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Citations sur Désobéir (88)

Le moi n’est pas une entité fixe, unitaire, il est un « deux-en-un », dit Arendt ; il est le nom d’un décalage.
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Les images des tyrans vautrés dans le plaisirs n'y changent rien. En cédant en lui a de plus vil, l'homme injuste a perdu son compagnon le plus intime : lui-même. Et ce n'est qu'au prix du mépris secret de soi qu'il remporte ses faux triomphes.
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Morcellement des tâches, segmentation des activités, le monde technico-bureaucratique fabrique des individus moralement anesthésiés. Eichmann travaille dans son bureau sur des chiffres et des noms, il signe des listes, il fixe des horaires. Et, parce que l'administration multiplie les médiations, les hiérarchies, il est physiquement et mentalement coupé de la catastrophe humaine qu'il provoque chaque jour. Ou plutôt, cette fragmentation technique de l'action l'aide à rester aveugle. Chacun se concentre sur son petit bout d'activité, et la monstruosité de l'ensemble n'est visible par personne.
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Le cynisme est une sagesse de la provocation qui prend comme cible privilégiée les coutumes, les conventions, le conformisme généralisé. Sa critique n’emprunte pas la forme d’une contestation théorique, ni d’une démonstration formelle. […] [Le cynique] refuse tout confort, matériel ou moral, passe son existence à aboyer contre la stupidité sociale, et c’est en menant cette vie de chien qu’il dénonce l’hypocrisie, qu’il ridiculise toute hiérarchie.
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Le secret de l’obéissance pourrait tenir, non dans une ferveur, mais dans une inertie passive. L’obéissance aux lois ? C’est un produit de l’habitude, une habitude renforcée par le suivisme.
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Hölderlin éclaire la pièce [Antigone] de Sophocle d’une lumière différente. Ce qu’il appelle « tragique » n’est pas constitué par le choc des légitimités, mais par ce que poétiquement il nomme « détournement des dieux ». C’est le tragique de l’ « athéisme » en ce sens particulier que construit Hölderlin : l’athée, ce n’est pas celui qui nie Dieu, ou bien celui qui ne croit plus. L’athée, c’est plutôt celui en qui Dieu ne croit plus, qui se trouve privé de sa présence, de son soutien. A-theos : il se retrouve sans Dieu. C’est la condition tragique d’Antigone : au prix de sa vie, de son souffle elle assure à son frère les rituels exigés, les prescriptions sacrées. Mais qui sait si les dieux en sont reconnaissants, qui sait s’ils ne se sont pas détournés de cette famille maudite […] ?
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Dès qu'on parle de "résistance" à l'occupant nazi, on pense spontanément à l'héroïsme de maquisards armés faisant sauter des trains ou des ponts, attaquant par surprise des bataillons allemands isolés. Ces actions d'éclat nourrissent l'imaginaire de la résistance. Tout le travail de Jacques Semelin consiste dans son livre à souligner l'importance, et même l'efficacité de formes de résistance moins visibles, plus sournoises : boycottages, travail au ralenti, démission quand on est fonctionnaire, négligences calculées - "chvéïkisme" systématique. Entre la collaboration franche et la résistance armée, une troisième voie existe, une conduite intermédiaire, une "accommodation" certes à la situation de soumission, mais une accommodation revêche. L'obéissance devient rétive, désengagée - on met le moins de coeur possible à l'exécution des ordres -, et résistante.
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Chacun obéit toujours plus que ce qui est véritablement requis par la situation de soumission. Et c’est cet excès qui fait tenir le pouvoir politique. Si les individus étaient seulement et simplement soumis, il ne tiendrait que quelques secondes […].
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[Avec la soumission ascétique] il ne s’agit pas de désobéir « activement », mais d’obéir le plus mal possible ; on parle de soumission « ascétique » pour dire qu’il ne s’agit pas d’une simple négligence passive ou d’une inertie -même si cette inertie peut représenter une force de résistance explosive, comme on voit avec le personnage de Bartleby chez Melville qui, sans jamais désobéir, « préfèrerait ne pas… »-, mais plutôt d’un travail d’épuration par lequel je m’efforce d’éliminer tout ce qui, dans mon obéissance, pourrait signifier un commencement d’adhésion.
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«Pendant des siècles, les hommes ont été punis pour avoir désobéi. A Nuremberg, pour la première fois, des hommes ont été punis pour avoir obéi.» H.Arendt, Journal de pensée
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