AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Isaac Goodhart (Illustrateur)
EAN : 9781632155924
128 pages
Image Comics (29/12/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Small town. Big problems. Mark Shiffron is more than the mailman of Eden, Wyoming. Now he's the problem solver, working with his mother, the Mayor, to keep a town full of criminals from tearing itself apart. As ambition and desire grow within him, Mark uses his unique perspective to try and keep Eden under his mother's control. But can the Mayor keep her son under her control? The second arc of the controversial and unflinching POSTAL once again journeys into the st... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Postal Volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 5 à 8, ainsi que le numéro spécial "Postal: Dossier 1"", initialement parus en 2015, coécrits par Matt Hawkins et Bryan Edward Hill, dessinés et encrés par Isaac Goodhart, avec une mise en couleurs de Betsy Gonia. le numéro spécial a été dessiné et encré par Atilio Rojo.

Épisode 5 - Alors que Mark Shiffron effectue son voyage nocturne pour aller clandestinement chercher le courrier dans la ville voisine, il est intercepté au retour par une jolie demoiselle, avec des fleurs dans les cheveux et un flingue dans la main. Cet individu souffrant du syndrome d'Asperger va-t-il pouvoir se sortir de cette situation ? Épisode 6 – Un lingot d'or a disparu de la réserve inviolable d'Eden. Isaac serait-il de retour ?

Épisode 7 – Curtis a décidé de défier Mulvey lors du match de boxe annuel d'Eden. Il demande à Mark Shiffron de l'aider à trouver le défaut dans sa défense. Mark accepte en échange d'un service : que doit-il changer chez lui pour plaire à Maggie (Margaret Pendowski) ? Épisode 8 – Parmi les 2190 habitants d'Eden, il y en a un qui a été soupçonné d'être un violeur d'enfants. Maggie souhaite débarrasser la ville de sa présence.

Le premier tome de cette série avait laissé une excellente impression, de par son environnement (une ville accueillant des criminels en cavale), son personnage principal (un jeune homme atteint du syndrome d'Asperger), le nombre de mystères (Isaac, le père de Mark, est-il encore en vie, ou est-ce quelqu'un qui veut le faire croire ?), et les machinations guère avouables de ses citoyens qui sont loin d'être rangés des voitures. le premier épisode déconcerte un peu car Mark est intercepté en dehors de la ville d'Eden. le récit tourne autour de ses ravisseurs (bien partis dans leur tête) et de lui. le lecteur apprécie de pouvoir voir Mark agir et réagir à sa manière particulière. Les coscénaristes arrivent à maintenir la plausibilité de ce personnage, avec ses difficultés significatives dans les interactions sociales. Par le biais de cellules de pensée, ils indiquent de quelle manière le personnage réussit à garder son calme, grâce à une technique mentale expliquée par sa mère.

Les auteurs parviennent également à rendre plausible le comportement hors norme des individus en cavale. Enfin, cet épisode a eu un impact durable sur Mark. L'épisode suivant se concentre sur Laura Shiffron, mère de Mark, et maire d'Eden). Il permet au lecteur de se souvenir que chaque personnage a ses propres motivations, généralement cachées des autres personnages. L'intrigue montre comment la position dominante de cette femme est ténue, et qu'elle doit gérer chaque surprise. Les 2 problèmes du jour font apparaître à la fois sa force et sa fragilité, sa capacité à sacrifier les autres, sa capacité à mettre en jeu sa propre vie.

Avec ces 2 épisodes, le lecteur retrouve les éléments qui l'avaient accroché dans le premier tome : une situation en équilibre instable et des personnages luttant contre les circonstances, la position dans laquelle ils se retrouvent, avec toute leur énergie. Il retrouve également les dessins d'Isaac Goodhart. Sa narration visuelle est claire et facilement lisible, même si ses dessins présentent quelques faiblesses. Cet artiste sait rendre compte d'un endroit, dans ce qu'il a de générique et de particulier. Il représente avec conviction le diner dans lequel Maggi est serveuse (avec son sol dallé noir & blanc), la façade d'un motel, l'intérieur d'un bar, une petite pelouse à l'arrière d'une maison, un ring improvisé, etc. Il intègre des éléments plus élaborés comme les motifs du tapis dans le premier épisode, ou le trailer de Johan Richter (J0hk3r). Par contre la chambre secrète souterraine où sont entreposés les lingots présentent des dimensions fantaisistes, et les modalités d'accès dénotent par rapport au reste de la narration en étant trop extravagantes.

Le lecteur apprécie l'apparence ordinaire des personnages. Isaac Goodhart les habille de vêtements ordinaires, pas dessinés dans le détail mais suffisamment pour que leur variété soit visible. Mark Shiffron continue de s'habiller avec un short et des chaussettes montant jusque sous le genou, ainsi que d'une chemise simple. Sissy Frummel est parée d'un grand haut flottant autour de sa silhouette, le lecteur comprenant que Mark doit être fortement troublé en constatant qu'elle ne porte vraisemblablement rien en dessous. Ainsi l'artiste sait choisir des tenues qui informent sur la personnalité de celui qui les porte. Par contre, quand le lecteur examine une case dans les détails, il se rend compte que certains sont approximatifs, ce qui donnent parfois des représentations un peu gauches.

