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4,22

sur 480 notes
Très difficile de commenter pour moi cette oeuvre. D'abord parce que c'est une oeuvre dont j'ai entendu beaucoup de bien et qui est très appréciée par quelqu'un qui m'est cher, ensuite parcequ'elle m'a clairement tenue en respect.

L'histoire m'a plue. Les mots et le style sont beaux. L'écrivain raconte et décrit très bien avec poésie, lenteur, onirisme et immersion cette drôle de guerre pour le personnage principal.

Mais... le vocabulaire militaire auquel je ne connais que peu de choses, l'histoire "d'amour" qui sonne très masculine pour moi, et surtout les phrases ne m'ont pas permis de totalement aimer ma lecture. le style est beau, les mots extrêmement bien choisis. Mais il m'a fallu me concentrer pour ne pas me perdre. C'est une lecture qui prend son temps mais qui m'a demandée trop d'efforts. Si la poésie est là, les images au niveau du fond, et les mots choisis, les constructions de phrases au niveau du style n'ont pas coulé naturellement en moi.
Peut-être pas le bon moment, peut-être que je ne suis pas le bon lectorat.

J'en retiens néanmoins l'excellente retrancripstion de cette drôle de guerre, de ce confinement consenti. Silence, forêt, insignifiance, absence de volonté.
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Octobre 1939 : le lieutenant Grange est assigné, avec trois soldats (Olivon, Hervouët et Gourcuff) dans un blockhaus en plein coeur de la forêt des Ardennes, qu'il a surnommé le Toit. « On se sentait dans ce désert d'arbres haut juché au-dessus de la Meuse comme sur un toit dont on eût retiré l'échelle ». La « drôle de guerre » vient de commencer. Enfermé dans cette maison forte, cette espèce de « dé de béton » armé pour résister à toute invasion, Grange imagine que la guerre pourrait bien n' être finalement qu'une « continuation indéfinie du camping en forêt », une sorte de « compagnonnage de coureurs des bois ».
Ce roman à la prose sublime qui parle de la guerre sur un ton poétique aux accents de dure vérité, m'a complètement chavirée. Je ne connaissais pas Julien Gracq; ce livre m'avait été offert par une collègue de travail il y a quelques années et j'ai beaucoup trop attendu pour le lire. Réparation est faite et c'est véritablement une grande découverte pour moi.
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Que vient faire ‘Un balcon en forêt' dans l'oeuvre de Gracq ? Loin des endroits fantastiques, voir fantasmagoriques, qu'il affectionne, nous voici plongé dans la plus prosaïque des réalités : la drôle de guerre pour cadre ; au lieu d'une ville millénaire à l'architecture illustre, un village français comme il y en a des milliers ; pour château, un bunker mal conçu ; pour amante, une jeune paysanne en vélo, bien loin des comtesses alanguies dans des tissus d'orient ! Nous voici dans un texte autobiographique, dans la réalité la plus crue et la plus banale.

Et pourtant, la chose la plus importante dans les textes de Gracq est toujours là, inchangée, identique à ce qu'elle est dans ‘Le rivage des Syrtes' et les autres : l'attente. On ne sait exactement ce que l'on attend. Tout ce que l'on sait, c'est que ce sera rapide, brutale, et qu'après plus rien ne sera comme avant. Et la douceur de la vie quotidienne, puisqu'il faut bien vivre, installée, construite, autours de cette menace qui plane, mais à laquelle pour le moment on tourne le dos. Puisqu'il faut bien vivre…

