Le bel âge après tout, c'est celui où l'on sait à quels rêves on tient le plus ; celui où l'on peut encore en réaliser quelques-uns.
Le plus dur dans le malheur, ce n’est pas tellement d’être malheureux, c’est de se trouver privé de son minimum vital d’insouciance, de ce recours au rire ou, mieux encore, au fou rire salutaire qui fait sauter vos circuits et vous laisse pantelant, exhalant un de ces soupirs qui délivrent des pires tensions. Le malheur est désespérément sérieux.
Le non-vécu se pare d'un redoutable attrait.
L'amour, c'est comme le soleil, ça ne s'engrange pas.
Il faut savoir être infidèle aux autres parfois pour ne pas l'être à soi-même [...].
Quand la vie tient ainsi tout entière dans l'instant et qu'on parvient à oublier tout le reste, on atteint peut-être la plus intense forme de joie.
À bord, les marins-pêcheurs vivent en système communautaire et sont payés à la part, selon les résultats de chaque marée. Gauvain se montrait très fier de ne pas être un salarié.
Chez lui on privilégiait la compétence, l'honnêteté, le courage ; la santé était une qualité et la fatigue une tare apparentée à la paresse. On mesurait un travail à son utilité, jamais à la peine qu'il coûterait ni au temps qu'il y faudrait.
Chez nous, Parisiens qui flirtions avec l'avant garde artistique (mon père éditait une revue d'art moderne), l'honnêteté passait pour une vertu un peu ridicule, sauf pour une bonne. On avait toutes les indulgences pour les ratés ou les oisifs s'ils avaient de l'esprit et savaient s'habiller, et un certain attendrissement à l'égard des alcooliques mondains assorti de mépris pour les poivrots de village.
Je me découvrais des aptitudes toutes fraîches pour le bonheur et une propension inattendue au rire et à la légèreté. Car le plus dur dans le malheur, ce n'est pas tellement d'être malheureux, c'est de se trouver privé de son minimum vital d'insouciance, de ce recours au rire ou, mieux encore, au fou rire salutaire qui fait sauter vos circuits et vous laisse pantelant, exhalant un de ces soupirs qui délivrent des pires tensions. Le malheur est désespérément sérieux.
Et ces simples mots me bouleversent. Il m'a tout offert et ne m'a jamais rien demandé et il a besoin que je lui dise oui, là,tout de suite. Sa détresse, si rarement visible, m'émeut. Il me semble en continuant d'aimer Gauvain que j'obéis à un sentiment très pur, car seul un amour authentique peut expliquer que les obstacles ne nous découragent jamais.
- Qu'est-ce que tu veux que j'écrive ? Ils se couchent, ils se lèvent, ils se recouchent, il la baise et rebaise, il la comble, elle le fait reluire, il lui fait des yeux de merlan frit...
- Normal pour un marin !
- Tu as tout sauf les yeux de poisson.
- Les thons ont de beaux yeux, tu sais, noirs bordés d'argent. Dans l'eau je veux dire. Tu les as jamais vus vivants, toi, tu peux pas savoir.