De la même manière Isaac Goodheart sait donner une apparence différente à chaque personnage. Elle ne se limite pas à leur coiffure, ou à leur vêtement. Leur langage corporel présente également des particularités. Il y a bien sur les mouvements un peu raides de Mark. Il y a aussi les mouvements plus secs de Laura Shiffron, et son visage plus dur. Il y a encore les gestes plus déliés de Maggie, indiquant à la fois son entrain et sa détermination. Mais là aussi, il est possible de grimacer à quelques reprises devant un dessin malmenant un peu l'anatomie, ou une expression de visage un peu sommaire.

Pourtant tous les personnages semblent réellement exister. Lorsque le lecteur découvre Curtis et sa volonté de triompher de Mulvey, une armoire à glace qui cogne sans pitié ses adversaires, il ne voit pas un stéréotype de boxeur avec la rage au ventre pour surmonter son handicap (une affaire qui a mal tourné et qui s'est soldée par l'amputation à la scie à disque de sa main droite). Il voit un individu avec un caractère propre, au comportement adulte. Lorsqu'il fait connaissance avec Johan Richter, il voit un individu à l'apparence peu engageante, tout en se disant qu'il ne faut pas le juger dessus. Ainsi les dessins portent l'ambiguïté que les coscénaristes souhaitent donner à ces personnages.

Matt Hawkins et Bryan Hill jouent avec le lecteur, avec le présupposé que tous les habitants d'Eden sont là pour une raison, c'est-à-dire pour avoir commis un ou plusieurs crimes. le lecteur sait donc que chacun a quelque chose à cacher et qu'il peut se comporter de manière immorale. Il se souvient que chaque détenu prétend qu'il est innocent. Arrivé au quatrième épisode, il comprend également que les auteurs jouent sur le fait que les violeurs d'enfants sont généralement maltraités par les autres prisonniers. Avec une élégance certaine, ils manipulent les attentes du lecteur qui essaye d'anticiper le déroulement de l'intrigue.

D'épisode en épisode, le lecteur constate également qu'il ne s'agit pas pour les auteurs d'accumuler les scènes malsaines et les situations perverses. Il ressent de l'empathie pour Mark qui se retrouve coincé dans une situation, sans repère pour savoir comment se comporter. Il compatit à la détresse d'Emily Burroughs qui se prépare à se suicider au vu de sa situation. Il aimerait bien partager l'objectif de Curtis, tout en sachant que ce match de boxe ne débouchera sur rien de bon, même s'il en sort vainqueur. Il s'interroge sur cette façon de rendre justice soi-même à l'encontre d'un criminel dont la culpabilité reste douteuse. Sous des dehors de roman bien noir à la Jim Thompson, ils parlent de difficultés d'exister communes à tous le genre humain.

En prime l'intrigue principale progresse lentement, mais sûrement, en jouant aussi sur l'expectative du lecteur. Il n'est pas possible de prendre fait et cause pour Laura Shiffron, ou pour son fils. Mais il n'est pas non plus possible de les détester. Il n'est pas possible de prendre au sérieux l'éventuel retour d'Isaac, mais il n'est pas non plus possible de l'écarter totalement.

Ce tome se termine par des fiches sur les personnages enchâssés au milieu de 2 séquences montrant l'agent spécial Simpson rendre compte à son supérieur John Schultz. Ces fiches n'apportent pas beaucoup d'information pour celui qui a déjà lu les 8 épisodes de la série. Par contre, la scène d'ouverture et celle de clôture établissent que ce qui se passe à Eden a des conséquences bien en dehors de la ville. Les dessins d'Atilio Rojo ont une apparence plus professionnelle que ceux d'Isaac Goodheart, et sont plus agréables à regarder. Ils conviennent mieux à l'atmosphère aseptisée et feutrée du bureau du supérieur de Simpson.

Enfin le lecteur découvre les couvertures originales des 4 épisodes réalisées par Goodhart, ainsi que les 4 couvertures variantes dessinées par Linda Seijic.

Il est indéniable que les dessins de cette série conservent un petit côté amateur plus ou moins prégnant. Mais il est compensé par l'investissement de l'artiste dans chaque séquence, ainsi que par la narration de l'intrigue qui installe à un jeu d'attente et d'anticipation avec le lecteur, et qui met en scène des individus peu recommandables, tout en étant très humains.
Commenter  J’apprécie          20


autres livres classés : boxeVoir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Coupe du monde de rugby : une bd à gagner !

Quel célèbre écrivain a écrit un livre intitulé Rugby Blues ?

Patrick Modiano
Denis Tillinac
Mathias Enard
Philippe Djian

10 questions
861 lecteurs ont répondu
Thèmes : rugby , sport , Coupe du mondeCréer un quiz sur ce livre

{* *}