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sur 652 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lotto, Mathilde, Chollie et les autres…

Après un premier rendez-vous manqué avec Lauren Groff (Matrix), il me fallait persister et Les Furies, traduit par Carine Chichereau, était tout adapté. Une autopsie du couple et de la réussite US des années 90, en mode trompe l'oeil efficace et addictif.

D'un côté, Lotto, jeune mec beau, brillant et riche, star des soirées étudiantes qui croque la vie et les filles avec Shakespeare pour compagnon, persuadé de son destin d'acteur puis d'auteur ce qu'il deviendra après avoir rompu avec sa famille et ses dollars.

De l'autre, voici Mathilde, « fille solitaire, les yeux baissés comme une putain de campanule timide, alors qu'à l'intérieur, une tornade l'habitait ». Une orpheline un peu mystérieuse et au parcours atypique, qui au premier contact avec Lotto, va déclencher un de ces coups de foudre qui changent une destinée.

Au milieu, Chollie et les autres, vrais et faux amis de fêtes, compagnons de réussites ou de galères, opportunistes ou piliers. Des vies en flous artistiques qui masquent l'essentiel, mais peu importe, c'est l'époque et tout le monde la croque à pleine dents.

« Mais aujourd'hui, la ville elle-même ressemblait à un buffet auquel il pouvait goûter (…) Lotto avalerait tout. Partout, la beauté, l'abondance. Il était Lancelot Satterwhite. Un soleil rayonnait en lui. Et ce magnifique tout, il était justement en train de le baiser. »

Mais entre l'affichage et la réalité, le fossé est grand, et les tourments ou errements du passé refont toujours surface. Suffit de leur laisser un peu de temps…

Au-delà de son histoire et de son habile construction – qui n'est pas sans rappeler celle de Trust – Lauren Groff a un sacré talent de portraitiste tant elle excelle à nous faire entrer tour à tour en adhésion d'esprit avec Mathilde et Lotto.

Au milieu de cette comédie humaine qui tourne au tragique, de cette course à l'ambition et à la reconnaissance, c'est la mécanique des forces et faiblesses du couple qu'elle décrypte, entre passion, appui, faiblesse, non-dits ou effacements, avec en premier plan, le rôle de l'épouse.

C'est réussi, un peu long, mais suffisant pour me donner envie d'une 3e lecture de Groff avec Arcadia qui m'attend.
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Si Les Furies est le troisième roman de Lauren Groff, c'est le premier que je lis de cette Américaine de 39 ans. Mais il donne furieusement envie de découvrir les autres. Car l'originalité de sa construction le dispute à la brillance du style.
Il nous plonge dans l'intimité d'un couple, celui que forment Lancelot, dit Lotto, et Mathilde Satterwhite, dont on découvrira plus tard qu'elle s'appelle en fait Aurélie et que sa mère était poissonnière sur les marchés à Nantes.

