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Aïe Tolian !
Une mère, la Nikolaïevna craint comme la peste par son entourage y compris famille proche ,
Un père tchétchène qu'il aime, vite remplacé par son père biologique ,capitaine des RVSN( Les forces des fusées stratégiques de la Fédération de Russie ) que personne n'aurait voulu avoir comme père, qui refait surface pour la première fois sept ans après sa conception,
Un frère , tout son opposé mais avec lequel il est comme cul et chemise pour le meilleur et le pire,
Des potes aux surnoms irrésistibles pour lesquels il est toujours prêt à se sacrifier,
Et une vie qui ne manque pas de pep dans un contexte de violence, drogue , alcool, ….et de MUSIQUE , et c'est cette dernière qui le sauvera.
De Rostov-sur-le-Don à Dortmund, de 1990 à 2010 l'étonnant parcours d'un célèbre rappeur , dont le passé fait resurface à la suite d'une rencontre inattendue, celle d'une certaine Maïka avec qui il gazouillait dans le temps…..et au coeur duquel se niche une histoire d'amour pas comme les autres,
« Je sais, il y en a qui aiment aimer selon leurs moyens,
Mais là c'est un amour à faire exploser un putain de coeur.
Tu es à côté de moi... c'est la plus purextase !
Tu es à côté de moi… c'est la plus purextase !
La plus Purextase !

C'est le deuxième livre de Guelassimov que je lis, et à vrai dire très surprise, de par le style , le ton , et le sujet très différent du premier lu , « Les dieux de la steppe », une plongée historique dans la Sibérie de l'après-guerre, décrite avec beaucoup de poésie . Même s'il y a l'humour ravageur en commun , ici on s'approche un peu plus du style violent de Zakhar Prilepine , un autre auteur russe que j'apprécie aussi beaucoup bien que l'oeuvre de ce dernier soit plutôt asphyxiante tant elle est chargée de haine, de mépris et de dérision comme l'asséne aussi Guelassimov. Une prose énergique, faites de phrases courtes, où malgré la violence, la tendresse pour ses personnages et l'humour qu'il emploie comme une arme pour résister à l'horrreur, en font un livre jubilatoire. L'auteur alterne magnifiquement l'inhumain et l'humain ne laissant pas de place au désespoir dans un pays pourtant ravagée par la misère, la détresse , l'absence de perspectives à plus ou moins long terme.
Beaucoup aimé !

“…. je me suis dit que la vie en soi ne méritait pas qu'on se casse le cul pour elle. Elle n'acquiert une véritable valeur que lorsque tu commences à piger les choses. Quand tu piges ce qui te rend heureux, ce dont tu te moques, ce qui compte pour toi et pourquoi exactement — comme autant d'items sur une liste —, tu as parfois envie de te pendre. Seules ces choses, si tu les as pigées, font que ta vie mérite d'être vécue.”
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C'est l'itinéraire d'un enfant pas gâté, celui qui se sent "la lie de la lie de Rostov".
Et là, je vous parle de Rostov-sur-le-Don, et pas d'un autre, car il y en a plusieurs en Russie.
Et Rostov-sur-le-Don, dans le Caucase du Nord, au milieu des années 90, c'est un véritable paradis mafieux, bagarres, combines bizarres, meurtres en tous genres, trafics, drogue et tout ce qui s'ensuit, et les gangs de s'entre-tuer férocement !
Bref, le chaos complet dans cette Russie post-soviétique, livrée à l'anarchie, et dans une région où le conflit tchètchène, qui bat son plein, fait des ravages et laisse ses épouvantables traces.
Et l'auteur de nous en tracer un tableau sidérant de réalisme.

L'adolescent Tolian se retrouve donc pris dans cet engrenage de violence, entraîné qu'il est avec ses potes dans cette spire, sans arriver à se détacher de ce climat mortifère, d'autant plus qu'il se came jusqu'à l'os... heureusement pour lui, il a un don, Tolian ... il a la musique dans la peau, et il saura enfin remplacer la seringue par le flux salvateur de son rap.
Alors, de la perdition, il va passer à la reconstruction pour finir par la rédemption.

