_Tu ne comprends pas que je suis désespéré. Dieu a abandonné la Russie... La vérité, c'est que je me sens coupable de douter de la grâce divine. C'est pour cela que je bois. Parce que j'ai perdu la foi.
_C'est une épreuve terrible, seuls ceux dont la foi est sans faille connaîtront la Terre promise.
Il n’y aura pas de monde meilleur sur cette terre. Ce n’est qu’un mirage qu’agitent les politiciens de la mystification, les charlatans du bonheur, parce que leur prétendue justice sociale, leur chimérique égalité, personne ne les a jamais vues et ne les verra jamais.
..vous ne pourrez jamais empêcher un homme de penser qu'ailleurs sa vie sera meilleure, et d'être prêt à tout risquer pour y accéder. Quoiqu'il lui en coûte.cela s'appelle l'espoir.
...plus je lis, plus je me désespère de ce que je ne lirai pas.
Je connaissais à l’avance la réaction de ma mère, elle était trop rigide pour me pardonner de lui avoir désobéi et ne pourrait pas digérer cet affront, on était avec elle ou contre elle.
C'était un sentiment diffus, un rejet de cette modernité qui nous pendait au nez, on n'avait pas encore inventé le concept de société de consommation, mais cela n'allait pas tarder, on se dirigeait avec jouissance et délectation vers le grand bazar de l'accumulation, les supermarchés allaient devenir les nouveaux temples où se réuniraient les fidèles du crédo consumériste. Mon père était d'une autre époque, il avait fait la guerre, il était animé d'une envie forcenée de vivre mieux, il était profondément convaincu qu'acheter une télé ou une machine à laver était un pas décisif vers le bonheur. J'étais convaincu du contraire : nous devions résister à cet univers de pacotille, et les Français allaient se lever en masse pour rejeter l'imposture de ce monde mercantile, mais nous n'étions qu'au début du grand déballage, le pire restait à venir.
Tous les parents du monde sont confrontés aux idées contestataires de leurs enfants, à leur envie de jeter à bas le vieux monde pour en construire un où il ferait bon vivre, en général ils font le gros dos, laissent passer l’orage et une fois les années rebelles envolées, la vie reprend son cours, c’est ce que font tous les parents, non ? Ou alors, il n’y aurait plus beaucoup de familles unies.
Je pensais qu’en vieillissant cela lui passerait, qu’il deviendrait juge ou policier, mais il est devenu communiste.
Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les crimes innombrables du communisme paraissent moins graves que ceux du nazisme, sous prétexte qu’ils ont été commis au nom d’un idéal merveilleux qui devait changer le destin de l’humanité.
Combien y a-t-il de livre à livre? Des millions. Plus que d'étoiles dans le ciel. Combien de centaines de milliers de livres passionnants à côté desquels nous allons passer ? [...] C'est pourquoi plus je lis, plus je désespère de ce que je ne lirais pas.