Ce tome regroupe les épisodes 44 à 49 de la série continue ; il fait suite à Lead Poisoning. C'est le huitième tome de la série et il peut être lu indépendamment des autres. Il se compose d'une unique histoire.
La scène d'ouverture est magistrale : Jonah Hex est en train de chevaucher sur une piste quand il se met à pleuvoir des cadavres d'indiens. Il comprend vite ce qui se passe : une tornade dépose à ses pieds les restes d'une tuerie dont il découvre rapidement les coupables. Pas de chance il est tombé sur Quentin Turnbull et El Papagayo (et leurs hommes) qui ont tôt fait de le soumettre et qui l'enterrent vivant en le laissant s'étouffer dans son cercueil. Viennent à passer 2 pilleurs de tombes qui ont la surprise de leur vie en tombant sur un client qui n' pas avalé son extrait de naissance. Jonah Hex se lance sur la trace Quentin Turnbull bien décidé à le tuer. Les choses se compliquent rapidement quand il tombe chemin faisant sur
El Diablo qui exige de lui qu'il emmène Lazarus Lane comme compagnon car son hôte doit accomplir quelques actes de juste rétribution liés aux exactions de Turnbull et Papagayo. Comme un hasard n'arrive jamais seul, il se trouve que Bat Lash jouait tranquillement au poker dans le saloon qu'a choisit Tallulah Black pour s'en jeter un pour la route et quand justement l'équipe de Turnbull arrive en ville juste à ce moment là. le carnage ne se fera pas attendre.
J'ai lu les autres tomes de Jonah Hex et j'ai pris goût petit à petit à ce fils spirituel de
Clint Eastwood version Impitoyable.
Jimmy Palmiotti et Justin Grey ont pris l'habitude nous raconter des histoires courtes et indépendantes, le plus souvent en 1 épisode et parfois 2. Pour cette fois, ils ont décidé de changer de formule et de raconter une histoire sur 6 épisodes. J'ai été déçu par cette aventure pour 2 raisons. La première est que Palmiotti et Gray ont choisi de construire leur intrigue sur des coïncidences trop belles pour être vraies. La suite d'événements se déroulant de manière synchronisée relève du second degré, ou tout au moins de la caricature, au pire d'une paresse scénaristique coupable. La désinvolture avec laquelle ils placent leurs pions (les 4 héros) au même endroit et au même moment m'a horripilé. La deuxième raison réside dans le ton parodique et pas drôle du récit. Jusqu'ici Gray et Palmiotti savaient doser leurs ingrédients : quelques composantes obligatoires du genre western, un héros résistant et asocial avec une moralité élastique, et une légère pincée de second degré pour relever le mélange, sans pour autant basculer dans la caricature. Ici, non seulement les coïncidences impossibles s'accumulent, mais en plus ils dépeignent Jonah Hex comme un être surnaturel, impossible à abattre, capable d'entamer une longue marche dans le désert après avoir été enterré vivant, capable de survivre à plusieurs coups de couteaux et de continuer à se battre, capable d'encaisser des balles et d'être guéri le lendemain. Là encore, c'est l'accumulation de ces blessures sur un très court laps de temps qui fait ressortir l'aspect outrancier de la résistance de Jonah Hex aux blessures. Ces 2 aspects rendent le récit tellement faux qu'il en devient presqu'impossible d'apprécier le mauvais caractère de Jonah Hex et de prendre plaisir à l'étrange relation qui l'unit à Tallulha Black. Et je préfère oublier le retournement de situation finale, une véritable injure à l'intelligence des lecteurs, une coïncidence encore plus énorme que les précédentes, un deus ex machina qui invalide toute l'histoire.
L'ensemble du récit est illustré par
Cristiano Cucina. Son style repose sur des encrages appuyés et lourd et une certaine forme de distanciation par rapport au photoréalisme. le résultat crée des ambiances très réussie. En particulier le visage Tallulah et de Jonah sont d'une laideur repoussante, sans qu'ils soient dessinées d'une manière clinique. Les différentes scènes d'action muettes bénéficient d'une mise en page claire et aérée qui met en valeur l'action et les éléments horrifiques. Chaque scène de combat plonge le lecteur au milieu des coups de poignard et des impacts de balles avec une efficacité douloureuse. Ce monsieur possède un art de la mise en page efficace, imparable et d'une rare évidence.
Jimmy Palmiotti et
Justin Gray auraient mieux fait de s'en tenir à des formats courts d'un ou 2 épisodes. Les séquences vraiment réussies (Tallulah et Jonah dans l'intimité, Tallulah face à de potentiels violeurs, les cadavres tombant du ciel, etc.) sont noyées dans une histoire étirée au-delà du raisonnable, terriblement convenue et impossible à avaler. Il vaut mieux oublier ce brouet infâme et passer à la collection suivante Counting Corpses.