La première partie est vue du point de vue de Lancelot, la seconde avec les yeux de Mathilde. Ce qui nous donne deux versions totalement différentes et met tout à la fois le ressenti que l'on peut avoir d'un même événement et le mensonge sous toutes ses formes au coeur d'un livre que l'auteur souhaitait au départ publier en deux volumes, baptisés Destins et Furies.
Tout commence merveilleusement bien pour le jeune couple. C'est la période de la lune de miel, celle de tous les possibles. Lancelot connaît ses premiers succès de comédien. Il rêve de gloire, soutenu par Mathilde. Et même si sa riche famille ne semble pas voir son union d'un bon oeil, il croit en sa chance. D'autant que jusqu'à présent tout lui a souri, baigné dans cette atmosphère joyeuse de la fin des années 60. Aux premiers succès sur les planches, s'ajoutent ceux auprès des filles : « Lotto fut baptisé "Maître Queue". Il serait faux de dire qu'il baisait tout ce qui passait, en réalité il voyait dans chaque fille le meilleur de ce qu'elle avait. »
Mais quand il rencontre Mathilde, il sent que les choses deviennent plus sérieuses, que sa vie prend un tournant. D'autant que sa femme devient bien plus qu'une compagne très agréable, une collaboratrice, une protectrice, une gestionnaire de carrière, apparemment pleine d'abnégation.
Et si les amis s'éloignent peu à peu, peu importe. Car Lotto choisit de se lancer dans une carrière de dramaturge, entend revisiter la mythologie et réussir en tant qu'auteur plutôt qu'en tant qu'acteur. de premiers succès font du bien à son égo, mais l'installent aussi dans une sorte de confort proche de la cécité. Car il ne voit plus la vie qu'à travers le prisme de cette oeuvre qui se construit « Quelque chose se passait tout au fond de lui. Un haut-fourneau qui le carboniserait s'il s'ouvrait. Un secret si profondément enseveli que même Mathilde l'ignorait. »
Imperceptiblement, il s'éloigne de sa femme. À l'image de l'opéra sur lequel il travaille avec Leo, on sent le drame couver, on imagine l'issue tragique. Et si l'on voit bien le dessein de l'auteur qui entend souligner cette descente aux enfers avec les extraits des oeuvres de Lancelot, il faut aussi reconnaître qu'elles rendent la lecture moins fluide… Jusqu'au moment où la version de Mathilde prend le relais.
Ici, les secrets ont un poids autrement plus lourd. Sur les circonstances qui ont conduit cette fille unique de France aux Etats-Unis, sur la relation qu'elle entretient avec son «protecteur», sur la manière dont elle partira à la recherche d'un bon parti. le mariage n'est plus alors une belle histoire d'amour, mais le fruit d'un calcul qui tient davantage de Machiavel que de Cupidon.
Au fil des révélations, le récit devient stupéfiant, fascinant. Très troublant. Entre le personnage lisse et bien-né de Lotto et les failles et la complexité du personnage de Mathilde, Lauren Groff dissèque bien davantage qu'un mariage. Elle fait voler en éclat la légende de l'amour qui serait la «fusion avec l'autre», brise la version trop fleur bleue du rêve américain et radiographie une société qui se cherche des valeurs, une vision. On comprend, en refermant ce livre, que Barack Obama a pris beaucoup de plaisir à le lire. À votre tour…

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Le résumé par l'éditeur :
Ils se rencontrent à l'université. Ils se marient très vite. Nous sommes en 1991. À vingt-deux ans, Lotto et Mathilde sont beaux, séduisants, follement amoureux, et semblent promis à un avenir radieux. Dix ans plus tard, Lotto est devenu un dramaturge au succès planétaire, et Mathilde, dans l'ombre, l'a toujours soutenu. le couple qu'ils forment est l'image-type d'un partenariat réussi.
Mais les histoires d'amour parfaites cachent souvent des secrets qu'il vaudrait mieux taire. Au terme de ce roman, la véritable raison d'être de ce couple sans accrocs réserve bien des surprises.
J'ai longtemps cherché ce que Barrack Obama avait bien pu trouver à ce roman. Certes, la complexité des personnages est intéressante, très travaillée, mais j'ai néanmoins trouvé l'ensemble un peu inégal : tantôt lumineux, souvent ennuyeux. Les personnages sont un peu froids, sans doute trop distants. Une réflexion intéressante sur les non-dits qui gèrent les relations dans le couple mais un texte peut-être trop travaillé à mon goût qui manque un peu de fraîcheur et de spontanéité. Il m'a manqué le souffle. Un rendez-vous mitigé en ce qui me concerne.
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Lotto et Mathilde se sont rencontrés adolescents et s'aiment d'un amour qui durera toujours.
Il est issu d'une famille riche et passe son temps entre filles et fêtes. Enfant surprotégé par une mère omniprésente, elle le protégera toujours lorsqu'il dépassera la ligne rouge, mais ne lui pardonnera pas son mariage avec Mathilde, enfant plus discrète, seule, sans véritable famille.
Lotto se découvrira avec elle dramaturge de talent après des années de galère comme acteur.
Elle l'accompagnera en assurant les revenus du ménage durant la période de vaches maigres et en le soutenant dans son évolution professionnelle, car Lotto est aussi un artiste, fragile, avec une vision idéalisée de sa femme.
Mais la suite nous dévoilera la vision bien plus pragmatique de Mathilde et surtout que le passé cache aussi de nombreux secrets.

