Le Poids de la neige

On va s'en sortir, annonce Matthias en brandissant le livre qui était sur sa table de chevet. La panne, ton accident, ce village, tout ça, ce ne sont que des détours, des histoires incomplètes, des rencontres fortuites. Des nuits d'hiver et des voyageurs. (p. 208)

Je voulais revoir mon père, je voulais changer le cours des choses et j'ai échoué sur toute la ligne. Mon père est mort avant que je puisse lui parler et, quoi que je fasse, quoi qu'il m'arrive, je resterai toujours, comme lui, un mécanicien. Les grands choix de ma vie ont été faits il y longtemps, je dois composer avec eux. (p. 191)

ça fait longtemps que j'ai perdu la notion du temps. Et le goût de la parole. Personne ne peut résister au silence, enchaîné à des jambes cassées, un hiver, dans un village sans électricité. (p. 20)

Mathias cuisine sans cesse. Comme s'il tentait de combler le vide en préparant de quoi remplir nos estomacs. (p. 150)

Je me recroqueville pour conserver ma chaleur. Je suis comme tout le monde. Je suis incapable d'admettre la possibilité de ma propre mort.

Les glaçons de la corniche découpent le décor en bandes verticales. Il fait beau, la neige reflète le bleu du ciel. Les aiguilles des pins sont figées par le froid.
Quelques flocons errent entre le ciel et la terre. Je ne sais pas d'où ils viennent.
Ils sont portés par la brise et semblent ne jamais vouloir toucher le sol. Comme des météores qu'on verrait passer de près sans qu'ils menacent de s'écraser sur nous.

Parfois ses phrases se chevauchent et s'emmêlent. Comme s'il était pressé de dire les choses, de crainte qu'elles changent avant qu'il ne les raconte. (p. 87)

Je me couche en boule (...) comme un chien errant qui ne fait plus confiance à personne. Ce soir encore, je pense à mes oncles et à mes tantes. Je les imagine rire de la démesure de l'hiver et je me dis que l'entêtement finit par avoir raison de tout. (p. 184)

Je suis comme tout le monde. Je suis incapable d'admettre la possibilité de ma propre mort. (p. 204)

Une vieille remise attire mon attention sans que je sache trop pourquoi. Comme si les espaces de travail et d'entreposage m'avaient toujours été plus familiers que l'ordre et le confort des demeures. (p. 224)