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Citations sur Si j'étais vous (34)

Vous savez comme moi qu'une des causes majeures de l'ennui est l'étroitesse de notre destinée. Nous nous éveillons chaque matin les mêmes, et c'est en vain que des rêveurs de l'antiquité ont soutenu que jamais la même personne ne passe deux fois par la même porte. La vérité est que chaque homme est condamné à vivre dans le même corps, à voir par les mêmes yeux, à comprendre et à méditer jusqu'à la mort par le secours du même cerveau. L'ingénieux supplice de l'identité crée un enfer beaucoup plus subtil que le lieu torride inventé par la superstition. Être éternellement le même n'est pas supportable aux esprits affinés par la réflexion. Sortir de soi, devenir autre, n'est-ce pas là un des rêves les plus intelligents que l'homme ait porté en lui ?
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" Il ne m'arrive jamais rien, pensa-t-il. Cela ne fait pas une vie. Encore moins une jeunesse."
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Trop de choses lui manquaient pour qu'il exprimât les pensées qu'il avait en tête, et tout d'abord, il le savait, une ignorance profonde de l'expérience humaine. C'était, en définitive, à cause de cela que la langue lui résistait. Ce qu'il savait par intuition ne suffisait pas. La souffrance est l'étoffe dont sont faits les livres, et il n'avait pas encore assez souffert pour parler du bonheur.
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- Mon oncle, […] je crois que si vous pouviez me tuer d’un coup d’œil, je serais mort.
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Mais qu’est-ce que croire voulait dire ? Elle croyait que Dieu était présent dans cette chambre et qu’il la voyait. Elle n’en était donc pas sûre ? Elle le croyait seulement ? N’était-ce donc qu’une opinion et une opinion valait-elle la peine qu’on en souffrît à ce point ?
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Eclairé par une lumière à la fois tendre et forte qui se posait sur chaque feuille d’arbre et sur chaque visage avec une sorte d’indulgence, la rue semblait offrir à M. Fruges la faveur d’une complicité secrète, et il se sentit tout à coup pris de grands espoirs, des espoirs de jeune homme que grise la douceur de l’air. Etait-ce parce qu’il se trouvait encore a jeun ? La tête lui tournait un peu et les passants lui semblaient d’une beauté insolite. Il admira le visage humain, non pas avec cette louche convoitise qui empoisonnait ses méditations les plus graves, mais avec un respect qui touchait à la piété.
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Il y a un salut pour les brutes […] parce que leur responsabilité n’est pas entière. Leur vie tout animale est une vie de nature, leurs péchés rudimentaires n’attaquent pas l’âme. Seuls des êtres compliqués comme moi se perdent, parce que le démon voit toujours prospérer ses desseins dans la complication, alors que la simplicité le déconcerte.
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Il trempa les lèvres dans la boisson qu’on venait de placer devant lui et posa le verre avec un petit frisson de dégoût. Tout ce qui touchait à la vie de plaisir lui paraissait mystérieusement ombragé d’une tristesse dont l’amertume était une figure. Ce qu’on appelle s’amuser demeurait pour lui quelque chose de difficile et d’obscur, comme un jeu aux règles multiples.
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Rassemblant ses forces, il ferma les yeux et récita intérieurement une oraison jaculatoire, puis une autre, mais, par un phénomène qui lui était familier, les paroles mêmes de ces prières revêtaient un sens de plus en plus suspect, jusqu’à provoquer enfin des associations d’idées monstrueuses. Alors il s’exaspéra, voulut obtenir de lui-même cette chose impossible qui est de ne penser à rien, vider son cerveau ou tout au moins l’emplir de la pensée de ce vide et par là détourner le flot d’imaginations sensuelles ; toutefois il ne pouvait faire qu’une part minime de sa volonté ne fût de mèche avec l’adversaire.
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La vie, crois-moi, vaut mieux que ce que tu tires. Quelle jeunesse assommante tu auras eue ! Et au nom de quoi ? Au nom d’un ensemble de propositions invérifiables qu’on appelle la foi. N’as-tu pas honte, en plein vingtième siècle, de raisonner encore comme un moine du quatrième ? Tu n’es pas seulement bizarre, tu es ennuyeux. Tu recrutes tes amis parmi les vieillards et les ratés. As-tu un seul ami qui ait ton âge et qui ait du succès, des aventures, et qui soit beau ? Dis ? En ce moment même où tu fatigues ton pauvre cerveau à désarticuler des phrases, songe à tous les rendez-vous qui se donnent dans cette ville…
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