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sur 128 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
POUR L'AMOUR DE ZEUS...

Qu'est-ce que la foi ? Qu'est-ce que la "vocation" ? Comment vivre enfermée vingt-quatre heures sur vingt-quatre entourée de ses semblables, auxquelles l'on ne peut parler autrement que pour, éventuellement, donner des ordres ou les recevoir, attribuer des missions, des tâches à accomplir ? Pourquoi imposer de véritables souffrances, à soi-même, à son corps, à son esprit mais peut-être plus encore, à ses proches, dont on décide de se détourner en toute connaissance de cause, comme s'ils avaient appartenu à une autre vie, à un autre soi-même aujourd'hui disparu ? Qu'est-ce qui fait tenir, même lorsqu'on prend peu à peu conscience des mensonges, des hypocrisies, peut-être même que tout cela n'est que supercherie, tromperie ?

C'est en quelque sorte à toutes ces questions que ce court premier roman de Maëlle Guillaud intitulé "Lucie ou la vocation" tâche de répondre ou, plus exactement, d'apporter des éléments de réflexion à travers le destin atypique d'une jeune femme d'aujourd'hui, Lucie (de «lux», la lumière. A noter que Lucifer a la même origine étymologique), étudiante dans l'un des hypokhâgnes les plus courues de la place de Paris mais qui semble de moins en moins y trouver son compte : «un tourment de chaque instant» nous précise la narratrice, et «elle hait la prépa» où tout n'est que compétition, course à l'échalote, «humiliations quotidiennes, moyennes négatives, manque de sommeil.»
Heureusement, il y cette amie, Mathilde, au parcours peu traditionnel, qui dit avoir connu la rue et qui affirme avoir entendu l'appel de la foi. Il y a aussi Juliette, l'amie de jeunesse, qu'elle voit moins depuis cette année, par manque de temps, mais qui est une fidèle.
Sans que le lecteur y soit le moindrement préparé, pas plus que cette Juliette, que sa mère ou sa grand-mère, Lucie décide assez brusquement de se retirer du monde, d'entrer dans un couvent - précisons que c'est au sein d'un ordre de type strictement contemplatif, même s'il n'est jamais précisément cité, presque totalement en retrait du monde, donc. Certains aspects de cette histoire n'auraient pu advenir au sein d'une congrégation de missionnaires - afin d'épouser son Seigneur.
Elle y rencontrera quelques soeurs, en particulier la révérende mère, soeur Marie-Thérèse, au pouvoir et à l'aura aussi magnétique qu'elle peut être d'une sévérité, d'une dureté, d'un manque absolu d'empathie totalement ahurissant. Sous son nouveau nom de Marie-Lucie, elle sera rejointe quelque temps après les débuts de son noviciat par son ancienne amie Mathilde, devenue Blanche-Marie. Celle-ci feindra de ne pas la reconnaître et appliquera à son égard le même silence absolu que la règle impose à toutes à l'encontre de chacune. On suivra donc l'évolution, lente et souvent douloureuse, de cette vie recluse, quasi carcérale (exception faite que le choix d'y entrer appartient à celles qui s'y trouvent), supposément toute tournée vers la foi - supposément car, en dehors des nombreux signes extérieurs de religion, on y trouve peu de témoignage, de moments vrais où la narratrice explique, approche de ce que peut être cette foi. La vision de celle-ci reste toute de surface et presque strictement liturgique -. On comprendra assez rapidement que, des trois voeux prononcés par toute nouvelle entrante, pauvreté, chasteté, obéissance, le plus important et surtout le plus difficile à suivre est le dernier. On y découvrira toutes les vexations, petites ou grandes, supportées "pour l'amour de son époux" (lire "Dieu") au fil d'une dizaine d'année en retrait quasi total du monde (une seule sortie : une visite médicale. Et encore, accompagnée). Obligation de manger des rations énormes d'une pâtée pas toujours ragoutante - parce que leur corps ne leur appartient plus, ne doit plus être rien - ; de prendre ces petites pilules quotidiennes, obtenues par mensonge en quelques minutes auprès d'un médecin naïf, et qui semblent être quelque anxiolytique léger ; de courber sans cesse l'échine devant les ordres, les humiliations, cette vie de misère - après tout n'ont-elles pas fait voeu de pauvreté et, plus encore, d'obéissance ? - qui est leur quotidien sans aucune rémission, les petites et grandes hypocrisies, aussi. de même que le constat que la trahison est tout aussi bien de ces murs que de ce monde extérieur craint et honni. de la soif de pouvoir, pourquoi pas, lorsque les soeurs apprennent que leur chère révérende mère, autocrate révérée, est parvenue au terme de son troisième mandat qu'elle ne peut renouveler.
Malgré les doutes, malgré les tentatives répétées de l'amie d'enfance, cette fidèle parmi les fidèles, dont l'athéisme irréconciliable se veut faire contrepoint à la foi aveugle de Marie-Lucie, malgré le désespoir tangible de sa mère, la jeune femme tiendra.
Un événement toutefois remettra en question cet engagement, événement aussi spectaculaire qu'inattendu, presque digne d'un roman policier, mais qui demeurera finalement confiné entre très peu de personnes : Marie-Lucie, la nouvelle mère supérieure son ancienne amie Blanche-Marie, la précédente et un jésuite, le père Simon, ancien ami du père défunt de Lucie, de plus en plus présent au fur et à mesure du roman. En quelque sorte, le lecteur sera le seul autre véritable témoin de cette tempête dans un verre d'eau (bénite), la communauté demeurant telle qu'elle est et a toujours été - un supposé, mais fallacieux, havre de paix, de sérénité et de prière - dans le giron protecteur de la Sainte Mère l'Eglise. Amen.