Drôle d'époque que la drôle de guerre. Drôle d'écrivain que Gracq, en attente d'il ne sait quoi lui-même. Drôle de livre, qui fait converger imaginaire et réalité !
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A l'automne 1939, l'aspirant Grange rejoint son lieu d'affectation, dans une maison forte située au coeur de la forêt ardennaise. C'est dans cet îlot suspendu et brumeux qu'il va vivre la drôle de guerre, en compagnie d'une poignée d'hommes isolés. Véritable écrin de verdure hors du temps, la forêt se mue alors en un espace irréel et inquiétant, hanté par la vie intérieure des soldats. Sublime et mystérieux, Un balcon en forêt développe une rare poétique de la marge, à la lisière du sacré et de l'immémoriel.
Lien : https://balises.bpi.fr/Conte..
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Loin dans la vallée de la Meuse, au coeur de la forêt, pendant cette guerre qui n'en semblait pas une, un petit détachement de soldats français surveille la survenue éventuelle de blindés allemands.
Il y a surtout la forêt superbe, un village perdu au bout d'une route ignorée et cette casemate cachée au coeur des taillis.
Puis surviendra une histoire d'amour entre une si jeune femme, veuve déjà, oui la guerre existe bien
et puis enfin la guerre qui fera son entrée.
Ce roman est rangé sans restriction dans mes
pépites.
Pour l'écriture superbe
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Publié quelques années après le Rivage des Syrtes, Un balcon en forêt en reprend la thématique principale, habillée cette fois de davantage de réalisme historique : il n'est plus question ici d'une principauté imaginaire ni d'une époque incertaine, mais de la frontière entre les Ardennes françaises et belges, entre l'automne 1939 et le printemps 1940. Mis à part ces espaces-temps radicalement différents, le parallèle entre les deux romans de Gracq semble assez évident : au début d'Un balcon en forêt, l'aspirant-lieutenant Grange vient prendre le commandement d'un fortin isolé qui domine la Meuse, fortin dans lequel il va attendre pendant des mois un ennemi qui ne vient pas. le roman s'achève au moment où le désastre survient enfin, et où cette longue parenthèse se referme brutalement. La frontière est au coeur des deux livres, avec toutes les interrogations sur ce qu'il y a au-delà, et sur ce qui pourrait en venir.
Le réalisme apparent du récit dans Un balcon en forêt ne doit pas faire trop illusion. Gracq ne livre pas ici ses souvenirs personnels de la Drôle de guerre, bien qu'il l'ait lui-même vécue, et avec le même grade de lieutenant que son personnage. Cette guerre qui se fait attendre permet surtout à l'auteur d'isoler son personnage, à la fois sur cette ancienne marche frontalière que représente la forêt, et sur la marge d'un événement historique insaisissable. Cette retraite est le vrai sujet du livre : le monde n'est plus qu'une rumeur dont parviennent quelques échos lointains. Quelque chose qu'on regarde de haut, sans y participer directement (d'où le balcon). Il n'y a plus que Grange, ses hommes, et la forêt protectrice tout autour. le foisonnement du style fait écho à celui de la nature environnante. C'est un foisonnement auquel s'abandonne le personnage et dans lequel il se redécouvre. Aux frontières de la forêt et du fantastique, l'improbable maison de Mona ajoute au récit la puissance d'un érotisme situé hors des conventions sociales.
Voilà une lecture qui m'a transporté. La magie de la littérature m'a permis d'y retrouver ce que je pouvais ressentir confusément, et avec mes pauvres mots, lorsque j'avais l'habitude de séjourner l'été dans ce chalet d'alpage isolé, à deux pas de celui où Albert Cohen écrivit autrefois Belle du Seigneur (« à deux pas » est ici une expression toute faite : il y avait cinq heures de marche et un joli dénivelé avant d'arriver aux chalets de Graydon...).
La même béatitude à se retrouver seul dans la nature. Regarder le soleil tomber derrière la forêt, écouter les cris des bêtes dans la nuit naissante, rentrer faire du feu, lire à la lueur des bougies. Se promener à l'aube parmi les arbres trempés de brouillard. Et puis ce curieux désir qui se renforce jour après jour : ne plus avoir à redescendre vers la vallée et l'agitation du monde.
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Un chef d'oeuvre de Julien Gracq, cristallisant l'attente de quelques soldats au début de la deuxième guerre mondiale dans les Ardennes. Cette attente est déroulée par le style flamboyant de Gracq qui la dépeint au milieu d'une nature mystérieuse, au coeur de la forêt. Rencontre avec une jeune femme pour l'un d'eux, elle aussi empreinte de mystère. Ce texte coule lentement, comme toujours avec cet écrivain exceptionnel, et l'on suit doucement le fil de sa pensée depuis ce balcon sur lequel on voudrait s'attarder.
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La lecture d'«Un balcon en forêt » permet de s'imprégner de cette étrange ambiance qui prévalait pendant « La drôle de Guerre » dans laquelle évolue les troupes françaises de septembre 39 à mai 40 . Julien Gracq a puisé dans ses souvenirs et son expérience. On peut y déceler déjà l'annonce d'une défaite « avant même le premier coup de canon, la rouille, les ronces de la guerre » … « Une foutue armée (…) qui m'a tout l'air de vouloir faire avant peu une armée foutue » .
