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Citations sur Je selfie donc je suis (19)

(…) ce n’est plus la réalité qui inspire l’appareil photo mais l’appareil photo-téléphone-connecté qui la crée et la restitue par l’image. Ce n’est plus l’oeil de l’homme qui tente de rendre compte de sa vision du réel ; mais l’oeil de la camera, de la technique, qui organise la vue et réinvente le réel qui va avec.
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(…) le selfie est questionnement identitaire, expression d’un corps métamorphosé qui échappe inlassablement à la saisie objective de son auteur. Le selfie se présente comme une tentative de réponse aux troubles que constitue la représentation de soi. Cette mise en scène du corps est aussi révélatrice des manques du sujet, ou de ce que nous pourrions appeler ces "ratages". Dans sa difficulté à exister, son impossibilité à affirmer sa singularité, le sujet se disloque, s’éparpille, se perd lui-même. L’acte selfique vient alors, en quelque sorte, rassembler le sujet morcelé, éclaté, l’écran se substituant au cadre contenant capable de le maintenir dans sa position. Cela passe par le corps. Un corps chosifié, réduit à sa pure représentation, tout entier dédié à la jouissance narcissique et au self-ego.
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Notre démocratie est malade de son hyperindividualisme, ce qui se traduit par un vide politique ; notre société est malade de son hyperindividualisme, ce qui se traduit par un profond sentiment d’isolement ; notre intériorité est malade de son hyperindividualisme, ce qui se traduit par une désubjectivation dont le selfie est la représentation emblématique.
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Ô selfie magique, dis-moi que je suis la plus belle… Mes mille amis Facebook, assurez-moi ce matin que mon existence est bien réelle par vos like à répétition." À cause de ce besoin de reconnaissance, nous avons perdu une liberté : celle qui consiste à être librement nous-mêmes sans chercher à plaire par peur de décevoir ou d’être rejetés ; d’être disliked, comme nous serions disqualifiés dans ce théâtre des représentations.
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Il y a dans le fait de publier un selfie sur les réseaux sociaux quelque chose de l’ordre de l’exhibition et du voyeurisme : l’auteur du selfie s’exhibe dans le but d’être vu, d’être perçu, amenant son public, celui à qui s’adresse ce selfie, à jouer le rôle du voyeur. Un comportement qui favorise et alimente le fantasme. Et c’est peut-être là l’une des perversions les plus caractéristiques de notre société hypermoderne : la substitution du fantasme à l’imaginaire, illustrée par cette recherche continue du rapport exhibition/voyeurisme.
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Le destinataire [du selfie] peut être une personne particulière, mais plus souvent, il s'agit de l'autre aux multiples visages que constitue l'ensemble de nos "amis" sur les réseaux sociaux. Ainsi les acteurs des réseaux sociaux deviennent des juges au regard implacable, dont le pouvoir de "liker" ou pas renforce ou fragilise notre narcissisme. En quelque sorte, s'inscrire sur un réseau social, c'est accepter - en même temps qu'exhibitionniste de notre propre vie privée - d'être un "voyeur", un "censeur", un "juge". Un voyeurisme qui participe à notre jouissance en nous conférant un certain pouvoir - représenté par la libre appréciation " sur l'autre.
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L'introspection (cette capacité à plonger à l'intérieur de soi) requiert du temps, un temps qui n'est pas dédié à l'efficacité ni à la productivité, un temps intérieur qui s'égrène à un rythme qui entre en contradiction avec celui de l'hypermodernité. Puis, l'intériorité nécessite le déploiement d'une profondeur qui n'est plus une priorité à l'heure du virtuel.
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Nous sommes aussi passés d'une société où les images même privées pouvaient être rendues publiques, à une société où toutes les images sont publiques même celles qui devraient rester privées.
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Que l'image soit le véhicule de l'émotion n'est pas nouveau. Mais là où, jadis, on traduisait l'image en mots (ce qui est le propre de la littérature et des nombreuses figures de style à commencer justement par l'"image" ou la "métaphore"), aujourd'hui, on se contente de placarder un smiley. Loin de permettre la diffusion d'une émotion typiquement personnelle, proprement humaine, les emoji réduisent notre champ émotionnel en le systématisant. Alors que le propre d'un écrivain - et plus encore d'un poète - était de transmettre une émotion par le biais esthétique de l'usage des mots et de la langue, ce qui donnait lieu à une création inédite, l'emoji discrédite toute poésie. Il n'est plus question de chercher au plus juste et au plus profond de soi : apposer une figure commune suffit.
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Le désir est une tension entre l'objet et sa satisfaction, caractérisée par l'attente, ce qui implique une durée, une certaine temporalité et un déploiement de cette temporalité dans l'espace. Alors que ce que l'on constate actuellement, en même temps qu'une surenchère du désir liée à la société de consommation, c'est l'existence d'une satisfaction immédiate.
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