On sent Andréï Guelassimov dans l'urgence en nous livrant son récit, dans un style alerte et incisif, mais aussi plein d'humour, n'épargnant pas la violence au lecteur, mais sachant aussi exprimer la tendresse, et n'oubliant pas la poésie, tout cela avec une analyse sans complaisance de la nature humaine, s'attachant à chacun de ses personnages pour leur donner chair et âme, ce qu'il réussit parfaitement.

Et avec le flow final libéré par Tolian, c'est un formidable hymne à la vie que délivre l'auteur, dont l'optimisme peut paraître quelque peu excessif, mais même si c'est un peu simpliste, cela fait du bien d'y croire !
Allez frère, faut venir écouter ça, c'est la Purextase !


Je remercie Babelio pour l'attribution de cet ouvrage lors de la dernière Masse Critique, ainsi que les Editions des Syrtes qui m'ont en outre adressé une carte postale accompagnée d'un sympathique message.
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Livre en 3 parties : Pistoletto, Tolia, Booster
Ces trois noms sont en fait une seule et même personne vue à des époques différentes de sa vie.
Dans la deuxième partie du livre, la psychologue conseille à notre personnage de remplir un tableau composé de 5 questions pour l'aider à manifester ses émotions et ainsi sortir de l'enfer de la toxicomanie... Mais on n'est jamais ex-toxicomane n'est-ce pas ?
Je vais reprendre ces questions pour rédiger ma critique.
1) Evénements (succinctement et précisément, ce qui est arrivé) : J'ai lu Purextase d' Andreï Guelassimov aux éditions Des Syrtes
2) Qu'est ce que j'ai ressenti : de la compassion pour le personnage principal, de la curiosité pour savoir comment il s'en est sorti et devenir Booster (célèbre rappeur russe) , de l'émotion avec la superbe plume de l'auteur (à la fois poétique et tellement réaliste)
3) Réactions de mon corps (expressions faciales, respiration, réactions musculaires) : Augmentation du rythme cardiaque à certains moments, respiration irrégulière, visage crispé tout au long de la 1ere et de la 2eme partie et ensuite relâchement et apaisement dans la 3eme partie
4) Comment ai-je réagi ? Qu'ai-je pensé ? Qu'ai-je fait ? : J'ai réfléchi à l'absurdité de la vie. J'ai compris que personne n'est jamais complètement heureux et ce qu'importe son statut social. J'ai refermé le livre, très satisfaite de ma lecture et soulagée. Tout le monde peut avoir la possibilité d'une renaissance, d'une rédemption... Faut accepter ses faiblesses et en faire une force !
5) Qu'aurais-je pu faire différemment : J'aurais pu ne jamais lire ce livre s'il n'y avait pas eu Babélio et la masse critique ... et passer donc à côté de ce roman percutant, brutal mais nécessaire !
Je voudrais parler aussi de cette magnifique couverture... Il s'agit d'une illustration d'Ivan Sollogoub. Si vous prenez le temps de regarder le travail fait par cet artiste, vous verrez que chacune de ses oeuvres est sublime. Noir, poétique, nostalgique, onirique, sombre ... Tout ce que j'aime !!
J'aimerais terminer en remerciant vivement babélio et les éditions Des Syrtes pour l'envoi de ce roman et la confiance qu'ils m'ont accordée.
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Le lecteur qui aura, comme moi, entamé la lecture de Purextase après s'être enthousiasmé par La rose des vents, ne peut être que curieusement bousculé par le grand écart opéré par Andreï Guelassimov. En refermant le livre, il aura peut être le sentiment que ces projets littéraires très différents suivent pourtant un même fil: celui de reconstituer, autour d'un personnage principal comme ballotté par le destin, mais accroché à sa bonne étoile, une portion de l'histoire russe.

Ce personnage, Booster, est inspiré du destin d'une star du rap russe, Basta de son nom de scène, assez fidèlement si j'en crois l'obscure page Web en .ru que j'ai pu consulter sur sa biographie (et qui a au passage infecté mon téléphone d'un sympathique virus... Ah les bad boys russes !!)
Ballotté par le destin car né dans les années 80, ado en pleine guerre de Tchetchenie, dans une ville contrôlée par les mafias où drogues et armes circulent si facilement.
Accroché à sa bonne étoile, la musique, reçue en héritage de sa grand mère "bab" Nikolaievna.

