Des trois Gracq que j'ai lus (avec '
Le Rivage des Syrtes' et '
Au château d'Argol''), je ne sais pas si c'est mon préféré, mais c'est en tout cas le plus accessible.
Certes, la maison forte des Hautes-Falizes est avant tout un "îlot désert au milieu de la guerre", un "théâtre" où l'attente lancinante joue le rôle principal, enclos dans le silence des arbres et le réseau des layons (puis des barbelés), un lieu propice aux rêveries, que l'hiver enneigé rend encore plus onirique.
Il y a, cependant, quelque chose de plus concret que dans 'Le Rivage...' - ne serait-ce que la menace, allemande, qui rôde autour et dont la rumeur reste omniprésente, bien plus palpable que celle fantasmée du Farghestan -, de plus prosaïque que dans 'Argol' - avec, entre autres, les tâches quotidiennes que mènent ces quatre soldats presque désoeuvrés.
On entre ainsi avec facilité dans ce récit majestueusement intimiste, bercé par la plume toujours sublime de Gracq (qui, décidément, a la science du "bon mot" - même s'il faut régulièrement aller chercher celui-ci dans le dictionnaire...).
Et puis, il y a presque de l'"action" dans le mouvement final.
Une action bien sûr "gracquienne", où la violence s'écrit dans un écrin de "paysages intérieurs".
Oui, sans doute mon Gracq préféré.