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4,22

sur 480 notes
Des trois Gracq que j'ai lus (avec 'Le Rivage des Syrtes' et 'Au château d'Argol''), je ne sais pas si c'est mon préféré, mais c'est en tout cas le plus accessible.

Certes, la maison forte des Hautes-Falizes est avant tout un "îlot désert au milieu de la guerre", un "théâtre" où l'attente lancinante joue le rôle principal, enclos dans le silence des arbres et le réseau des layons (puis des barbelés), un lieu propice aux rêveries, que l'hiver enneigé rend encore plus onirique.
Il y a, cependant, quelque chose de plus concret que dans 'Le Rivage...' - ne serait-ce que la menace, allemande, qui rôde autour et dont la rumeur reste omniprésente, bien plus palpable que celle fantasmée du Farghestan -, de plus prosaïque que dans 'Argol' - avec, entre autres, les tâches quotidiennes que mènent ces quatre soldats presque désoeuvrés.

On entre ainsi avec facilité dans ce récit majestueusement intimiste, bercé par la plume toujours sublime de Gracq (qui, décidément, a la science du "bon mot" - même s'il faut régulièrement aller chercher celui-ci dans le dictionnaire...).

Et puis, il y a presque de l'"action" dans le mouvement final.
Une action bien sûr "gracquienne", où la violence s'écrit dans un écrin de "paysages intérieurs".

Oui, sans doute mon Gracq préféré.
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La Drôle de guerre du lieutenant Grange et de trois soldats affectés dans un blockhaus de la forêt ardennaise, la maison forte des Hautes Falizes, à l'automne de 1939. L'isolement d'une vie militaire réglée par l'habitude et rythmée de manoeuvres routinières bien rodées donne rapidement l'impression d'un enlisement du temps et d'une succession de saisons identiques. Tout à l'air de se dérouler comme prévu par l'ordre de mission émanant de la hiérarchie. La sérénité apparente, insolite dans le contexte, de cet officier lecteur à ses moments perdus, irait jusqu'à nous contaminer si elle n'était pas contrariée par une inquiétude plus sourde et diffuse. Dans ce climat d'attente et d'incertitude où la solitude de Grange est trompée par l'accomplissement répétitif et quotidien des tâches, sa rencontre fortuite, aussi belle qu'improbable sur une laie forestière, avec une femme donne une autre dimension au récit dont la force mystérieuse est peut-être ailleurs. Est-ce l'omniprésence de la forêt, immense, obscure, dense et secrète, son foisonnement compact et la touffeur de ses sous-bois, son souffle, ses odeurs, ses dépouilles hivernales ou les soubresauts de ses branches qui croulent sous la neige faisant presque tressaillir à la lecture, qui scelle une telle impression ? Par un miracle d'écriture gracquienne on marche dans ses profondeurs, on guette le moindre de ses bruits, on accompagne ses silences on respire un air d'éternité en oubliant la guerre. C'est végétal et métaphysique. Tout finit pourtant dans un fracas terrible, historique. Beau, un peu tragique. On s'en souvient longtemps après avoir refermé ce livre.


