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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est un choc. Je connaissais les tueries des années de plomb, je savais que les dirigeants de tous niveaux avaient des accointances avec la mafia sicilienne Cosa Nostra, mais pas à ce point.
Pas autant de silences, de mensonges, de procès faussés.
Si le peuple italien n'avait que la télévision comme source d'information, alors il était totalement et délibérément désinformé.

"L'auteur reprend la thèse d'une connivence entre les services secrets italiens, sous influence américaine, et de la mafia pour créer une " stratégie de la tension" afin de remobiliser les citoyens autour d'institutions discréditées et d'hommes politiques corrompus. Pas question, en effet, à l'époque, pour les Etats-Unis de laisser basculer l'un des piliers de l'Otan dans le camp communiste.
Bon nombre de serviteurs intègres de l'Etat qui voulaient mettre fin à ce système pervers, hauts fonctionnaires, magistrats ou encore journalistes y laisseront leur vie.
L'auteur déplore que des décombres de la Démocratie chrétienne ait émergé Silvio Berlusconi, qualifié de "caïman" par Nanni Moretti, et qui gouverna l'Italie pendant vingt ans avec les mêmes méthodes." Juillac
Intercalée entre ces pages douloureuses il y a le romanesque. Les personnages tourmentés ne sont pas gais mais il offrent des moments de respiration.

J'admire Simonetta Greggio d'avoir travaillé à révéler des parts de vérité.
Il y a de quoi désespérer des hommes.
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Le premier livre (Dolce Vita) couvrait 1959-1979.
Voici "Les Nouveaux monstres" (titre éloquent). 1978-2014.
Nous y retrouvons le jésuite Don Saverio et sa petite nièce, journaliste d'investigation.
L'histoire continue : attentats, mafia, corruption, meurtres et politique.
Un chant tragique monte de ces pages livrant l'Italie de Berlusconi et toute la complexité du monde qui l'entoure.
Les faits se précisent, ceux qui nous sont familiers, ceux qu'on nous donne aux infos.
Des noms se rappellent à nous (Moro, Falcone...), le voile se déchire (un peu) qui recouvre le Vatican, l'argent sale, la politique qui va, qui vient avec ses laideurs qu'on soupçonne un peu et qui se révèle beaucoup.
35 ans de l'histoire italienne qui amènent à réfléchir sur le pouvoir et les tares y afférant. 35 ans d'Histoire qui sont autant de leçons à tirer.
Leçons qui pourraient aider à une vie meilleure mais cela est une histoire... je l'espère, je n'y crois pas et je relis les mots d'amour d'Aldo Moro dans sa dernière lettre à sa femme, quelle noblesse, quel pied de nez à la mort pour aider la vie.
Le dernier chapitre porte le titre : "Les belles choses" : une infinie injustice, une infinie tristesse, une infinie envie que la vie soit plus forte, voilà la conclusion de ce livre.
Simonetta Greggio nous fait voir et ressentir tout cela grâce à son écriture, son travail de recherche, en un mot sa passion, qui animent cet immense fresque de l'Italie moderne.
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Voila un livre fort , brillant et courageux .
Fort parcequ'ici le ton n'est pas à la demie mesure .
On est clairement devant un témoignage qui revient sur toute une époque de l'Italie , ce pays si paradoxal.
L'on à pas de différences de ton entre les différents sujets abordés ici , c'est un bilan impartial que l'auteur livre .
Brillant , ce livre l'est oui .
Il aurait ètait simple de faire dans le "populaire" sur ce sujet là , privilégiant de ce fait la forme aux dépends du fond .
L'auteur ne fait pas le choix de la facilité et aborde avec le méme sèrieux et le méme souci de profondeur toutes les thématiques de son livre .
Le style est beau , on se laisse porter pendant cette découverte de l'Italie contemporaine .
Un livre courageux oui .
A l'image de Saviano , voila un auteur qui ose aborder des sujets tabous en Italie , qui ose attaquer frontalement Berlusconi .
Oui , voila une oeuvre qui mérite largement qu'on le découvre et que l'on plonge par là méme dans l'Italie contemporaine .
Une trés belle oeuvre , à découvir .
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N°999– Décembre 2015

LES NOUVEAUX MONSTRES (1978- 2014)– Simonetta Greggio - Stock.

