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sur 596 notes
Pour ne pas oublier
Souvent mentionné parmi ces listes des 100 meilleurs livres de tous les temps, « le Tambour » est un roman qui ne peut laisser personne indifférent. C'est une brique imposante mais avec un charme certain malgré le sujet.

Tout débute avec un gamin de trois ans, Oskar, qui après avoir vu les adultes se comporter comme des ânes, décide de ne plus grandir en se lançant dans les escaliers. le récit se situe à Danzig (Gdansk) en Pologne, aux premières heures de l'invasion nazie et ce veut une vengeance sur la bêtise humaine en présentant une vision lucide et tranchante des acteurs de la période, corrompus, abrutis et sauvages.

L'auteur utilise son héros-nain comme une racine ancrée dans l'innocence face à l'horreur du monde qui l'entoure. Oskar martèle son tambour et hurle au point de briser les carreaux au lieu de laisser la réalité le traumatiser. Mais il ne peut pas se réfugier constamment et avec lui nous assistons à la déchéance et au chaos d'une ville et ses habitants.

Sans adopter un ton moraliste, ce roman à l'oeil cynique utilise une bonne dose d'étrange et d'humour noir pour capturer la folie de l'époque de la deuxième guerre mondiale et le cancer au coeur de l'humanité qui a permis celle-ci d'avoir lieu. C'est un testament et une oeuvre d'ambiance où la symbolique prime.

Grass a été l'un des premiers auteurs allemands a avoir eu le courage de porter la bannière de la honte. Nobeliste et figure controversée dans son pays, il nous a donné ici une des oeuvres les plus réussies que la culpabilité puisse produire…
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Dans la catégorie du narrateur peu fiable, laissez moi vous présenter Oscar. Refusant de grandir depuis ses trois ans, ce drôle de lascar traverse les bouleversements de la Seconde Guerre Mondiale, tambourinant sur une série de petits tambours pour enfants dont le premier lui fut offert par sa mère, le jour de ses fameux trois ans où il décida de stopper sa croissance en un complot destiné à faire accuser son père putatif.
Déjà à l'époque un fameux lascar...
Le tambour fait partie de ces livres complètement impossibles à résumer ou faire appréhender de façon correcte tant ils forment une expérience à part. Foisonnant, très riche, doté d'un humour tordu et complètement amoral, à la fois étrangement fantastique et allégorique, on a jamais vu un gamin comme celui-là et c'est heureux, et très réel, parce que Dantzig dans ces années-là, comme une bonne part de l'Europe, était destinée à bien des avanies. Cela vous a un petit côté picaresque qui enchante, mais ne rend pas pour autant la lecture toujours très facile. Il m'a fallu un certain temps pour arriver au bout, et à vrai dire bien cinquante pages pour m'habituer au style et si je suis bien contente de cette lecture, je suis aussi fière d'être arrivée au bout !