Car avant de devenir Booster, ultime réinvention de lui même, nous rencontrons au fil des pages Pistoletto, jeune ado paumé de Rostov sur le don, et Tolia, troudniki qui cherche sa pénitence dans un monastère de la région de Pskov.
Alors que le héros de la rose des vents partait sur les mers pour sonder l'embouchure du fleuve Amour, Anatoli, narrateur de ce roman rédigé à la première personne comme un témoignage, embarque pour une odyssée d'une autre nature dans la Russie des années 90 2000. Odyssée sans retour au pays de la toxicomanie, mais non sans espoir et sans rédemption, où l'amour a aussi sa place.

C'est donc un style tout à fait différent qui guide la plume de l'auteur, bercée du "Flow" du rap qui marque les années 90 et rythmée par le chaos qui règne dans la vie de son personnage, et dont il va réussir à s'extraire. Purextase est un roman enthousiasmant, d'une grande qualité littéraire, férocement drôle et profondément spirituel.

J'ai été marquée par un extrait de l'article du site Russia Beyond que j'ai consulté en cherchant des informations sur le fameux Basta: "Les paroles du rap russe sont, étonnamment, presque toujours centrées sur les thèmes du sens de la vie, de la signification et de l'influence de l'amour et de la haine, des relations entre hommes et femmes et des dures réalités d'une jeunesse dans une société post-soviétique en ruine".
Cette description me semblait résumer assez fidèlement l'objet de ce roman de Guelassimov. Il me semble que par sa plume, grâce au travail des éditions des Syrtes, le lecteur français peut accéder à un peu de Russie, de la plus noble façon.
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Ayant beaucoup aimé « La Rose des vents », c'est avec joie que je me suis lancée dans la lecture de ce nouveau roman du même auteur. Premier constat : Andreï Guelassimov est un romancier très éclectique, car « Purextase » n'a rien à voir avec le roman d'aventure, même revisité à la sauce moderne qu'était « La Rose des vents ». Cela étant, ce n'est pas un péché, loin de là, du moment que le texte est de qualité. Or c'est bel et bien le cas. Purextase narre la jeunesse pour le moins agitée de Tolian-Pistoletto, glandeur rostovite qui se passionne de rap, jusqu'à son ascension chaotique vers le succès et une nouvelle incarnation : il deviendra Booster, star incontournable dans son pays (Guelassimov s'est inspiré de la vie de Basta, véritable rappeur russe, qui prête les paroles de ses vraies chansons au Tolian-Booster de la fiction).
Le talent d'écrivain de Guelassimov est patent dans la maîtrise avec laquelle il sait passer de la peinture des errances sous stupéfiants du jeune Tolian-Pistoletto à sa désintoxication dans un monastère orthodoxe et à ses années moscovites qui le conduisent vers le succès. La palette de sentiments et états d'esprit est très vaste et rendue de façon très crédible, si bien que l'on referme le livre avec pour seul regret sa brièveté. Vivement le prochain !
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Andreï Guelassimov fait le grand écart : après son roman historique « La rose des vents », son nouveau roman nous emmène dans la Russie contemporaine, à travers le destin d'un rappeur russe.

Tout commence dans la ville de Rostov-sur-le-Don, nous sommes dans les années 90, la misère et la débrouille sont le quotidien. Les embrouilles aussi. le jeune Tolia multiplie les coups d'éclats, les plans bancals pour se faire de l'argent. Et la drogue devient, très vite, pour lui, une nécessité.

Mais ce jeune homme a un don, un flow, une capacité à balancer les textes qui cognent, les rythmes qui frappent et font vibrer le public. Sauf que la drogue est une compagne exclusive de tout le reste…Comment faire pour gérer cette addiction ? La musique ou l'amour sont-ils suffisants pour contrer cette extase psychotrope ?

Ce roman est un vrai coup de coeur. Par son style percutant, sa structure non linéaire - trois chapitres se centrant sur trois étapes de la vie de Tolian - donnant un rythme trépidant au récit.

Coup de coeur aussi pour ce personnage de Tolian inspiré du rappeur Basta. Jeune homme débrouillard, au grand coeur mais à l'embrouille facile. Jeune homme perdu face à son addiction, apprenant à vivre avec et sans. Personnage haut en couleur, imparfait et si vrai, tout comme sa famille ou ses amis.

