Conte de Noël
Il était une fois un petit garçon élevé par sa mémé (c'est ainsi qu'il l'appelait), dans une petite ville au centre de la Bretagne. Comme la grand-mère était miséreuse, c'est une voisine qui, chaque fin d'après-midi, après lecture, lui déposait le journal local. Et le petit garçon d'être intrigué par une bande verticale haute de toute la page d'Ouest-France. C'était le feuilleton quotidien qui, par l'assiduité de l'aïeule à le parcourir et le commentaire approbateur qu'elle en avait parfois avec la voisine, semblait à l'enfant, riche de toutes les contingences de la vie des grands, qu'il lui tardait de connaître. Ainsi, lire, ce serait cela, l'exaltation de telles découvertes ?
Un peu plus tard, il épanchera son envie d'aventures illustrées par la trouvaille émerveillée des aventures de Pat 'Apouf détective, feuilles soigneusement détachées du Pélerin magazine et laborieusement cousues entre elles pour simuler un album de BD.
Il aimera être malade pour s'entendre lire de vrais récits par la grand-mère.
Aujourd'hui, le petit garçon a grandi, il s'est appliqué à retrouver l'histoire mystérieuse du feuilleton, sous sa forme originelle écrite par une autrice,
Agnès Chabrier sous le pseudo de Daniel Gray.
Pourquoi le néant aurait-il un numéro ?
En fait,
Néant 8, c'est, sur un poteau indicateur, le nom d'un village situé à 8 km, seul souvenir d'une certaine Gaëlle (toute ressemblance avec une mutine membre de ce site ne serait que pure coïncidence) qu'un officier de marine, rescapé de la guerre d'Indochine, au fil d'aventures rocambolesques, aidera à recouvrer la mémoire.
C'est un hameau situé en bordure de la forêt de Brocéliande auquel, depuis, les habitants ont adjoint le nom de la rivière Yvel. Et, à chaque fois qu'il y passe, le grand garçon, riche maintenant de Pléiade à souhait, ne peut se retenir de penser à quelques lignes offertes aux pages d'un journal sur une toile cirée, et ouvertes à tous les possibles.
"Immobile et sans paroles, Gaëlle avait croisé sur sa poitrine une large écharpe de piqué blanc en prenant soin de protéger les roses de son corsage. Insensible à tout ce qui se passait autour d'elle, elle vivait sans notion du temps, sans hâte et sans impatience. le présent qu'elle subissait deviendrait-il un jour souvenir ?"
Un temps retrouvé, pour elle et lui ?