Premier roman, donc. Et l'on serait tenté d'être convenablement bienveillant avec un texte en apparence plutôt bien goupillé. Mais c'est un peu là que le bât blesse. L'ensemble fait, en définitive, très "fabriqué". Il y a d'abord ce style, qui peut plaire, qui peut d'ailleurs avoir son efficacité lorsqu'il ne devient pas la règle, toutes ces enfilades de phrases blanches, sujet-verbe-complément, censées nous faire partager la sidération, la profondeur, les doutes, les craintes, les rêves, les enjeux (etc) du vécu et, parfois, des pensées profondes de cette jeune femme finissant tout de même par perdre de leur efficacité. L'utilisation quasi-systématique de cette rhétorique fini par ennuyer, par lasser.
Il y a aussi cette impression, au fil du roman, que les personnages semblent avoir été fixés dès nos premiers pas en leur compagnie, dans leurs manières d'être, dans leurs pensées, leurs certitudes - malgré des doutes chroniques peu efficaces en terme de réelle évolution intérieure - tandis que dix années se déroulent sous nos yeux.
Il y a enfin ce sentiment modérément agréable que, plus que de remettre en cause l'idée de dieu, de foi, de croyance, c'est avec l'institution catholique - dont il n'est pas question ici de prendre la défense - qu'il s'agit d'en découdre, et qui est le fruit d'une colère - personnelle ? - , insidieuse et très rentrée, de la jeune autrice. On le comprend d'ailleurs presque dès les premières pages. On le saisit en particulier à la lecture de ces moments de décalage narratifs, qui reviendront régulièrement, que sont les confessions - nommons-les ainsi - parfois presque enfantines dans leur tonalité, de la fidèle amie Juliette qui ne comprend pas l'engagement de Lucie, qui refuse de le comprendre, professant un athéisme sans grand contenu, moderne, facile, manichéen, revendicatif et même légèrement vindicatif, du moins lorsqu'il s'agit de l'appliquer à ce qui la touche de près. En parallèle, la foi humble, sincère et apaisée de Lucie en parait d'autant moins obnubilée par différence de point de vue qu'elle à à l'égard de son ancienne amie, Lucie souffrant en réalité bien plus de l'absence de lâcher prise de ses proches et de leur refus obtus d'admettre son choix de vie que de leurs antagonismes spirituels.

