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De la littérature nord-américaine Je ne pouvais pas ne pas mentionner le titre de Jakob Guanzon, aux Éditions La Croisée, dans ma sélection : il prend aux tripes, et ce, dès le début, j’ai vite compris que je n’oublierai pas cette lecture de sitôt. Ce roman nous colle à la peau à travers ses phrases et les descriptions de ces moments, effectivement, jusqu’à sentir la sueur acide pleine de désespoir de Henry, les cheveux gras de son fils qui n’a pas connu la mousse d’un shampoing depuis un certain nombre de jours. Jusqu’à la rage et la colère désespérées dans lesquelles il dépense ses dernières forces. Sans parler des moments moites d’extases frelatées et synthétisées des psychotropes dont il se bourrait régulièrement jusqu’à en attendre l’étourdissante autodestruction. 8 mois plus tard, je suis toujours marquée à vif par cette lecture !

De la littérature ukrainienne. De la poésie, et pas n'importe laquelle. Un recueil bilingue, franco-ukrainien, paru aux Editions des Femmes / Antoinette Fouque. Luba Yakymtchouk évoque son pays, ses abricotiers, ses mines, et occupation russe de son pays.

De la littérature brésilienne avec Patricia Melo, paru chez Buchet-Chastel. C’est un roman très fort, son titre éloquent, tranche dans le vif et ne laisse pas planer le doute quant à l’engagement franc et sincère de l’autrice. Un roman, sous forme d'enquête policière, pour se rendre compte à quel point le chemin est encore long pour les femmes, ailleurs comme ici, de vivre sereinement et sans la menace des égos fragiles de certains.

De la littérature russe. Gouzel Iakhina, publiée chez Les Editions Noir sur Blanc, est l'une des grandes voix de la littérature russe contemporaine. Le don de Gouzel Iakhina, c’est aussi cette capacité donner vie à un moment très précis du passé soviétique, et la Volga n’est jamais bien loin, de redonner un peu de beauté entre deux savonnages et épouillages d’enfants, des liens qui se lient entre eux, de ce substitut de famille qui se crée entre quelques wagons, le temps du trajet. Une reconstitution passionnante d'une page d'histoire de l'URSS.

De la littérature italo-albanaise. Ermal Meta, publié chez JC Lattès, a écrit son roman en italien, en revanche, ce dernier est albanais à 100 %. Cette épopée d'un jeune albanais depuis la 2nde guerre mondiale à travers l'Europe et jusqu'aux Etats-Unis a un goût d'inconnu, et c'est aussi pour cela que c'est l'une des belles surprises de la rentrée littéraire. C'est l'une des rares occasions de découvrir un pays, et son histoire, qui malgré son ouverture des dernières années, restent très mal connu en Europe.

De la littérature bosnienne. Agullo Editions nous fait, encore une fois, découvrir un auteur d'Europe de l'est : Faruk Šehic. L'auteur nous accompagne revisiter sa mémoire, spécialement souvenirs de guerre, et les expurger à travers l'Una, une magnifique rivière du pays, qui a connu et abrité le pire. Cela reste un récit d’un homme qui tente de cicatriser – est-il possible de guérir de la guerre – et de désenvoûter son esprit des résurgences importunes d’images et de bruits. C'est aussi grâce à ce livre que je suis allée visiter la Bosnie-Herzégovine cet été, Sarajevo, et ai flâné sur les rives de l'Una, les mots de l'auteur encore en tête.

De la littérature nord-américaine. Un grand merci aux Editions Monts Métallifères de nous permettre, enfin, de lire Thomas Ligotti en français. À bas le monday blue avec ce roman puis ces nouvelles qui donneraient des sueurs aux plus solides : attendez -vous à frissonner jusqu'à l'échine avec la noirceur, et l'horreur, de ces récits. On ne ressort pas indemne de l’œuvre de Thomas Ligotti, paranoïa, obsession, perversité, il maîtrise tous les arcs de la psychologie humaine, mais plutôt de ses côtés obscurs, son extrémisme, ses faiblesses, ses folies, et sa réalité aliénante, fabrique à monstres. Je suis de mon côté totalement adepte de ce genre de récit, vraiment unique en son genre.

De la littérature péruvienne. Gabriela Wiener, chez les Editions Métailié, monte une autofiction - mais à quel point son récit est ficitf ? - sur l'homonymie qui lie sa famille à un explorateur autrichien, Charles Wiener, qui a dépouillé le Pérou de ses reliques. Roman des origines, roman de l’identité, en se penchant sur la vie de cet ancêtre dont elle tient son nom, elle considère d’abord d’un point de vue historique, les interrogations sur ses qualités ethniques au sein du monde : femme, autrice, péruvienne, métisse, indigène, mais aussi hispanophone, bisexuelle, fille, mère, sœur, héritière, compagne, sud-américaine exilée dans une Espagne encore largement attachée à certains de ses préjugés racistes. Un autre roman de la rentrée littéraire à retenir.

De la littérature russe. Mon roman coup de cœur du début d'année 2023 paru aux Éditions des Syrtes. L’auteur s’est inspiré du rappeur russe, Basta, dont j’ignorais tout, à commencer par son existence, de son nom patronymique Vassili Mikhaïlovitch Vakoulenko, Vasilij Mixajlovich Vakulenko. Je ne suis pas vraiment férue de hip-hop, je suis tout de même allée écouter la musique de Basta. C’est un roman plein d’esprit, très drôle, au prime abord, qui m’a réjouit du début à la fin ; je ne compte plus les passages qui m’ont fait rire. Andreï Guelassimov a signé un roman jubilatoire que je relirais - chose plutôt rare chez moi étant donné la hauteur de ma PàL - très volontiers.

De la littérature néerlandaise. Une maison d'édition qui voit le jour, spécialement dans le contexte actuel, c'est toujours une excellente nouvelle, d'autant que Les Argonautes ont particulièrement bon goût ! Je voulais ajouter dans ma sélection ce roman de Marente de Moor, car c'est un titre exigeant, car il recèle quantité d'images et métaphores, et de symboles, autour de là cette 2de guerre mondiale et de l'escrime, qui lui donne une hauteur unique sur son époque. Ce titre porte cette dimension mythique, à l’image de son modèle Hélène Mayer, fleurettiste juive allemande, qui a porté l’art à son meilleur niveau, dont la posture orne la première de couverture du roman, à l’image d’une déesse guerrière.