice mais elle est seule capable de déchiffrer son écriture, un allemand gothique impénétrable. C'est elle qui recopie, et qui recopiera toujours, page à page tous ses manuscrits avant qu'ils ne partent à la composition.
Ainsi est-elle sans doute, avec Engels, la seule à avoir lu Marx de bout en bout, des milliers et des milliers de pages. (p.54)
Dans les circonstances les plus tragiques de leur existence, elle (Jenny Marx) ne lui fera jamais grief d'être incapable de gagner la vie de sa famille, et acceptera, fût-ce avec répugnance, de le voir entretenu par les uns et les autres, tant il va de soi qu'"on" doit à Marx ce dont il a besoin. (...)
il accepte même le fruit des collectes, faites à son intention auprès des pauvres gens. Ce n'est pas un socialiste sentimental dont la conscience saigne devant les souffrances de la classe ouvrière. Il n'est jamais entré dans un foyer ouvrier. D'une façon générale, la compassion lui est étrangère. Et puis c'est un pur intellectuel. (p.14)