De ce texte, on ressort mal à son aise. Non de ce qu'on suppose déjà : qu'à l'instar de toutes les autres institutions humaines, un couvent n'échappe pas à la règle, connaissant son lot d'hypocrisie, de compromission, de violence, d'enjeu de pouvoir. Que l'Eglise est un sacré bazar, et que les dogmes sont de véritables étouffoirs. Mais l'on ne sent ici qu'un traitement du fait religieux glissant à la surface des choses, nous présentant des personnages assez monolithiques, évoluant psychologiquement très peu (sans même mettre trop l'accent sur l'inouïe naïveté et la maturité plus adolescente qu'adulte des deux amies, chacune à leur manière). Aucun véritable enjeu théologique ni métaphysique, aucune réflexion réellement profonde sur ce que peut être l'idée de divinité, de foi ou de ce qui peut amener à penser que tout ceci ne sont que pures inventions humaines. On en restera donc à une sorte d'anticléricalisme mou, épidermique, facile et incomplet face aux enjeux actuels que ces engagements jusqu'au-boutistes peuvent revêtir d'extrémisme, d'exacerbation, d'explosion de violence (contre soi ou contre autrui) dans d'autres cas de retour à une forme supposée pure de religiosité, de dogme, de spiritualité dont le jésuite de l'histoire nous rappelle d'ailleurs qu'elle est une vision toute rhétorique, intellectuelle et tellement éloignée de la vie vers quoi elle est censée se porter. Un premier roman qui ne manque cependant pas d'intérêt mais qui souffre d'une certaine forme d'incomplétude ainsi que de quelques coupables penchants. C'est imparfait : c'est humain...

