Court roman édité chez "rue des cascades" relatant la vie proletarienne dans l'Allemagne misereuse des années 30 .
La violence y est le lot de tous les jours,violence des jours de famine, d'humiliations et d'injustices,violence qui prend toute la place,cassant les liens familiaux,dressant les gens les uns contre les autres. Un moment,on peut croire à la révolte des exploités mais ce ne sera qu'un vain interlude dans une Allemagne qui se prépare au pire.
Terrible et nécessaire témoignage où l'on comprend à quel point le pays avait besoin d'une figure tutélaire,hélas ce fut Hitler qui prit figure de sauveur.
Ce livre m'a rappelé un autre livre où l'on suivait la vie d'un enfant,puis adulte, devant lutter pour sa survie,puis organisant des actions syndicales pour lutter contre l'exploitation des ouvriers dans la même période,en Allemagne. Malheureusement je ne me souviens ni de l'auteur,ni du titre... Si ça interpelle quelqu'un ..???
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Les enfants passaient l'autre moitié de leurs vacances dans les champs à voler des betteraves ou bien à la gare de marchandises à enlever le résidu de goudron des fentes entre les pavés pour jouer avec. Ils avaient d'abord essayé de le manger -tout était examiné selon son éventuelle comestibilité- mais c'était infect et ça restait collé entre les dents. Après, ils montaient à l'arrière des charrettes des paysans et volaient des rognures de betteraves à sucre. c'était de la nourriture pour bestiaux mais ça avait un goût sucré. Les betteraves des champs,ils les mangeaient avec toute la crasse collée dessus et se justifiaient auprès de leur sens de la propreté en se disant "cracra donne du gras".
Nous ne voulions pas admettre le caractère désespéré de nos efforts. Nous avions oublié à quel point notre situation était misérable. Nous placions nos actions dans une perspective plus large que celle de l'avantage du moment. Nous avions la vague idée d'une lutte commune, d'une victoire sur le lendemain par mille combats acharnés. Mais nous venions pour la plupart de quartiers ouvriers révolutionnaires. Peut-être n'aurions-nous pas eu cette idée s'il n'y avait pas eu aussi l'instinct de légitime défense, de la défense ultime.
Les indigents tartinaient les murs de bouillie parce qu'il s réalisaient à quel point c'était triste et indigne de devoir bouffer cet orge même s'ils allaient crever de faim après . c'était un sacrifice, c'était de la fierté. Ils ne protestaient pas seulement contre la faim, mais aussi contre la condamnation à cette existence qui les emplissait d'une rage sans borne, et contre la pression de la perpétuelle inquiétude, de cette interrogation :comment est-ce que je vais calmer ma faim aujourd'hui?