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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cleo, trente ans, est cubaine et poétesse. Ses parents sont décédés l'année précédente dans un accident de voiture. Tous les pays s'arrachent ses écrits, sauf Cuba : Cleo subit en effet de plein fouet la censure de son pays, qui la soupçonne de pactiser avec l'ennemi, comme ses parents dans le temps. Hélas pour elle, la diaspora cubaine émigrée pense de son côté qu'elle est agent du gouvernement cubain. La poétesse vit ainsi profondément solitaire et n'a comme soutien que Màgara, l'ancienne bonne de ses parents, dont elle sait qu'elle transmet des informations sur sa vie personnelle aux services secrets cubains. Un jour, à l'occasion de la visite d'un acteur américain qui souhaite tourner un film sur son père, la poétesse va voir sa vie basculer.
Que ce livre est triste ! Pays lugubre, personnages dépressifs, manipulés ou manipulateurs, ambiance à faire pleurer dans les chaumières.
Pourtant, la dictature cubaine est présentée à l'aire du rapprochement entre Raul Castro et Barack Obama. Une note d'espoir devrait surgir de l'abolition des décennies de persécution castriste. Il n'en est rien. Wendy Guerra dresse un portrait noir de son pays ; plus noir que Leonardo Padura. Les interventions musclées des services secrets concernent-t-elle la seule Cleo ou s'adressent-t-elle à tous les citoyens ? le lecteur ne le saura pas. Elles semblent décalées avec la réalité de la poétesse, suffisamment libre de ses mouvements pour pouvoir se rendre en Espagne, au Mexique, aux Etats-Unis dès lors qu'elle insiste un peu… Pourquoi rentre-t-elle, alors qu'elle sait y subir d'incessantes humiliations ? Quels sont les fondements de son inertie ? Tout cela reste confus et empli de sous-entendus que je n'ai pas su décrypter. Un dimanche de révolution se lit comme une fiction politique orwellienne de pertinence moyenne.
Le rythme lent du roman semble à l'image de la langueur tropicale, de la moiteur de l'air. Il en est ainsi, dans la première partie, de la longue description de la dépression de la poétesse. Tournures de phrases alambiquées, si complexes que j'ai eu parfois du mal à comprendre où voulait en venir l'auteure. Dans un premier temps, cette atmosphère a plutôt excité ma curiosité. Mais j'ai fini par m'en lasser. L'héroïne subit sa vie cauchemardesque alors que ses écrits offensifs sont couverts de prix littéraires. Est-ce une contradiction délibérée de Wendy Guerra ?
Même la relation torride qu'elle vit avec l'acteur fétiche des Etats-Unis est à l'image de sa dépression. C'est lui qui mène la danse. Si le portrait de Geronimo est percutant, l'univers dans lequel il gravite est trop peu décrit pour donner de la force au roman. Les désillusions de l'héroïne, attendues, sont affaiblies par le manque de précisions.
Je suis restée sur ma faim après avoir refermé le roman. Je le regrette, car j'en attendais beaucoup.
Merci à l'éditeur Buchet-Chastel et à Babelio pour l'opération Masse Critique qui m'a permis de découvrir l'écriture de Wendy Guerra.
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La littérature d'un pays peut révéler, d'une manière convaincante et efficace, les réalités de la société décrite par ses auteurs, ses blocages, ses drames, ses souffrances. C'est le cas de Cuba, pays de l'espérance révolutionnaire tiers-mondiste dans les années soixante, puis le théâtre d'un développement inexorable de la répression vis-à-vis de ceux qui « pensent autrement », les dissidents .Roberto Ampuero avait fort bien décrit la perversion des idéaux de l'origine dans son roman « Quand nous étions révolutionnaires. » Zoe Valdès avait évoqué cette situation de l'artiste confronté aux limitations de sa liberté d'écrire dans « Chasseuse d'astres »
Dans Un dimanche de révolution, Wendy Guerra reprend cette thématique, celle de la situation de l'artiste, de son identité face à un régime hostile, omniprésent, s'immisçant sans cesse dans la vie privée des citoyens, au point de l'anéantir ou de la rendre très illusoire.
Cleo est une poétesse, une romancière d'origine cubaine, elle cherche la reconnaissance littéraire mais ne l'obtient guère. Elle est en permanence la proie du soupçon : celui des exilés cubains, qui la prennent pour un sous-marin du régime, et celui des Cubains de l'intérieur, restés dans l'île pour des raisons d'opportunisme, de conformité intellectuelle « Ils voulaient un final épique, dans le style soviétique, car c'était leur référence même s'ils la repoussaient, la niaient et la déchiquetaient dans leurs gestes quotidiens ; telle était leur formation : soviétique. »
Ce qui est magistralement décrit, ce sont les états psychologiques par lesquels passe l'héroïne : la solitude, la paranoïa provoquée par une surveillance bien réelle et des perquisitionne répétées de son domicile, les interrogations sur son oeuvre littéraire .Pour qui écrit-on ? Au nom de quoi ? Les passages les plus émouvants concernent ce qui anéantit l'identité, la personnalité, la singularité des individus : « Ce mépris, cette posture collective kaki glorifiée et pérenne brevette la virilité et l'uniformité (…) écrasant ainsi tout soupçon d'individualité, de délicatesse, touche personnelle ou clin d'oeil d'indépendance visuelle. » Mais ce roman va plus loin encore, il se poursuit par une révélation faite à Cleo par l'un des ses amis Geronimo Martines, un acteur originaire du Nicaragua .Cet aveu concerne ses liens de paternité, elle ne serait pas Cleopatra Alexandra Perdiguer mais la fille de mauricien Antonio Rodriguez né à Washington DC aux États-Unis ! S'ensuit une nouvelle interrogation pour Cleo : qui est-elle ? Américaine, Cubaine ? Elle va trouver la solution dans le départ de Cuba mais elle ressent immédiatement le déchirement de l'exil : « Nous avons décollé .Je sentais Cuba se détacher progressivement de mon corps, mon âme tenter de soutenir la terre(…) Sans Cuba je n'existe pas .Je suis mon île. » Ce roman séduira par la finesse des descriptions, par la profondeur des interrogations soulevées par Wendy Guerra .La sauvegardent de l'identité, le prix de la vie intérieure y trouvent une place essentielle, et c'est heureux.
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