Après « La Dolce-Vita » [La Feuille Volante n° 565], Simonetta Greggio reprend le portrait de l'Italie, qu'elle avait laissé après l'assassinat d'Aldo Moro en 1978. On s'en serait un peu douté, le personnage central de ce roman, c'est la Mafia, cette pieuvre qui gangrène tout ce qu'elle touche et notamment la politique et ses cohortes de parasites véreux qui, à tous les niveaux du pouvoir, profitent d'un système juteux. La presse et même le Vatican qu'on attendrait pas forcément ici, font pression sur une population qui, même si elle n'est pas dupe, adule ses dirigeants. En 1993, au plus fort de l'été, Berlusconi était au plus haut dans les sondages, ce qui fait dire à l'auteure, certes sur le ton de l'humour, que dans ce pays « la ligne la plus droite est l'arabesque ». Celui que l'Europe entière s'accorde à regarder comme un triste pantin, inéligible actuellement, refait surface et menace la démocratie. Ici comme ailleurs, tant que les politicards ne sont pas six pieds sous terre, ils chercheront toujours à revenir sur le devant de la scène.

Simonetta Greggio reprend les personnages de son précédent roman, le jésuite Don Saverio, sans doute judicieusement choisi pour les révélations qu'il fait à la journaliste d'investigation, Aria Valfonda qui est aussi sa nièce et qui a peut-être quelques ressemblances avec l'auteure. Il y a entre eux une complicité qui ira s'affirmant dans leur correspondance et leurs rencontres tout au long de ce roman. L'auteure en profite pour évoquer la mort du « Prince Malo », le demi-frère de Saverio pour mettre ce dernier face à ses états d'âme, ses doutes face aux dogmes religieux et aux règles qu'il a embrassés en prononçant ses voeux. Ce roman mêle des secrets de famille avec leur inévitable lot de révélations, non-dits, passions, violences, trahisons, jeunesse et beauté des corps mais aussi les soubresauts meurtriers de l'histoire de la classe politique de cette Italie à la botte de Cosa Nostra, la collusion entre le pouvoir et l'argent, le risque du parti communiste, la loge P2, la naissance de « Forza Italia » en 1994 à la suite de la faillite de la Démocratie Chrétienne, l'ombre inquiétante des Brigades rouges, l'attentat de la gare de Bologne et autres massacres, des mystère et des silences du Vatican dans le blanchiment d'argent omniprésent et omnipotent de la Mafia, et du rôle des papes successifs dans le grand ménage qu'il convenait de faire dans cette institution à la fois rétrograde et conservatrice... Elle met à nu les plaies de ce pays qu'on associe volontiers à la culture, à la beauté des paysages, au farniente ; on aime le peuple italien pour sa langue et son côté baroque mais les tares qu'elle dénonce entachent durablement la démocratie. Un beau gâchis ! On sent, dans les termes qu'elle emploie, et ce malgré la poésie qu'elle met dans ses descriptions, une grande indignation face à la situation de ce pays gangrené par le détournement de l'argent et des marchés publics, les malversations, les carences et la corruption au plus haut sommet de l'État... Elle l'aime passionnément comme sa patrie mais l'a pourtant quitté depuis trente ans.

Il n'y a pas seulement des interrogations sur l'Église à travers ce père jésuite énigmatique et sur les agissements du Vatican, mais son questionnement s'étend aussi à Dieu, sur son silence, son indifférence face à l'injustice et aux crimes qui sont quotidiens, au culte aussi qui lui est rendu dans ce pays très catholique où les assassins pratiquent la peine de mort alors qu'elle est proscrite par les commandements et vont même jusqu'à prier pour l'âme de ceux qu'ils ont fait assassiner.

Ce n'est quand même pas un roman comme les autres puisque, à la place de la traditionnelle et souvent hypocrite formule sacramentelle qui rappelle au lecteur que toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence, elle enfonce le clou et indique au contraire que cette chronique italienne colle au plus près de la réalité, donnant des noms, des dates, révélant des curriculum vitae éloquents, se livrant certes à des interprétations personnelles mais qui ont le mérite d'être pertinentes.

Le style est simple, efficace, souvent poétique et agréable à lire, servant un texte toujours fort bien documenté et précis dans ses révélations et écrit directement en français. Il a constitué pour moi, comme la première fois, un bon moment de lecture.

Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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