Ce livre malgré la noirceur des thèmes abordés comme la pauvreté ou la toxicomanie, m'a fait éclaté de rire à plus d'une reprise. L'auteur profite de ce destin individuel pour évoquer la Russie des années 90.

J'ai dévoré ce roman, plein de vie et de verve, bouillonnant et incroyablement réussi.
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A l'occasion d'une tournée en Allemagne, Booster, rappeur russe à succès, se trouve confronté à une personne ressurgie de son passé qui déclenche toute une série de réminiscences. Voilà le lecteur plongé dans le récit de la jeunesse agitée de Tolian, alias Pistoletto, jeune homme un peu paumé dont l'existence oscille entre le rap et la consommation effrénée de drogues en tous genres, le tout dans un monde qui flirte dangereusement avec les vrais méchants. Suivra une descente aux enfers qui verra Tolian-Pistoletto se métamorphoser en Tolian tout court, puis en Tolian-Booster, musicien de rap vraiment talentueux en route vers le succès.
La midinette en moi a toujours rêvé d'avoir un aperçu in vivo du cheminement vers le succès de telle star de la musique, et Purextase en propose un bel exemple. le lecteur est comme immergé dans cette existence faite de sentiments exacerbés, d'ennui abyssal, de passions puissantes qui proposent une vision de la vie tout sauf angéliste ou simpliste, mais au contraire dessine un chemin ardu qui n'est accessible, le lecteur le comprend aisément, qu'à quelques êtres élus.
une vraie réussite.
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Rap et drogue, voilà les thèmes du dernier titre d'Andreï Guelassimov, Андрей Валерьевич Геласимов, Purextase paru aux Éditions des Syrtes. On est bien loin des problèmes de géopolitique et de l'odyssée maritime de La rose des vents, dont la publication date de la rentrée 2021. Ça peut surprendre, mais l'auteur russe emprunte là une des problématiques de cette fin de XXe siècle, qui touche sans distinction tout le monde et de partout, y compris les braves gens de Rostov-sur-le-don, la plus grande ville du sud du pays. L'auteur s'est inspiré du rappeur russe, Basta, dont j'ignorais tout, à commencer par son existence, de son nom patronymique Vassili Mikhaïlovitch Vakoulenko, Василий Михайлович Вакуленко. Je ne suis pas vraiment férue de hip-hop, je suis tout de même allée écouter la musique de Basta, mais j'avoue que c'est le style de musique qui, à mes oreilles, est interchangeable quelle que soit la nationalité du rappeur en question, qu'il soit français, italien, américain ou russe. Au-delà de mes goûts personnels et subjectifs, j'ai été très curieuse de lire l'histoire qui se cachait derrière ce titre étonnant.

Beaucoup de points communs entre Basta et Tolian notre rappeur en herbe de Purextase : Rostov-sur-le-Don, un père militaire... Mais en dehors de cela, c'est un personnage bien fictif que notre joueur accordéon, qui deviendra l'une des plus grandes stars de rap russe. Enchâssés à un récit au présent qui présente Booster aka Tolian, star de l'Olimpiiski Indoor Arena de Moscou, d'autres chapitres dévolus au passé du chanteur, aux frasques et à la personnalité du jeune homme. C'est un roman plein d'esprit, très drôle, au prime abord, qui m'a réjoui du début à la fin ; je ne compte plus les passages qui m'ont fait rire. Ce roman permet, encore une fois, à Guelassimov de pointer certaines problématiques sociales à savoir le trafic et la consommation de drogue, en premier lieu. Où Rostov-sur-le-Don devient une véritable Naples russe, gangrené par les groupes mafieux qui font du trafic de drogue, leur source de revenu principal, avec la prostitution, et ses inévitables règlements de compte et passages à tabac. La source de cette Purextase, issue de la consommation de la poudre blanche, qui donnent une quinzaine de minutes de plaisir jubilatoire, et le double de douleur physique dans l'attente de la prochaine dose. Le style parfois familier, mais toujours juste, de Guelassimov enlève toute trace de tentative d'envolée tragique ou dramatique, sa façon à lui d'enlever un peu de lourdeur à un monde déjà bien sombre et glauque, où les toxines de la drogue remettent des artifices colorés à ceux embourbés dans la sinistrose ambiante du chômage, d'une économie défaillante, de plans d'avenirs aussi embrumés que la fumée de la Marie-Jeanne qu'ils fument aussi à l'occasion. Les Kolkhozes soviétiques ont laissé la place aux champs de plantation de cannabis, on pourrait en rire, et on en rit en coin d'ailleurs, si derrière cela n'entretenait pas cette addiction mortelle aux psychotropes.