[NB : ouvrage lu dans le cadre de la participation à une sélection pour un prix de lecteurs.]
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Il en va de certains romans comme pour certaines spécialités culinaires : on n'est pas trop sûr de vouloir essayer tout en se disant que l'on passe peut-être à côté de quelque chose de délicieux. Je dois à la sélection proposée par les «68 premières fois» la découverte ce premier roman étonnant à bien des égards et qu'il ne me serait jamais venu à l'idée d'acheter. L'histoire d'une jeune fille qui choisit de consacrer sa vie à Dieu en entrant dans les ordres n'est à priori pas fait pour m‘enthousiasmer outre-mesure.
Mais si le premier roman de Maëlle Guillaud mérite le détour, c'est qu'il est bien plus que cela. Au fil des pages la quête spirituelle va se transformer en enquête, l'amour de Dieu en une réflexion sur la «vraie» vie de cette communauté. Disons-le tout net, le livre est de plus en plus passionnant au fil des pages.
Quand Lucie décide d'abandonner ses études supérieures pour «se marier avec Dieu», c'est l'incompréhension qui domine. L'incompréhension de sa famille, sa mère qui imaginait un tout autre avenir pour sa fille, sa grand-mère qui va la perdre à tout jamais, l'incompréhension pour son amie Juliette, qui va tenter à plusieurs reprises de lui faire changer d'avis : « Je dois la convaincre que la vraie vie est ailleurs. Dans les baisers, l'amour, la maternité, tous ces instants qui embellissent nos nuits et nous portent vers autre chose qu'une cellule austère et un époux qu'elle ne pourra jamais toucher. » L'incompréhension du lecteur aussi qui partage les interrogations de ses proches. Comment peut-on s'orienter vers un tel choix sans éprouver le moindre doute ? N'y-a-t-il pas quelque chose de l'ordre de l'emprise sectaire dans l'attitude des religieuses et du père Simon, un jésuite qui lui explique combien son engagement est merveilleux, qui explique à Julie que «le monde qui s'ouvre à toi est d'une beauté dont tu n'as pas idée», qui la pousse à tous les sacrifices.
La jeune fille ne fera pas marche arrière : « Je me souviens, maman. Je t'ai vue tellement souffrir. Je refuse de commettre la même erreur. J'ai choisi la solitude. Je refuse de dépendre de quelqu'un. de me perdre dans le désir, dans tout ce qu'il a d'imprévisible, de sauvage. »
Les premières semaines, les premiers mois de celle qui deviendra Soeur Marie-Lucie vont bien se passer. Elle s'engage totalement dans cette nouvelle vie, n'a de cesse d'apprendre, de tout partager pour l'amour de Dieu. Elle va jusqu'à trouver Juliette puérile dans son combat pour la faire changer d'avis. Les années passent et petit à petit un malaise s'installe. Car plus on s'élève dans la hiérarchie, plus on en apprend sur les principes de gestion d'une telle communauté, sur le caractère des mères supérieures et sur les petits secrets des unes et des autres. Et il y a là bien de quoi ébranler les certitudes. Comment posséder quelque chose quand on a fait voeu de pauvreté ? Pourquoi faut-il tout noter, quelles remarques peuvent faire des religieuses qui sont censées ne pas parler ? Quelle confiance accorder à une personne qui vous ment ostensiblement ?
Vient alors pour Soeur Marie-Lucie l'heure de la remise en cause et pour nous, pauvres lecteurs, le basculement du roman d'une vocation vers un thriller au suspense haletant.
Laissons le voile du mystère se lever et saluons la jolie performance de Maëlle Guillaud !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Voilà un roman bien surprenant. le thème est original: une jeune fille choisit de devenir religieuse.
J'avais un petit peur de ce que j'allais y trouver.
Au final une lecture rapide, à plusieurs voix, et on n'est ni dans la religion à outrance ni dans Diderot et ses dénonciations extrêmes. Un rappel que les religieuses ne sont pas des saintes et que vivre dans une atmosphère féminine ne doit pas être simple tous les jours.
Intéressant.
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Lucie, jeune étudiante en khâgne, décide de se couper de la société et de vivre pleinement son amour pour Dieu, en entrant dans un prieuré.
Elle s'engage ainsi dans un choix certes difficile mais surtout lourd de conséquences : elle devra faire face à l'incompréhension de sa famille et ses amies, et se couper de la vie extérieure.
Pourtant, l'amour de Dieu n'est visiblement pas un long fleuve tranquille, et lui apportera son lot d'espoirs mais aussi de désillusions. Alors qu'elle était venue chercher une forme de paix et d'absolu, elle se retrouve dans une autre forme de société : fermée et régie par des règles et des luttes de pouvoir allant jusqu'à la manigance et la trahison, au final ce prieuré ressemble largement à la société qu'elle a quittée. Sur la forme, Maëlle Guillaud a opté pour un style original alternant le récit de Lucie avec des chapîtres en italique donnant la parole à Juliette, l'amie indéfectible. Celle-ci nous offre une très belle leçon d'amitié : même si elle ne partage pas le choix de Lucie, elle l'a soutiendra tout au long du livre.
Avec des mots simples et un style fluide, Maëlle Guillaud traite certes de l'amour de Dieu mais ce récit peut être extrapolé d'autres formes d'amour et de renoncement.