Deux tableaux s'affrontent comme deux visions d'une même histoire.
D'abord une version bucolique, vue par Lotto, dans laquelle on plonge avec délectation. On est emporté par ces bonheurs simples malgré leur misère, puis par leur succès.
C'est un véritable plaisir à lire et on se sent comme pénétré par ces personnages dont la psychologie et les attitudes sont parfaitement dépeintes.
Et puis le point de vue change.
Son histoire à elle est beaucoup plus dure et en remontant dans le passé l'auteure remue aussi la vase des secrets enfouis pour le bonheur ou le malheur des protagonistes.
Le style est percutant, épuré. On est avec les personnages, dans leur histoire et dans leur peau à mesure que l'on comprend la profondeur de leurs personnalités.
Comme dirait l'autre, c'est un beau roman, c'est une belle histoire, c'est une romance d'aujourd'hui... avec ses noirceurs aussi.
Ce roman a été considéré par Barrack Obama comme le meilleur de l'année à sa sortie en 2015 (version anglaise) et même si l'ancien président des USA n'est pas forcément une référence littéraire, je lui donne raison à 100%.

C'est en effet un très bon roman, qui mérite votre lecture et n'est pas passé loin de la cinquième étoile...

Yes, you can !

D'autres avis sur d'autres lectures sur : https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Pour qui n'aurait jamais entendu parler de ce roman, sachez qu'il s'agit du roman d'un couple, d'un mariage, en deux parties : Fortunes et Furies, le titre français ayant perdu la première. Lotto et Mathilde se rencontrent à l'université, à vingt-deux ans, et se marient presque aussitôt, au grand dam de la mère de Lotto (diminutif de Lancelot) qui lui coupe les vivres, pour n'avoir pas trouvé la bonne petite épouse, digne de l'héritier qu'il est. Ils vivent donc d'abord d'amour et d'eau fraîche, le roman relate de nombreuses soirées plus ou moins arrosées, et ne nous épargne rien de leur vie sociale.
Lotto se rêve comédien, finit par découvrir, grâce à Mathilde, qu'il a un don pour l'écriture de pièces de théâtre, il sera donc dramaturge, avec un certain succès, et toujours aussi amoureux de sa femme, qui pourtant reste très secrète, de nombreux indices le font remarquer au lecteur (un peu trop, peut-être ?)
Deux-cent trente pages pour développer donc le point de vue de Lotto sur leur mariage, sur des années, jusqu'au clash, avant de passer à la partie concernant Mathilde.
N'imaginez cependant pas une narration linéaire ou conventionnelle, on en est loin, et cette première partie, à part quelques longueurs, m'a cependant intéressée, d'autant que je l'ai trouvé bien écrite.

Ma lecture de la première partie tenait donc essentiellement sur l'attente suscitée par la deuxième, avec quelques agacements dus à la tendance à l'exagération de Lauren Groff, comme quand elle décrit le corps d'un Lotto de quarante ans comme s'il avait dépassé la soixantaine, ou lorsqu'elle en rajoute dans les sécrétions (j'ai rarement lu autant d'évocations de transpiration et d'odeurs associées que dans ce roman). de plus, les personnages ne sont pas très « aimables », au point que leur amour a du mal à être crédible, de même que leurs amitiés. On comprend presque mieux la mère de Lotto qui déteste Mathilde, qu'elle n'a jamais rencontrée !
La deuxième partie donc ? Comme ceux qui ont écrit des avis avant moi, je ne pourrai pas trop en dire, mais, si cette partie ne m'a pas convaincue d'emblée, elle est intéressante parce qu'elle joue sur la dissimulation, et la vérité, ou LES vérités. L'extrême fin éclaire le roman entier, et c'est à mon avis son gros point fort. Ceci explique sans doute la bonne impression qu'il semble laisser généralement aux lecteurs.
Même si une partie propose le point de vue de Lotto, et une autre celui de Mathilde, c'est toujours elle qui est à la place centrale du roman, la personne qu'elle veut bien montrer et que voit Lotto, celle qu'elle est au fond d'elle-même, qui apparaît dans les détails, et aussi, enfin, celle qu'elle aurait aimé être. Mathilde vieillissante a gagné en épaisseur, en crédibilité, et j'ai commencé à apprécier ma lecture lorsqu'elle était sur le point de s'achever.
La finesse de la psychologie est remarquable, si on ne tient pas trop compte des nombreuses hyperboles, accumulations de malheurs et de situations à la limite du sordide. Ce goût pour le glauque et le sordide est une caractéristique de beaucoup de romans contemporains, et si on n'aime ni cela, ni le rose bonbon, il faut faire preuve de perspicacité pour trouver des romans à notre convenance.
Bon, je ne sais pas si ce billet qui part dans tous les sens vous aura éclairé, disons que ce n'est pas l'enthousiasme qui domine ma lecture, mais au moins, j'ai réussi à finir ce livre qui m'était tombé des mains une première fois, et j'ai compris l'engouement, sans le partager totalement.
Et je me rends compte que j'avais déjà lu un livre de Lauren Groff, un recueil de nouvelles intitulé Fugues, et que mon avis était le même : de perplexe au début à cause de trop de bizarreries, j'avais fini par trouver un intérêt à l'ensemble.
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Voici ce qui fut une lecture particulièrement inattendue. Après avoir souffert pendant une centaine de pages, d'ennui, d'antipathie pour des personnages d'un égocentrisme et d'un vide intersidéral gigantesques, d'un style qui me paraissait confus et maladroit, j'ai, ô miracle, vu la lumière au bout du tunnel ! Ce qui était un marathon-lecture de cinq-dix pages le soir, avant de passer à autre chose, est devenu un sprint qui m'empêchait de lâcher le roman…

