Février 1939 . Un demi-million de réfugiés espagnols déferlent sur le Roussillon . Vaincus après avoir été trahis , ils sont pourchassés par une armée fasciste qui ne fait pas de quartier .
C'est l'un des plus grands exodes des temps modernes . Pour le maîtriser , le gouvernement radical du président Daladier ouvre des camps de CONCENTRATION sur les plages catalanes et languedociennes .
Aujourd'hui , Argelès-sur-Mer au Cap d'Agde , quelques signes rappellent que ce littoral fut autrefois celui du goulag . des camps du mépris . Une forme d " hospitalité " que l'on n'aime pas trop évoquer en France ... Compris entre la guerre d'Espagne et la deuxième guerre mondiale , ce peu glorieux épisode concentrationnaire est étrangement gommé de la mémoire collective .
Ni camps d'extermination , ni camps de travaux forcés , ils hébergent 250 000 miliciens jugés encombrants parce qu'ils sont républicains et espagnols . Ces hommes , ces femmes , ces enfants , ces militants et soldats , tous ces exilés sont la mauvaise conscience de ce qu'il reste alors du Front Populaire français .......
Après avoir lutté trois ans contre le fascisme en Espagne , beaucoup se sont encore battus sur le sol français menacé puis occupé , à l'heure où tant d'autres ont préféré se taire , se terrer ou se vendre . Cette France qui les avait si mal traités , ils ont pourtant continué à la défendre contre l'ennemi commun : LE FASCISME .
*******L'ACCUEIL ..... A LA MATRAQUE *******
-- Le discours : Ministre de l'intérieur , " C'est bien simple , Les femmes et les enfants , on les reçoit; les blessés, on les soigne ; les valides , on les renvoie " .
-- La réalité : Federica Montseny ( leader anarcho-syndicaliste et ministre d'état d'Espagne ) : " Des réfugiés se souviennent de ce que fut leur premier contact avec le service d'ordre ( gardes mobiles et tirailleurs sénégalais ) et la population de certaines villes-frontières . Quarante ans n'ont pas effacé ces images insoutenables : " Je me souviens du terrible spectacle d'un grand groupe de blessés devant être refoulés . Matraque en main , les tirailleurs sénégalais les repoussaient . La masse humaine , criant et implorant , refluait pour éviter les coups . Les noirs frappaient avec sauvagerie , sans pitié , systématiquement , faisant courir les éclopés , faisant hurler de douleur les blessés des épaules ou des bras . Je me souviendrai toujours de cette nuit , au Perthus , où les femmes frappaient aux portes des maisons , implorant un abri pour leurs enfants . Les portes sont restées fermées .
*** En exergue *****
Car on pourrait se dire , après tout , que le camp n'est qu'un mot comme un autre , n'est qu'un lieu comme un autre ..... Mais si le camp existe , ce ne peut être qu'un camp où des être humains sont détenus , et cela change tout ....... Pierre Bourgeade " Le camp " roman , Gallimard 1979 .