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Le héros du roman, et narrateur, Oscar, est un nain poméranien (il a à vingt ans l'aspect d'un enfant de trois ans), pensionnaire d'un asile psychiatrique. Il a obtenu de l'établissement l'autorisation de taper sur son tambour (un jouet en tôle, rouge et blanc), trois ou quatre heures par jour; tambour magique qui bat pour Oscar le rappel de ses souvenirs, réels, imaginaires ou plus souvent encore mixtes. Et, à l'aide de son tambour, Oscar évoque dans une épopée à la fois grotesque et grandiose l'histoire de ses ascendants et la sienne propre, c'est-à-dire toute l'époque 1900-1954 en Allemagne et en Poméranie : la guerre de 1914, la période de crise et de folie, la naissance du régime nazi et des escouades S.S., la seconde guerre mondiale et ses suites. Grâce à son tambour, Oscar voyage à travers 'Europe et l'évoque tout aussi magiquement. Sa dernière évocation, à la suite d'une aventure à laquelle s'intéresse Interpol, sera celle de la Sorcière Noire, la mort.
Ce roman est une oeuvre puissante et originale, mélange extraordinaire de réalités et d'imaginations déchaînées par son humour très personnel et ses foisonnantes obscénités. Roman puissant et d'une originalité rare, style extraordinairement adapté aux évocations des grandes folies de l'Histoire et d'un érotisme souvent cru.
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A sa sortie en 1959, « le Tambour » (« Die Blechtrommel ») fit une énorme sensation, à la fois dans son pays d'origine (l'Allemagne) et dans le monde entier. Si nous nous replaçons dans le contexte, finalement, il n'y a pas de quoi s'étonner : l'Allemagne d'après-guerre sortait à peine du chaos, et était encore divisée : ceux qui avaient honte, pour qui le nazisme, ils s'en rendaient compte à présent, était une abomination ; et ceux qui plus froidement, regardaient le passé dans une perspective purement historique, voire pour certains carrément symboliste, ou bien onirique, c'est-à-dire un cauchemar dont on s'est réveillé. Pour les uns comme pour les autres, « le Tambour » fut un choc.
C'est la vision dans les années 50, d'un enfant de trois ans avec un tambour autour du cou qui a hanté l'auteur, alors en panne d'inspiration. Puis l'idée est venue : un récit autobiographique des années noires, mais vu d'en-bas, en contre-plongée, du point de vue d'un gamin haut comme trois pommes. Ce point de vue narratif est déjà, en soi, un pied de nez à l'écriture romanesque traditionnelle. Mais ce n'est pas le seul : Oskar Matzerath (l'enfant au Tambour, param pam pam pam ) écrit ses mémoires du fond d'un asile d'aliénés, ce qui, pour le lecteur, jette un voile d'incrédibilité sur son témoignage. Important quand on pense que le sujet n'est autre que les années 1920 à 1950, période qui pour ce pays en particulier, n'est pas tout à fait anodine… Pour couronner le tout, le ton employé tient à la fois de l'absurde, de la dérision, de la satire, et en même temps du réalisme le plus noir, complaisant dans l'excès, bref il y a de tout dans ce livre, et à haute dose, ce qui donne une impression générale de cacophonie bizarre.
Et c'est bien ce que veut rendre l'auteur : Oscar, du haut de ses trois ans, évolue dans un monde où les idées ne comptent pas, où seules comptent les sensations. Cette innocence lui permet de garder un oeil neuf sur ce qui se passe autour de lui. Il est comme dans un manège où tout tourne autour de lui, mais personne ne sait si le manège va s'arrêter, ni quand, ni comment.
Le roulement du tambour sur lequel il joue à perdre haleine est à la fois un cri d'alarme et un cri pour ne pas s'entendre crier. Oskar raconte tout ce qu'il voit et ce qu'il ressent : les turpitudes de ses proches, ses aventures de tous ordres pendant ses pérégrinations à travers la guerre, il dit tout avec une verdeur pittoresque, certes, mais pas toujours bien venue. Gunther Grass, pendant des années (avant que « le Tambour » soit devenu un livre-culte, et adapté au cinéma), sera en butte à des attaques incessantes pour pornographie, obscénité, nihilisme, sans préjuger de toutes les arrière-pensées politiques qu'on lui prêtées.
Certes, il n'est pas innocent : si « le Tambour » est aujourd'hui considéré comme un chef-d'oeuvre de la littérature mondiale, il faut bien reconnaître qu'il n'est pas à mettre entre toutes les mains, et que Oskar n'est pas un modèle comme Tom Sawyer ou Oliver Twist…Quant au point de vue politique, ce n'est pas tant les nazis ou les antinazis que vise Grass, c'est plutôt l'atmosphère d'ignorance, de résignation, de veulerie, de pusillanimité du peuple allemand qui a laissé le chemin libre à Hitler et ses comparses.
« le Tambour » est un de ces livres dont on a du mal à se remettre : la lecture n'est pas spécialement difficile, mais il faut s'habituer à ce style éclaté, et surtout à ce ton d'ironie mordante, vacharde qui vous fait souvent rire jaune et penser : oh ben là il y va fort. Mais passé ce petit effort de concentration, je vous garantis que vous serez emballés par le mouvement et la puissance évocatrice du roman.
Et si vous n'avez pas tout saisi, allez voir le film de Volker Schlöndorff, qui en est la meilleure illustration.

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un protagoniste qui fait chier a tout le monde sauf au lecteurs
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Oscar, enfermé dans un hôpital nous raconte sa vie. En partant de ses grands parents. L'événement majeur est la décision prise par Oscar à trois ans de ne plus grandir, et il provoque une chute dans la cave pour fournir une pseudo explication au phénomène aux adultes. C'est ainsi qu'âgé sans changer d'un pouce de trois ans, et équipé d'un tambour dont il joue avec frénésie qu'il traverse l'approche de la deuxième guerre mondiale et cette dernière, qu'il vit la mort de ses proches. Il finit un jour, devant la tombe de son père officiel, et l'armée rouge occupant Dantzig, par dépasser le stade de trois ans, même s'il ne trouve jamais la taille d'un adulte.

L'histoire du petit garçon qui ne voulait pas grandir, qui fuit les horreurs d'un monde qui entre dans la folie en refusant de devenir adulte, la description de cette période déjà tant décrite d'une autre façon, décalée, puisque c'est un enfant très jeune qui voit les choses, est une idée forte. Une façon d'aborder la deuxième guerre mondiale différente, qui permet d'évacuer le pathos et le trop de tragique et de douloureux. Se mettre à la hauteur d'un garçon de trois ans change sacrement la vision des choses.