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Le plus beau livre de Gracq, où l'attente étrange de la "drôle de guerre" se mêle au thème d'une attente existentielle exaltée par le sentiment amoureux et celui de la nature, dans cette forêt des Ardennes "d'où l'ennemi viendra". Une écriture poétique superbe.
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On peut reprocher à Gracq sa langue pointue mais elle est justement un monde sonore totalement envoûtant.
Ce récit est une matière humide, on passe ces saisons d'attente dans le même trouble esthétique et sensoriel que le narrateur. La guerre n'est qu'une rumeur qu'on ratera pour ne pouvoir pas la comprendre.
Il est toujours bon de se mesurer à quelques hauteurs...
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On peut reprocher à Gracq sa langue pointue mais elle est justement un monde sonore totalement envoûtant.
Ce récit est une matière humide, on passe ces saisons d'attente dans le même trouble esthétique et sensoriel que le narrateur. La guerre n'est qu'une rumeur qu'on ratera pour ne pouvoir pas la comprendre.
Il est toujours bon de se mesurer à quelques hauteurs...
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Période de la drôle de guerre, des mois d'attente avant l'invasion allemande. Alors que Gracq à vécu cette période de l'intérieur par sa mobilisation puis sa capture, il en fait pourtant un roman à deux doigts de la prose poétique, très distancé et calme. Un calme qui prend d'ailleurs toute la place, à en devenir assourdissant. Dans ce paysage des Ardennes mises en pause, l'atmosphère domine tout et se trouve être un protagoniste aussi important que Grange, le personnage principal. le but n'est pas ici de montrer la guerre (qui se limite finalement au rang d'évènement) de manière frontale ou violente mais seulement son ombre qui pèse et l'attente des hommes face à elle, comme on retiendrait son souffle face à un équilibriste dont on prévoit la chute. Si la tension monte et est palpable au fur et à mesure du livre, l'explosion finale, rapide, ne sera que suggérée.
Un balcon en forêt a un côté beaucoup plus réaliste que les autres romans de Gracq et l'aspect onirique qu'on est habitué à trouver chez lui n'est à peu près présent que par cette ambiance de rêve éveillé. Restent en mémoire une forêt qui semble parfois se changer en mer, l'impuissance d'hommes face à une situation dont ils ne sont pas maîtres, l'attente qui paraît ne vouloir laisser sa place qu'à elle-même.
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C'est avec un peu d'appréhension que j'ai commencé ce livre : je ne sais pas pourquoi mais julien Gracq me semblait être un auteur trop difficile pour moi. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que ce livre n'était pas difficile à lire, bien au contraire.Il paraît que ce livre est un peu l'histoire de l'auteur pendant la drôle de guerre. C'est sans doute pourquoi il sait nous faire saisir l'ambiance de cette époque et de la région proche du conflit malheureusement attendu.

Grange est un personnage attachant mais qui ne dévoile (presque) rien sur sa vie avant septembre la mobilisation.


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Un très beau livre, plein de poésie. Une vraie révélation.
Lien : http://madimado.com/2010/12/..
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Une très jolie découverte que "Un balcon en forêt" : je n'avais rien lu de Julien Gracq et j'ai été frappée par la beauté de son écriture.
Un récit d'atmosphère où le héros, Grange, attend sur le front, dans la forêt des Ardennes, qu'il se passe quelque chose. Plus qu'un récit de guerre (nous sommes en 39 avant l'offensive allemande) qui est peu évoquée, c'est plus un récit initiatique où Grange se découvre peu à peu dans cette "île-balcon" au milieu de la forêt, dans un espace-temps qui s'étire indéfiniment au rythme des saisons.
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Un très beau roman dans lequel le rythme du récit participe de l'intimité des personnages. Tout semble calme, reposant, idyllique dans cette forêt alors que la guerre menace et, le lecteur le sait (les personnages aussi, dans une moindre mesure), s'apprête à mettre fin à cette quiétude. Dans le blockhaus, la vie se poursuit sereinement. Cette impression est due en grande partie à la vie des personnages : chasse, couchers de soleil, femmes, peu d'obligations militaires et des veillées paysannes ; ainsi qu'aux descriptions de Gracq : descriptions visuelles et auditives d'un pays en attente. On se croirait aux côtés de Grange lorsqu'il se promène ou patrouille dans la forêt : les oiseaux sont bien présents, les feuilles craquent sous les pieds, un terrier est encore visible dans les fourrés.
Pourtant, il y a une attente de « quelque chose » qui se fait de plus en plus oppressante. Les premiers questionnements et incertitudes de Grange, la nervosité du supérieur, les bombes, au loin, qui se font voir deviennent de plus en plus oppressants. Et puis il y a le départ des civils, le silence des journaux et l'angoisse sourde des hommes qui se font les signaux d'une guerre inéluctable. Et l'attente toujours : attente des ordres, des voitures ennemies, du moment où on doit appuyer sur la gâchette et enfin de la mort. C'est un livre sur l'attente d'une guerre qui ne vient pas et qui surgit brusquement quand on ne voulait plus y croire.
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