https://accrochelivres.wordpress.com/2016/08/31/lucie-ou-la-vocation-maelle-guillaud/
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Voilà un livre qui ne me tentait pas du tout et que j'ai dû lire dans le cadre du Jury du Prix du meilleur roman Points 2018. A priori un livre qui parle de religion et de foi, ce n'est pas pour l'athée que je suis. Je suis donc parti dans l'idée que je risquais de le lire en diagonale….
Bien évidemment, ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. Je me suis fait attraper par cette histoire en quelques pages.
Lucie est en Khâgne quand elle prend une décision radicale qui va bouleverser sa vie. Elle décide d'abandonner ses études pour « se marier avec Dieu ». Sa vie prend enfin un sens.
Mais pour sa mère, sa grand-mère et sa meilleure amie Juliette, c'est l'incompréhension.
Désormais les journées de Lucie seront rythmées par la prière, l'adoration et les tâches monastiques. Elle devra renoncer à ses amis, a ses envies et autres rêves et devra chasser de son esprit toutes mauvaises pensées. Renoncer également à elle-même et ne plus prêter attention à son corps, le laisser grossir, le gaver. Accepter cette « incarcération ». Elle devra surtout obéir aveuglement à la supérieure mais Lucie est une rebelle dans l'âme.
Au fil des pages la quête spirituelle va se transformer en enquête, le roman d'une vocation bascule dans le suspens.
Voilà donc une histoire qui pourrait paraitre rébarbative mais qui se révèle addictive pour plusieurs raisons. D'abord parce que l'histoire nous est raconté à tour de rôle par Lucie et par Juliette. Deux visions bien différentes sur ce changement de vie. Ensuite, parce que l'auteure mène une autopsie minutieuse de l'institution religieuse que l'on pourrait presque lire comme une enquête sociologique. Et puis parce qu'il y a ce basculement d'un genre à l'autre dans l'histoire qui fait toute l'originalité de ce livre.
Deux points négatifs cependant et pas des moindres : l'écriture et la fin. L'écriture certes efficace mais trop convenue. La fin qui ne m'a pas convaincue et que je trouve même bâclée.
Bref un roman imparfait mais qui se lit avec plaisir.
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« Apprenez à chasser vos fantômes... Elle aimerait tant y parvenir, mais dans le royaume du Seigneur, elle a la désagréable impression de vivre entourée de spectres. »
Lucie a tout quitté pour le prieuré : sa grande amie de toujours Juliette n'a pu la retenir, Mathilde, libre et rebelle rencontré sur les bancs de Khâgne, ses études devenues laborieuses, Normale Sup.
Touchée par la Grâce, Lucie épouse la religion, Dieu, l'isolement.
Elue de Dieu, elle fait voeu de silence. Elle croyait trouver une sororité, elle doit faire face à l'autorité et à l'abnégation.
Jadis coquette, elle néglige son corps devenu gras, elle a sacrifié sa chevelure, fierté ancienne, heureuse que la révérende taille elle-même les cheveux.
Lucie est portée par la foi et s'en remet à la Mère Supérieure qui régule la vie monacale du prieuré.
Mais voilà, tout n'est pas amour, tout est division.
Enfermement, Isolement, rigueur et silence ...

« le couvent est une institution qui dépend du Vatican !
L'Eglise doit surveiller ses dépendances. S'assurer que tous ses organes fonctionnent bien. Comme un corps vivant. »

Mais quand Mathilde intègre le couvent, Lucie se met à douter, est-ce seulement un hasard ?
La jeune femme semble ne pas la connaitre, pire elle lui est hostile !
Lucie qui a gardé cette aptitude à douter et à réfléchir, ce côté rebelle resté enfoui au fond d'elle qui déplait tant au couvent, va ouvrir les yeux et découvrir des agissements pour le moins contraire à la règle monastique.
Un roman à la fois intéressant et perturbant, sur la vocation : état de grâce ou dérive d'un état dans l'état, sur le fil de la morale il remet en question les fondements de l'Eglise.

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Étudiante en Khâgne, Lucie s'interroge sur son avenir et ne sait quel chemin prendre. C'est par son amitié avec Mathilde une camarade de classe qu'elle va trouver la réponse à ses questions. Lucie décide de consacrer sa vie à Dieu et d'entrer au couvent provoquant l'incompréhension de sa mère et de son amie d'enfance.

Tout au long des années qu'elle passe au couvent, Lucie continue de s'interroger. Ce n'est pas de sa foi dont elle doute, mais du chemin qu'elle a choisi. A-t-elle fait le bon choix en renonçant au monde ? Mais Lucie n'est pas toujours sympathique. Il est très difficile de comprendre sa froideur vis-à-vis de sa mère ou de son amie ou son comportement avec les novices, reproduisant alors les humiliations dont elle-même a été victime.

Juliette ne se remet pas du choix de son amie, de celle qu'elle a toujours considérée comme sa soeur, son double. Elle vit le choix de Lucie comme un abandon et se sent perdue sans celle qui a toujours été à ses côtés. Chaque visite, chaque étape de la conversion de Lucie est une épreuve, une petite mort pour Juliette.

