Ce livre débute par une chronologie de principaux événements politiques, sociétaux et artistiques « Au temps d'Eugène Villon » de 1879 à 1951, l'auteur entendant par là ancrer la vie de l'artiste au coeur de son époque.
Je viens juste de découvrir, au fil de mes lectures, ce peintre habile autant que talentueux, originaire de Hollande, et qui s'installera à Lyon vers 1900 et fondera la Société des Aquarellistes Lyonnais en 1927. Ce livre est hélas un peu trop succinct mais fort heureusement richement illustré ce qui permet de mesurer les nombreuses qualités techniques et émotionnelles de l'artiste (fortement reconnues et récompensées à l'époque) et de donner envie de le découvrir plus avant.
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Eugène Villon mon grand-père …
(…) Il me parlait de ses débuts difficiles, des divers métiers artistiques qu’il avait dû faire pur gagner sa vie, décoration de théâtre, peintures de fresques dans les brasseries, illustrations de livres, retouches photographiques, créations d’affiches, de cartons publicitaires dont certains qu’il signa firent le tour du monde.
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Sa technique particulière, son sens inné de la composition font d’Eugène Villon le chef incontesté des aquarellistes dans l’Ecole Lyonnaise pour première moitié du XXe siècle.
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Je souhaite qu’en lisant ces lignes, on puisse s’apercevoir des ressources illimitées de la palette de mon grand-père qui traduisait avec bonheur des genres extrêmement différents, en restant témoin de son époque, et d’une vie moderne en pleine évolution.
Jeannine Gay-Villon
…ils décident de rentrer en France et de s’installer à Nice, tandis que le père dirige ses affaires à La Haye, Villon s’inscrit à l’école des Beaux-Arts pour y suivre l’enseignement de Herst. Sans doute l’adolescent devient-il un élève plus que doué. Il obtient une première commande à l’âge de seize ans, se voyant confier la décoration murale du grand théâtre de Genève.
Eugène Villon s’est imposé à son temps par un métier, par une maîtrise des choses toute personnelle, qui – à la fois – prolongent une tradition tout en apportant une modernité qui dépasse, de loin, le cadre étroit de la création provinciale. A l’époque si la notion de parisianisme existe pour réussir, les artistes sont encore fièrement ancrés à leurs origines.
En 1827, une première ligne de chemin de fer est inaugurée entre Andrézieux et Saint Etienne. L’événement est considérable, car il bouleverse les habitudes en réduisant le temps et les distances. (…) Pour beaucoup de citadins l’invitation à concrétiser enfin le rêve de « voir la mer » se réalise. De même, les provinciaux défient la capitale lançant du fond du cœur de joyeux « Paris, à nous deux ! ».
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Dans ce contexte les artistes peintres désormais plantent de plus en plus leurs chevalets en pleine nature.
Pour les critiques qui choisissent de soutenir à fond l’art officiel, la nouvelle façon d’utiliser la peinture relève de la pure provocation. Cette histoire de « touche divisée » qui suggère la lumière à travers la couleur, à leurs yeux est suspecte et ne tient pas ! Ils ne comprennent pas que c’est d’abord une méthode dans la méthode, en aucun cas une trahison aux traditions établies, pas plus qu’un « pied-de-nez » cherchant à déstabiliser l’arrière garde et à semer le trouble dans le monde des arts.