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Citations sur Un beau ténébreux (36)

Ce matin tout à coup, en me levant, j'ai senti au plein coeur de l'été, comme au coeur d'un fruit la piqûre du ver dont il mourra, la présence miraculeuse de l'automne. c'étaitsur cette journée, douce, chaude encore, à la merveilleuse lumière voilée ( mais je ne sais quoi d'un peu atténué, d'un peu lointain: cet affinement vaporeux d'un beau visage aux approches de la consomption) un grand flux d'airrais, régulier, salutaire...
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La fenêtre s'ouvre sur une nuit de lune trop belle, une nuit insomnieuse, alarmée de souffles inhabituels, une turbulence silencieuse, de corolles blêmes, une nuit pleine de présages, où les fleurs bougent.
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Elle revenait maintenant lentement vers l'hôtel vide, au milieu de l'allée. Le vent chassait devant elle les premières feuilles mortes, — le long des resserres aux volets clos, les fils de fer rouillés sous le feuillage grelottant s'enroulaient aux dernières vrilles de la vigne, — le jardin prenait d'un coup la couleur de l'hiver.

[Julien GRACQ, "Un beau Ténébreux", Librairie José Corti (Paris), 1945 - rééd. 1975, page 192]
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je vieillis, et il me semble que j'ai imperceptiblement glissé du temps que l'on passe à vivre à celui que l'on passe à regarder la vie s'écouler.
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La traversée d'une forêt, je n'ai jamais pu m'imaginer autrement l'approche d'un pays de légende. Il me semble qu'après elle la vision se décape, devient autre, que les champs découverts étincellent plus tendrement, plus doucement, dans la lueur levée derrière ce crépuscule des branches.

[Julien GRACQ, "Un beau Ténébreux", 1945, Librairie José Corti (Paris), page 73]

[cité dans l'article "La mythologie de la forêt dans l'œuvre de Julien Gracq" de Marc Eigeldinger, pages 236-245, "Cahier de L'Herne numéro 20 : Julien Gracq", L'Herne/Fayard, 1972, 1997, 406 pages]
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Je vieillis, et il me semble que j’ai imperceptiblement glissé du temps que l’on passe à vivre à celui que l’on passe à regarder la vie s’écouler.
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Il y a une moquerie chaleureuse et douce, assise sur la plus étroite des complicités, celle qu'on n'a pas à avouer, ─ et qui n'est faite que du besoin de volatiliser un excès de sympathie.
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Ce rêve rodait en lui comme une abeille dans une chambre close, cognant à la vitre.
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Nous avons souvent parlé de littérature et vous vous rappelez, je pense la rencontre de Juliette et de Roméo :

What lady's that,which doth enrich the hand

Of Yonder Knight

C'est, n'est-ce pas, l'exemple classique, exceptionnel, du coup de foudre. Mais il y a toujours un coup de foudre. Mais je pense que sur un plan qui n'est pas forcément tragique, qui souvent est bien loin d'être tragique, le premier coup d'oeil qu'échangent deux êtres, certaine inflexion de voix qui s'impose à eux, aussi insidieuse, aussi fatale qu'une inspiration de poète, les engage pour jamais, pour le meilleur et pour le pire – ou pour l'indifférence complète.

Les journaux sportifs parlent quelque fois du "signe indien", celui qui dès la première rencontre entre deux athlètes établit pour toujours entre eux une hiérarchie secrète, une fascination de la défaite inévitable, une défaillance subite de l'espoir. "A quoi bon?" c'est joué d'avance – ce sera ainsi – ce sera toujours ainsi. Celui-ci sera un jouet pour que je m'en amuse, – sur celui-ci je serai roi, à cette connaissance de hasard je devrai rendre compte de mes actes comme l'intendant à son maître et les plus assurées de mes actions, je les sentirai creuses si elles ne reçoivent le sceau de son regard, d'un certain coup d'oeil qui me met le coeur à l'aise. – Celui-ci est un puissant de la terre, mais je n'en parlerai jamais sans une pointe de dérision qui lui percerait le coeur, s'il savait. Ce potentat dans mon code secret, se déchiffre bouffon, ce tâcheron prince. Celui-ci est un invisible – à jamais mon regard le traversera comme une vitre – il parle, mais il est à cent lieues, – un certain froncement de sourcil à son approche l'a rayé de mon univers.

- Et le jugement serait sans appel?

- Il n'a jamais d'appel. Personne ne songe à en faire. Quelle question pourrait jamais formuler l'inexprimable? D'ailleurs, ce serait à faire périr de honte, l'humilité ne descend pas jusque là. Chacun connaît d'instinct ce jeu de massacre et chacun le respecte, et, c'est assez remarquable, s'en sent même obscurément ennobli. Chacun jonche sa route de cadavres et de dieux, et personne ne ressuscite, et la Bible même veut que l'archange ne puisse tomber qu'en gardant son imprescriptible couronne.
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Mais que me veut ce souvenir incongru ? Ces images brusques, ces tableaux plus frappants de ma vie qui depuis quelques jours plus fréquemment reviennent comme sur la pellicule qu'on développe, comme on dit que font les souvenirs chers à l'esprit de celui qui va se noyer. Oui, toute ma vie, ces images sèches, ces tarots obscurs, paquet léger, bizarre éventail de vignettes, si peu déchiffrables, que je brasse jusqu'à l’écœurement, et comme repliant, classant ce mince bagage à la veille d'un appareillage obscur.
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