Automne 1939 - L'aspirant Grange qui fait l'objet d'une surveillance par la sécurité militaire (Gracq l'était aussi de par son adhésion à la CGT et son engagement auprès du parti communiste , il fut également affecté en Flandre ) présente au colonel son ordre de mission . Il est cantonné à la maison forte des Hautes Alizes , près du bourg de Moriarmé (il faut y voir Morialmé, entre Sambre et Meuse, en Belgique).Cette maison forte, en surplomb ( d'où le titre ) où il prend ses quartiers, n'est pas une maison d'arrêt militaire comme il l'a craint quelques instants, c'est un blockhaus, construit au coeur de la forêt « pour interdire aux blindés l'accès des pénétrant descendant de l'Ardenne belge vers la ligne de la Meuse ». (Pour un lieutenant de passage c'est même un "piège à cons") . Un souterrain a été creusé permettant d'évacuer, en cas de siège le fortin et de se réfugier dans les bois. Il partage les lieux avec Hervouët, Gourcuff, Olivon.
Dans cette guerre qui « brasille » chacun vaque librement à ses occupations : coupe de bois et braconnage dans la forêt giboyeuse, pour les soldats, Grange, lui le futur officier , s'adonne à de longues errances bucoliques nocturnes. le temps suspend son cours, devient une parenthèse heureuse mais cotonneuse, des « journées blanches ».
C'est dans ce contexte que Grange va rencontrer une très jeune femme Mona (Nora Mitrani ? la future compagne de Gracq ) à la fois petite- fille, femme-fleur , fée mutine qui réside au village. Ils deviennent amants. Mais ce calme pernicieux, cette attente interminable va prendre fin quand les Allemands lancent leur offensive dans les Ardennes, le village est évacué et Mona s'éloigne.
Lors de l'attaque Grange est blessé. L'intensité dramatique s'accentue, devient pathétique quand il décide d'aller se coucher sur le lit de Mona, le tragique s'invite. Quelle sera la destinée de Grange : Mourir de sa blessure (septicémie,) se faire tuer par l'ennemi (Les Allemands « liquidaient » les soldats isolés,) être fait prisonnier, s'échapper et survivre ?
Au-delà de cette histoire étrange c'est le style de Gracq qu'il faut découvrir, ses descriptions poétiques. Nos sens sont sollicités par cette lecture.
- La vue surtout : les couleurs sont très présentes, couleurs basiques qui reviennent souvent le gris, le rouge… des couleurs composées : blanc de sucre argenté, le bleu récurrent (peut-être par réminiscence à la « ligne bleue des Vosges ») qui se nuance en cru, cendré, de guerre, froid, violent…
- L'ouie : « le bruit très calme de l'eau », « le cri des chevêches » « le silence des bois sans oiseaux « « le foisonnement grave, « la nuit sonore »...
- L'odorat : « l'odeur obsédante des pommes sûres », « le fumet de la sauvagine »…
On peut lire un livre, ce livre précisément, pour ce qu'il détient encore de part inconnue à découvrir (première publication 1958), pour aller à la rencontre d'un auteur jamais lu, Louis Poirier , alias Julien Gracq, découvrir dans le récit les éléments biographiques qu'il recèle , pour cheminer dans l'Histoire (curieuse, j'ai cherché, par exemple, à savoir qui était le traître de Stuttgart (1), pour s'amuser à identifier les lieux, découvrir leur toponymie, pour faire une étude stylistique, lexicologique, morphosyntaxique… (cette oeuvre fut inscrite, en 2008, au concours de l'agrégation de Lettres), pour trouver trace d'autres écrivains( 2 ) … C'est tout ce que j'ai fait, avec un dilettantisme amusé et appliqué ! Mais je sais que je reprendrai la lecture, fragment après fragment pour y travailler sur l'un ou l'autre de ces sujets avec plus de sérieux, mais toujours avec plaisir et sans contrainte !
(1) « (…) ils écoutaient à la radio le traître de Stuttgart, qui avait parlé une fois de leur régiment. » Paul Ferdonnet, journaliste d'extrême droite, agent de propagande du III è Reich, à l'issue de la guerre il fut arrêté, jugé et condamné à mort.
(2)
Gaston Bachelard – (L'eau et les rêves) « C'était les eaux printanières, toutes pleines de terre et de feuilles ».
Albert Camus – (La Peste) « C'était une ville qui couvait la peste ».(L’Etranger) « Le monde lui paraissait soudain inexprimablement étranger, indifférent, séparé de lui par des lieues. »
Charles Perrault – (Le Petit Chaperon Rouge, La belle au Bois Dormant) « Cette maisonnette de Mère Grand » « au fond du capuchon, comme au fond d'une crèche , on voyait une paille douce de cheveux blonds »… « C'était étrange, improbable, un peu magique : une allée du château de la Belle au Bois Dormant)
Edgard A.Poe – (Le Domaine d'Arnheim et non D Arnhem comme cela est écrit page 10) « C'est un train pour le Domaine dArnhem pensa l'aspirant, grand lecteur d'Edgar Poe »…
Arthur Rimbaud – (Le dormeur du Val, le bateau ivre ) « Comme un dormer sur l'herbe dans son somme »… « Il y avait un charme trouble, puissant, à se vautrer dans ce bateau ivre… »
George Sand (La Petite Fadette) « C'est une fille de pluie(…) une fadette… »