Je dois toutefois avouer que je n'ai pas été subjuguée par ce livre, comme je le pensais. Je crois que je l'aurais adoré il y a une vingtaine d'années, et que là, je ne sais pas si c'est moi ou le livre qui avait vieilli, les deux un peu sans doute, mais j'ai trouvé le point de départ du roman au bout d'un moment un peu artificiel. Il y a des passages qui m'ont touchés, et je me suis ennuyé à d'autres endroits, globalement j'ai trouvé le livre un peu trop long, surtout dans la partie dans laquelle Oscar a renoncé à ses trois ans.
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Je me suis attaqué avec modestie à ce monument de la littérature mondiale et je n'ai pas été déçu, des morceaux de bravoure en pagaille (la parade nazie, l'attaque de la poste, l'arrivée de l'armée rouge, et plein d'autres encore), quelques passages néanmoins difficiles à comprendre peut-être dû à ma méconnaissance de la culture et du folklore allemands. L'histoire allemande balayée sur un demi-siècle à travers la vie d'un éternel enfant sous la forme au final d'un conte.
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Un sacré bouquin ! Impressionnant : par sa dimension ( + de 600 pages ! ), par son originalité et ses "morceaux de bravoure ". J'avais été - comme la majorité des gens - impressionné par le film de Schlöndorff ( qui a réussi à mettre en image ce personnage incroyable) vu à sa sortie en 79 - aussi, au début de la lecture je pensais que ce serait un tableau de l'époque (en gros des années 1920 jusqu'au début 50) en un lieu (Dantzig) concentrant les éléments-clefs de l'arrivée au pouvoir des Nazis, leur emprise du territoire (qui n'a cessé de changer de mains au cours de l'Histoire), le tout vu par un "éternel" enfant s'exprimant essentiellement en tapant sur un tambour-jouet "qui dissolvait le Mal en rythme". Et c'est bien cela, certes, mais pas seulement, pas toujours. Je pense que ce livre est l'autobiographie inventée d'un personnage on ne peut plus original (et attachant je trouve, contrairement à certain(e)s critiques ici), mais une autobiographie qui a des liens avec la vie de Günter Grass (le lieu, de nombreux éléments de sa vie et l'époque, presque, puisque Günter Grass était né un peu plus tard que son personnage). Je pense, une fois fini, qu'il faut le lire ainsi : l'autobiographie d'un personnage de fiction, un personnage unique qui ne prétend pas à décrire L Histoire, même métaphoriquement. Si on veut absolument interpréter, je dirais que la piste psychanalytique me semble la meilleure mais l'intention d'inventivité purement littéraire est au moins autant importante. C'est remarquablement écrit (et traduit) et très original, comme peut l'être la perception d'un enfant. Il y a ainsi toutes sortes de surprises et de scènes fortes, pas mal d'humour, d'ironie et d'émotion aussi je trouve. Et je trouve que le récit et le personnage principal sont imprégnés d'une grande mélancolie. La vie de ces personnages est bouleversée par L Histoire. Et si Oscar s'exprime sans cesse par son tambour c'est peut-être qu'il manque de mots pour dire ses émotions face à tout ce qu'il voit.. Difficile (en tous cas pour moi) de comprendre cet Oscar, complexe : fidèle, en amitié et en amour, et fuyant ceux qui transigent. Comme un ange qui comprend les autres mieux qu'ils ne se comprennent eux-mêmes.. J'ai commencé à le lire dans la version "2 tomes" du Livre de Poche puis, ne trouvant pas le tome 2, ai continué avec l'édition de poche du Point. Et je trouve que ce sont les 2 premiers tiers du roman qui sont les plus passionnants (le tome 1 donc) mais il faut le lire jusqu'au bout car on a envie de savoir ce qu'il se passera après, même si il y a moins de scènes fortes et plus d'introspection - le personnage avance en âge - dans le dernier tiers.
Il y aurait de nombreuses métaphores à explorer - notamment en regard de le vie réelle de G.G. - et je pense qu'il y a des études là-dessus, de nombreuses savoureuses citations à extraire. J'aurais beaucoup d'autre choses à en dire mais les longs avis me découragent.. Un livre fort !
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littérature germanique avec ses ambiances, ses décors, ses visages et ses coutumes; tant le livre que le film m'ont ému, intrigué, troublé. Oskar est tout simplement magistral
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C'est un roman difficile. C'est un roman majoritairement narratif. Il y a peu de dialogues. C'est un roman introspectif et fictionnel. C'est un roman adapté au cinéma par Volker Schlöndorff en 1979.
Oscar est un garçon de 94 centimètres depuis l'âge de 3 ans. Il refuse de grandir et joue du tambour. Il raconte sa vie de sa naissance jusqu'au verdict de sa culpabilité dans une affaire de doigt sans corps trouvé par un chien qu'il avait loué. Il peint sa famille - de ses grands-parents à son fils présumé sans omettre ses deux pères - avec un humour parfois poignant. Il décrit la société de Dantzig, ses mutations après les événements rattachés à la seconde guerre mondiale, ses amis. Il y a Bebra, son maître pas plus grand que lui et sa compagne Roswitha issus du monde du cirque. Auparavant, il y a eu le révérend Wiehnke, confesseur de la mère d'Oscar. Et d'autres tirés d'une galerie de personnages étonnants.
Original et curieux.
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