Les raisons de ce changement ?

Des personnages qui, en vieillissant, prennent en profondeur et en maturité, se prennent aussi de rudes claques de la vie dans la tronche, qu'il faut surmonter, et en deviennent ainsi beaucoup plus humains et intéressants (surtout Mathilde) ; ce qui a donné lieu, en toute logique, à ma prise de conscience de lectrice de tout l'intérêt de ce début de roman qui me tombait des mains.
Les mises en abyme de l'acte de création par la retranscription des travaux littéraires de Lotto, et le rôle de Mathilde dans ceux-ci ; ce que, étonnamment, j'avais trouvé sans intérêt dans le monde selon Garp, comme quoi…
Une fin toute en ironie tragique, qui rappelle bien la passion de Lotto pour son maître, Shakespeare.

Les furies, ou le bon exemple de roman qui a besoin de temps pour se faire apprécier à sa juste valeur. Je sais à nouveau pourquoi je m'obstine toujours un peu avant d'abandonner une lecture !
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Une énième histoire de couple ? Qui révélera évidemment de sombres secrets, des mensonges et des désillusions ? Bon, pourquoi pas, ma revue chérie "America" me le conseille, Obama aussi (pas à moi en particulier, mais quand même), donc je me lance...aucun regret, j'ai adoré ! C'est en effet une énième histoire de couple, mais l'écriture et l'analyse psychologique des personnages, la construction et l'intrigue m'ont régalée. Les personnalités complexes de Lotto et Mathilde sont aussi passionnantes que profondément touchantes. Je suis ravie d'avoir découvert cette romancière dont je lirai probablement d'autres livres.
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Au cours d'une émission du "Masque et la Plume" consacré aux livres le plus grand bien a été dit de l'autrice Lauren Groff et tout particulièrement de son ouvrage "les Furies". C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de lire son ouvrage. (A noter que l'ouvrage au programme de l'émission du 28/07/2019 pour cet autrice était "Floride).

Sur la quatrième de couverture il est précisé que ce livre a été considéré comme le meilleur livre de l'année 2015 par Barack Obama.
Pendant sa présidence il y a peu de chance que Trump fasse connaître un tel avis! 😃

Ce roman est effectivement excellent mais il met le lecteur un peu mal à l'aise, particulièrement dans la deuxième partie "Furies", réservée à Mathilde.

La première partie "Fortune" est consacrée à la vie de Lotto. Sa vie est racontée de sa naissance à sa disparition : sa jeunesse, la mort de son père, ses relations avec sa mère, sa famille et une bande de copains en Floride puis son "exil" dans le new Hampshire, État dans lequel il fera ses études (lycée et université). Il fut baptisé par ses congénères "Maître Queue"... nul besoin d'en expliquer le motif !
Puis sa rencontre avec Mathilde, le coup de foudre, le mariage, le grand amour. Avec sa manière de parler et de se comporter vis à vis de Mathilde, le profil de Lotto, auteur de théâtre à succès, se résume en machiste, pas très sympathique.

Arrive la deuxième partie du roman Et là le choc ! Mathilde n'est pas du tout la femme effacée, femme au foyer aux petits soins pour le "maître"! En FAIT (expression à la mode utilisée non seulement par les jeunes* mais par les adultes) c'est une drôle de bonne femme, rien à voir avec celle de la première partie : tout a été " manigancé" (expression plus correcte "travaillée") par elle. Pendant toute la durée de leur mariage (moins de 30 ans) elle a manipulé non seulement le grand naïf de Lotto (sauf peut être au regard de sa belle-mère) mais également touts la bande de copains.

