Le Pays de Galles au 6ème siècle de notre ère, peu après la fin du règne du Roi Arthur (si vous pensez que le Roi Arthur était Gallois, mais ceci est un autre débat...).
Gwernin est un raconteur d'histoires, jeune au temps où se déroule cette histoire, âgé au moment de les raconter. Il raconte d'ailleurs ses histoires comme le ferait un de ces conteurs que l'on imagine, il y a plus de mille ans ou tout simplement quelques décennies, alors que toute la maisonnée est rassemblée autour de la cheminée un soir d'hiver sombre, froid et humide.
Chaque chapitre du livre est tel une de ces veillées, au cours de laquelle Gwernin, maintenant un conteur émérite, se remémore un épisode de ses débuts, du temps où il n'était qu'un jeune aspirant conteur. Ses souvenirs sont racontés dans l'ordre chronologique, mais sous forme de courtes vignettes, le conteur se concentrant uniquement sur les péripéties qui valent la peine d'être racontées... A la fin de la veillée (désolée, je voulais dire le chapitre...), Gwernin clôt son histoire avec la même phrase: « Mais ceci, ô mes enfants, est une histoire pour une autre fois », comme une porte entre le temps (et la réalité) de l'histoire et le temps (et la réalité) d'aller se coucher en se demandant quelle histoire nous apportera le lendemain. Ce rituel du conte est partie intégrante de l'art de conter telle qu'il est pratiqué par de nombreux conteurs traditionnels et il m'a aidé à entrer dans l'histoire et l'écouter plutôt que la lire ...
Et il est probablement important d'écouter, car l'auteur a réalisé un important travail en cherchant à utiliser les structures grammaticales du Gallois tout en écrivant avec des mots anglais. Cela confère à l'ouvrage une mélodie toute particulière. de même, l'utilisation de mots gallois, juste assez pour donner une couleur locale à l'histoire sans en entraver la compréhension, est agréable, et j'ai aimé reconnaître certains mots qui me sont un peu familiers !
Un livre à lire pour sa mélodie douce et surannée, et pour se souvenir d'un temps plus accessible par l'imaginaire que par les faits historiques. Une imagination qui nous permet de nous rapprocher d'une époque mythique et bien peu documentée directement. Peut-être est-ce pour cela qu'elle conserve d'ailleurs une place si importante dans notre mémoire collective.
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