Citations sur Le journal d'un fou - Le nez - Le manteau (Edition bi.. (6)
À ce moment-là, parut à sa porte le barbier Ivan Iakovlévitch, mais d'un air si peureux, on aurait dit un chat qui vient de se prendre une roustée parce qu'il aurait chipé du lard.
- Dis-le d'avance : tu as les mains propres ? lui cria de loin Kovaliov.
- J'ai les mains propres, monsieur.
- Menteur !
- Je vous le jure, j'ai les mains propres, monsieur.
- Bon, fais attention, hein.
" -- Et le portrait est toujours chez ton neveu ?
" -- Ah bien oui, chez mon neveu! Il n'a pu y tenir! répondit le joyeux compère. L'âme du bonhomme est passée dans le portrait, faut croire. Il sort du cadre, il se promène par la pièce! Ce que raconte mon neveu est proprement inconcevable, et je l'aurais pris pour un fou si je n'avais pas éprouvé quelque chose de ce genre. Il a vendu ton tableau à je ne sais quel collectionneur, mais celui-ci non plus n'a pu y tenir et il s'en est défait à son tour."
Le portrait
Aujourd'hui est un jour de grande solennité ! L'Espagne a un roi. On l'a trouvé. Ce roi, c'est moi. Ce n'est qu'aujourd'hui que je l'ai appris. J'avoue avoir été brusquement inondé de lumière. Je ne comprends pas comment j'ai pu penser, m'imaginer que j'étais conseiller titulaire.
Le nez avait bel et bien disparu !
Cette question contraignit Kovaliov à réfléchir.
"Tout le désordre humain commence lorsque les êtres ou les choses ne connaissent plus leurs places." in Préface, Georges Nivat, Éditions Folio, page 25