La vie d'Ada, la petite orpheline et la communauté de Barano, vont être bouleversées car une institutrice débarque pour créer une classe pour les filles ! Elle est envoyée pour apprendre la langue italienne dans cette île où on ne parle qu'un dialecte. Son arrivée n'est pas très bien vue, il faut vaincre les préjugés « À quoi bon tout ce tintouin pour leur apprendre à lire ? Il suffit qu'elles deviennent bonnes ménagères et cuisinières. »
À travers l'histoire de l'institutrice Serafina et les difficultés qu'elle rencontre, puis ses premières réussites, l'auteure retrace la vie de ces gens simples, avec leurs soucis, leurs problèmes, la récolte du raisin sera-t-elle être bonne ? Mais aussi avec leurs fêtes comme la Befana et la St Martin. La petite Ada est une élève studieuse, cependant elle risque d'être renvoyée pour aller travailler dans les usines du nord où « le travail pour les filles n'était vraiment pas pénible, à peine douze heure par jour en hiver et quinze en été» !
En toile de fond c'est un moment de l'Histoire de l'Italie qui est évoqué avec la tentative de réunification de l'Italie par Garibaldi qui voudrait faire de Rome la capitale, alors que
Napoléon III défend les intérêts pontificaux. Les temps changent, un nouveau monde apparaît avec l'ouverture du canal de Suez, l'apparition des mouvements féministes, le congrès de la Paix, mais aussi des lois impopulaires qui voient le jour « Dans quelle galère ils nous mettent ces fonctionnaires du Nord, qui n'y connaissent rien à comment on fonctionne ». Les difficultés s'accumulent chez les petites gens, nouvelles taxes, nouveaux impôts, alors l'idée de partir commence à grandir, on écoute les récits de ceux qui ont réussi, là-bas, en Algérie où le salaire des journaliers est quatre fois plus élevé qu'ici ! C'est la promesse d'un monde nouveau et d'une vie meilleure… Partir ? Rester ?
Un beau, très, très beau livre servi par une écriture riche, délicate, poétique.