Jacques de Voragine – (La légende dorée) « le soir elle faisait ses prières comme une couventine sage, et lisait avec Julia des passages de la Légende dorée »…
Jules Verne – ( le pays des Fourrures) « Cette île flottante que le dégel un jour après l'autre rapetissait ».

H.G. Wells – (La Guerre des Mondes) « Un souvenir remontait alors à lui du fond de ses lectures d'enfance : celui des géants martiens malades de Wells… »
Par ailleurs, Grange lit du Shakespeare, du Gide (Le Journal) du Swedenborg (Mémorables) en anglais !

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roman ou plutot récit formidable . Des descriptions de la nature en foret magnifiques . Et puis un final certes attendu mais qui ne dure que quelques secondes . Livre à relire .
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La représentation poétique de la nature, si prégnante dans ce roman a déjà été très bien dite ici. Je voudrais simplement ajouter deux choses :
- d'une part, l'écriture de Gracq est ici beaucoup plus simple que dans le Château d'Argol (bien sûr) mais même que dans le Rivage des Syrtes. Même si on reconnaît cette langue, elle est moins foisonnante, moins décorée, plus sobre, comme dans les nouvelles de la Presqu'île. Ce sont des fictions plus proches du réel, avec le langage adéquat ;
- d'autre part, je ne dirais pas que c'est un roman de l'attente. le monde sérieux de Moriarmé attend et redoute la guerre, oui. Mais Grange refuse les mots du capitaine, du lieutenant, des soldats qui passent à la fin. Il veut indéfiniment retarder l'événement et c'est ce qu'il fait à la fin, en restant là alors qu'il devrait se replier très vite. le fait qu'un événement puisse arriver est très important puisqu'il crée un espace-temps propice à l'événement aventureux, comme le fait aussi la proximité de la frontière. Mais Grange n'attend pas : il arrête le temps, répète à l'envie les mêmes habitudes et devient un réceptacle de sensations. Et voilà que dans ce temps immobile, la forêt se remplit de légendes, de guerres épiques anciennes et de jolies fées. Imaginer, raconter, écrire, c'est vivre dans l'écoulement réel du temps mais se révolter contre lui et parvenir à le repousser, jusqu'à l'épuisement.
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