Et c'est sa musique qui va sortir Tolian, devenu Pistoletto, puis Tolia et enfin Booster, du cercle infernal qu'était devenue sa vie : à ce point, je ne sais pas quels sont les points communs avec Basta, mais peu importe. Car Tolian aime la musique, il improvise et chantonne volontiers d'autant qu'il est doué, tout le monde le reconnaît, le pousse, l'incite. C'est ce qu'il le sauvera de la drogue, cette musique aussi irrévérencieuse qu'éloquente, insolente et irritante. D'ailleurs d'un bout à l'autre du livre, cette tendance à blasphémer, m'a frappée, désacraliser les oeuvres d'art, la Création d'Adam de Michel-ange apparaît sous les traits au mieux d'un gribouillage d'enfant à travers les souvenirs du rappeur. Et on poursuit par la naïveté béate du jeune homme, qui dans sa retraite religieuse, ne comprend pas l'indignation dans les yeux du père, qui manque de s'étouffer, après qu'il a introduit un serpent dans l'église. Tout est mis à mal, religion et art, même la mort devient un fait divers comme un autre devant la désinvolture existentielle de Tolian.

Il y a des passages exceptionnels, dont l'un trace un parallèle pour le moins inattendu, et très savoureux, entre le tempo involontaire que marquent les grand-mères du marché de Rostov et le sens du rythme de la musique hip-hop, qui est à l'image de l'ensemble du roman et de Tolian : facétieux et improbable, à l'image de Tolian, un personnage qui se révèle être bien plus complexe que l'image du rappeur frondeur et démonstratif que l'on peut avoir en tête. L'une des autres scènes totalement cocasses, c'est la vue de cet ancien kolkhoze devenu champs de plants de Marie-Jeanne, Guelassimov superpose l'ancienne et la nouvelle Russie, certainement pas pour le meilleur - la drogue comme se révélant être ce nouvel opium du peuple marxiste a remplacé la propagande soviétique et la religion. Et le rap se superpose à tout cela, ayant pris la forme d'une nouvelle religion.

Le rap, ça peut être dérangeant, à travers ses paroles, son rythme, sa mélodie et c'est aussi la manifestation de'une forme de révolte, en secouant, presque brusquant - en tout, cas le rap pur et dur, c'est l'effet que cela me fait - son auditeur, s'imposer, et Tolian l'exprime parfaitement, face à un état qui " me collerait dans le hachoir à viande qui n'offre qu'un seul sort à un jeune gars, que ce soit de la main d'un officier ou d'un Tchétchène armé d'un couteau" : la Tchétchénie, sous la forme des origines du beau-père de notre rappeur, ne manque pas d'apparaître régulièrement à travers le roman. Est-ce que l'auteur considère cette forme d'expression, parfois subversive, comme une nouvelle manière d'exprimer son opposition à un état autoritaire et vorace qui exige son lot de soldats et d'hommes, notamment à travers la guerre de Tchétchénie.

Purextase, la traduction de Чистый кайф, la chanson du rappeur Basta est d'après la traduction que j'ai peu en avoir, une chanson d'amour, ou plutôt une déclaration à la femme aimée, dépourvue de toute dimension politique, mais une allusion franche à la passion amoureuse euphorisante et jubilatoire, à l'image du plaisir procuré par l'ingestion de drogue, une Purextase. Mais истый кайф n'est qu'une source d'inspiration, qui a ses limites, ce que Purextase n'a pas, car c'est une fiction, dont s'est servi Guelassimov pour faire un personnage et une diégèse ambitieuse et universelle, davantage qu'une simple montée d'adrénaline à travers musique, drogue et religion. 



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Voici un roman que j'ai reçu dans le cadre d'une masse critique Babelio et que j'ai dévoré littéralement.