En résumé excellent roman , assez déstabilisant pour le lecteur/lectrice.

Ce qui est surprenant dans ce roman, comme dans beaucoup de romans américains, c'est à la fois le vocabulaire, parfois imagé et souvent grossier, pour ne pas dire vulgaire, utilisé majoritairement par les jeunes lorsqu'il s'agit de sexe, ainsi que l'excès de consommation d'alcool en tout genre et de drogue dans les nombreuses soirées estudiantines et autres, et le puritanisme des médias, d'internet, etc... la suppression des écrans d'une oeuvre d'art montrant une femme à moitié nue, un professeur renvoyé pour avoir montré des tableaux célèbres de peintres reconnus à des élèves, etc... incompréhensible.

Lecteur Babélio avez-vous une e explication ?

* ma petite fille l'utilise dans chaque phrase ou presque (CM1)


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Derrière la réussite d'un homme se cache souvent une épouse dévouée ou une muse admirative. Dans quelle mesure Mathilde a contribué au succès de Lotto devenu un dramaturge adulé après une première expérience décevante en tant que comédien ? C'est l'un des sujets développés dans cette histoire de couple qui démarre sur un coup de foudre juvénile et réciproque où chacun voit dans l'autre ce qu'il veut y trouver. Une thématique de départ qui ressemble fort au roman de Gillian Flynn "les apparences", pour finalement explorer la vie d'un duo d'artistes américains face aux aléas de la réussite, de la critique, des jalousies, des amitiés moins fiables qu'il ne semble à première vue.
Le rythme est soutenu, l'intérêt sans faille car les surprises sont nombreuses et arrivent au bon moment pour relancer l'intrigue. Cependant mon avis reste mitigé car j'ai trop souvent à l'esprit d'autres romans du genre comme "tout ce que j'aimais" de Siri Hustvedt ou "un bonheur parfait" de James Salter, d'où j'en conclus un manque d'originalité accentué par le cocktail inévitable -
joints-alcool-sexe qui caractérise tant de romans contemporains.
Hésitation entre trois ou quatre étoiles
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3 étoiles? 4 étoiles? J'hésite... Sans doute inspirée par Lauren Groff herself qui oscille entre pessimisme réaliste et romanesque échevelé.
J'ai préféré la première partie. "Sur-écrite" ai-je lu dans de nombreux commentaires, je confirme. Mais bon je sortais de "Nous rêvions juste de liberté", alors quel bonheur de lire un vocabulaire élaboré dans des phrases complexes.Et puis le héros est quand même un écrivain très cérébral et un tantinet énervant, ce que le style rend parfaitement. Un Gatsby qui aurait réussi: blanc, riche, doué, aimable et aimant. Sans doute connaît-il quelques désillusions mais tout de même! il reste un échantillon à peine agaçant de mâle alpha à qui tout réussit.
Épisode 2: la femme. Et là, je n'ai plus rien compris. J'attendais une relecture de la première partie qui aurait laissé entrevoir les abîmes de toute duplicité conjugale: non, personne ne connaît vraiment celui qu'il chérit... Mais de relecture, il n'y a point. On trouve, au choix:
- des répétitions fadasses qui cherchent à faire passer pour des révélations ce qu'une première lecture à peine attentive avait déjà perçu: ben oui, l'article de journal qui désespère Lotto, c'est bien évidemment Mathilde qui l'a posé là...
- ou alors un autre roman sans lien avec le premier, à base de révélations non-stop, qui m'a furieusement fait penser aux "Deux orphelines" d'Adolphe D'Ennery, mais revisitées par le divin marquis: mort tragique, maison mystérieuse, tuteur sinistre, amant débauché... ouh! La belle Mathilde est une sacrée cachottière...
Bref, disais-je, je ne sais pas trop quoi penser de ce truc. Mais j'ai bien aimé ce que je crois en être la morale: les Furies ne résistent pas au pardon. En renonçant à sa vengeance, Mathilde consolera peut-être un peu l'enfant inexcusable (en tout cas inexcusée) qui pleure en elle.
Bon allez, hop, 4 étoiles, pour l'ambition et les fulgurances...
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