De même pour la mère de Lucie. Veuve, Lucie était le centre de son existence, sa fille chérie dont elle avait toujours été proche. Elle non plus ne parvient pas à accepter cette séparation, ne parvient à renoncer à la vie qu'elle avait imaginée pour son enfant.

J'ai trouvé les points de vue de ces trois personnages justes et touchants.

En revanche, je n'ai vraiment pas apprécié la description des jeux de pouvoirs, manipulations et mesquineries au sein du couvent. Les religieuses du couvent de Lucie sont pour beaucoup bien loin de l'image de la bonne soeur. J'y ai vraiment vu une accusation à charge contre les ordres monastiques plutôt qu'une dénonciation de dysfonctionnements occasionnels. Ou peut-être suis-je trop naïve ou trop marquée par ma scolarité en école religieuse ?

Bien sûr ce roman pose la question de la foi, jusqu'où peut-on aller pour sa foi ? Ou ses convictions ? Que peut-on accepter ? le sacrifice d'elle-même fait par Lucie est mis en parallèle par nombre de lecteurs soit avec la manipulation sectaire soit avec l'engagement terroriste. Ce parallèle me dérange car la démarche est très différente dans l'un et l'autre cas.

Maëlle Guillaud a choisi un sujet très difficile pour son premier roman, et je l'ai trouvé plutôt bien maîtrisé malgré quelques longueurs et quelques facilités.

Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Lucie est une jeune fille sage, qui a perdu son père dans la prime enfance et qui a toujours suivi le chemin tracé par son entourage. La voici en Khâgne, soumise à la pression des concours et à la rivalité avec ses camarades. Loin de son amie Juliette, partie à Sciences Po, elle souffre, elle doute.

Lucie a la foi, elle a fréquenté l'aumônerie du lycée, les JMJ et a séjourné à Taizé, Là-bas, elle sentait la présence de Dieu la soutenir, et elle découvrait la fraternité du partage. Guidée par une amie de classe, Mathilde, elle se réfugie peu à peu dans une communauté religieuse, où elle franchit toutes les étapes, depuis un séjour parmi les novices jusqu'à la prononciation de ses voeux éternels.

Tour à tour Lucie fait le récit de sa progression dans la hiérarchie du couvent, alors que les mots de Juliette nous racontent la désintégration de son amie. Comment trouver la liberté dans l'enfermement ? Des trois voeux, pauvreté, chasteté, obéissance, c'est ce dernier qui est le plus pénible et compliqué pour Lucie. Elle se perd dans les méandres de la vie en communauté, avec ses mesquineries, ses jalousies, la cruauté et l'ambition de certaines, la lutte pour le pouvoir, les manipulations.

Quel mystère, que celui de la vocation religieuse !
C'est avec la curiosité du découvreur que j'ai abordé ce livre, comme j'aurais dévoré un récit chez les papous de Nouvelle-Guinée.
Par mon travail, je côtoie tous les jours des religieuses, mais je ne connais pas grand-chose de leur vie quotidienne, et encore moins celle des religieuses cloitrées.
J'ai découvert un monde terrifiant, livré aux luttes intestines et donc terriblement humain, malgré l'omniprésence de Dieu. Au lieu de voir Lucie s'élever par sa foi, j'ai eu le sentiment qu'elle se perdait.
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J'ai lu ce roman en étant malade, ce qui explique peut-être le temps que j'ai dû prendre pour le lire malgré le fait qu'il soit relativement court.



La première des choses qui m'a intéressé dans ce roman, c'est évidemment son sujet. Une jeune femme moderne, ayant fait des études, décide volontairement de se tourner vers une vie de religieuse. Comme sa meilleure amie, Juliette, j'étais à des années lumières de comprendre ce qui pouvait la motiver. Et franchement, si le film Sister Act n'avait pas réussi à me convaincre, je doutais qu'un roman y arrive...