" Incipit :
Novembre 2016, Dormund, Allemagne
La police a rappliqué avec un gros chien, pendant la balance. Mitia a voulu protester, mais les Allemands ne l'écoutaient pas.
le berger allemand reniflait nos enceintes et nos malles. Liocha Jay gloussait nerveusement et menaçait de lui montrer son cul. Sacha tapait sur sa batterie. Ania chantait à tue-tête. Les Allemands attendaient que leur gros clebs trouve quelque chose.
Evidemment, le berger allemand me plaisait. Enfant, j'en aurais voulu un, mais là, ça relevait de l'arbitraire total.
– vous déconnez plein pot, les gars ! ai-je lancé d'une voix innocente au maître du magnifique animal. On a un concert dans deux heures. le dernier de la tournée."

Au début du roman, je ne savais pas vraiment où on allait bien que le titre soit évocateur et le résumé éditeur (voir plus haut) on ne peut plus juste. On suit Tolia à partir de sa jeunesse jusqu'à sa célébrité, ce dernier fait n'est pas un spoil car toutes ces temporalités s'entremêlent. Au début du roman, il donne un concert en Allemagne en 2016 et croise une ancienne connaissance. Alors, il se souvient de sa jeunesse dans les années 96. On comprend rapidement qu'il n'était pas une personne forcément recommandable (d'où la police de l'incipit), ou du moins, qu'il a un lourd passé. Ainsi, la structure du récit et ses différentes temporalités auréolent en quelque sorte le personnage de mystères. Qui est-il? Qui était-il? A-t-il changé? Comment a-t-il fait pour se sortir de tout ça ? J'ai aimé sa construction et son caractère. Même dans les pires moments, je me sentais investie dans son histoire et en empathie avec lui.

J'ai repensé un peu à Transpotting, en plus simple dans sa narration car malgré les aller-retours dans le passé, on suit un seul personnage et l'écriture est plus fluide. Au début, j'ai eu un peu de mal à saisir le contexte car on parlait de la fin de la guerre en Tchétchénie et j'ignorais tout de cette guerre qui a eu lieu quand j'étais gamine (94-96). Je pensais que ça allait être important pour l'histoire et je me suis documentée. Puis on apprend aussi, dès le départ, qu'il a connu son père à sept ans seulement. Auparavant, il considérait Taguir, un Tchétchène, comme son père. Ce début d'histoire ne m'a pas paru hyper intuitif, mais il faut surtout comprendre que ce fut une période de troubles (politique et familial). Bref, ça c'est l'affaire des 30 premières pages. Par la suite, ce n'est plus le sujet. On suit Tolia et sa bande de potes peu recommandables, à Rostov-sur-le-don (Sud de la Russie), dans ses premiers pas musicaux, mais c'est surtout la drogue qui a une importance dans le récit. Je précise qu'elle n'est pas glamourisée, même si Tolia est attachant et qu'il en est dépendant. Sans donner les détails, les péripéties ne donnent pas envie de s'injecter la moindre drogue.

De plus, Rostov-sur-le-don à cette époque est gangrenée par la mafia (certainement suite à cette période de troubles, c'est une certaine jeunesse qui est ainsi décrite). Tolia se retrouve dans des embrouilles à la fois pour ses propres bêtises, mais aussi du fait de sa gentillesse/loyauté envers des amis qu'il devrait éviter pour son propre bien. Même si Tolia n'en a pas forcément conscience au début du récit, il y a le spectre de l'addiction qui est une pathologie dont on ne guérit jamais vraiment. Mais il y a aussi le rap comme moteur de son existence. Malgré tout, est-il possible de s'en sortir réellement ?

Je ne peux en dire plus, mais qu'est-ce que ce fut prenant ! On sait pourtant ce qu'il advient du personnage dès le début du texte, on sait qu'il s'en sort au moins professionnellement/artistiquement, mais cela ne m'a pas empêché d'être pendu au récit. J'ai aimé toutes les parties qui correspondent à des phases clés de sa vie. Quelques passages m'ont marquée, mais les citer serait spoiler.

En bref, j'ai un avis très positif : un thème dur mais traité avec justesse, un personnage attachant, une écriture/traduction percutante, et on ne s'ennuie pas une seule seconde.

Merci aux éditions des Syrtes, j'ai vraiment envie de découvrir leur catalogue maintenant ! ❤
Lien : https://lectoplum.wordpress...
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