D'autant plus quand on découvre la vie de cette congrégation violente. Aucun élément ne donne envie ou ne vient expliquer cette subite crise de foie (sans mauvais jeu de mot). J'ai regretté de ne pas voir quoique ce soit de positif dans cet univers quasi-carcéral.


Pour le coup, j'ai encore moins pigé pourquoi Lucie s'accrochait envers et contre tout à cette vie qui ne lui apportait que malheur et désillusions. Hormis, un sacré penchant pour le masochisme...



J'aurais aimé plus de nuances dans le récit de cette vie monastique afin de vraiment m'interroger sur ce choix qui de prime abord me "choque". Ici, rien n'est fait pour faire évoluer mon opinion deloa vocation religieuse et c'est pourtant ce que j'attendais un peu de ce roman...



Autre aspect ambivalent de ce roman : Lucie ! Je suis désolée de vous dire que ce personnage est très antipathique. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle m'a plutôt convaincue qu'une religieuse s'occupait surtout d'elle et de SA foie et assez peu des autres... Seuls ses ressentis semblent compter dans sa démarche. Son aveuglement a été souvent horripilant pendant ma lecture mais pourtant j'ai trouvé intéressante l'évolution de cette jeune femme. le monde dans lequel elle évolue, qui aurait dû l'ouvrir à un monde de paix et d'amour, la pervertie totalement. Ironique, non ?



En ce qui concerne l'écriture de l'auteure, elle est fluide et permet de s'immerger directement dans l'histoire de ses personnages. Les chapitres très courts pourront quelque fois vous frustrer, mais ils apportent un rythme salutaire dans ce quotidien si morne.


Et malgré ce qu'on pourrait penser, Maëlle Guillaud parvient même à instaurer un petit côté suspense qui amène un intérêt supplémentaire à cette intrigue. La tension monte progressivement et on s'interroge sur l'événement qui fera ouvrir les yeux à Lucie.
Lien : https://www.rue-camille.fr/s..
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Je voulais lire ce livre dès sa sortie, mais j'ai attendu le format poche. L'histoire, celle de la jeune Lucie qui quitte tout pour suivre la voie de Dieu m'intriguait. Dans cette histoire, donc, la jeune Lucie qui étudie à Khâgne, découvre sa passion pour Dieu et décide de se donner corps et âme à cette vocation. Elle quitte école, famille et amies pour se consacrer uniquement à celui qui va devenir son époux. Dieu, donc. Elle passe de novice, en s'appelant désormais soeur Marie-Lucie, à fiancée et à épouse. Dans ce livre, beaucoup de retranscriptions de phrases de la bible, pour illustrer la fervente passion que Lucie voue à Dieu. Mais pas que. Nous entrons dans l'univers fermé d'un couvent, avec ses lois et ses règles. La mère supérieure et les autres soeurs. Voeux de silence, de chasteté, d'obéissance. L'auteur alterne les points de vue. Lucie, souvent, sa meilleure amie, Juliette, qui ne comprend pas l'idée de Lucie et espère jusqu'au dernier moment qu'elle changera d'avis et renoncera. La mère de Lucie, aussi, qui ne comprend pas non plus. Ce livre se lit vite (200 pages) et l'écriture est fluide et entraînante. La foi de Lucie, totale. Malgré toutes les déceptions qui l'attendent, les secrets et les coups bas. C'est une atmosphère froide, voire glaciale qui nous attend. Pas si fun, de vivre dans un couvent. Pas si joyeux, non plus. Je m'attendais à autre chose que la dure réalité décrite dans ce livre. L'héroïne, Lucie, est bien courageuse. Et surtout terriblement éprise de Dieu… Un petit bémol sur la description du couvent. On ressent bien l'atmosphère, mais je n'ai pas réussi à m'imaginer comment étaient agencés les lieux où vit notre héroïne. La lecture m'a assez plu, même si ce n'est franchement pas drôle, sensation de froid tout le long du roman… Je me suis laissée entraîner dans l'histoire, voulant toujours savoir la suite, jusqu'au dénouement final…
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