J’avais bien aimé, ce qui signifie que le coup de cœur n’était pas tout à fait là, Le peintre d’éventail, il y a quelques années, et depuis ce jour, je m’obstine à lire les derniers romans de Hubert Haddad, alors que je devrais commencer à me faire une raison, et me dire que son style ne me convient pas tout à fait. Après avoir été franchement déçue par Théorie de la vilaine petite fille, j’ai récidivé avec un des deux derniers romans parus à la rentrée. Si le sujet est d’anticipation, ce n’est qu’une très courte tête qu’il prend sur l’avancée médicale, sur une manipulation que des médecins commencent déjà à étudier… Il s’agit en effet d’une greffe de tête, vous entendez bien, greffer une tête sur un corps en bon état, pour prolonger « dignement » la vie d’une personne, est un projet médical à l’étude.
Dans ce roman, Cédric Allyn-Weberson, un journaliste engagé, est victime d’un grave accident qui le laisse privé de tout usage de son corps. Son très riche père, avec lequel il était brouillé, engage le meilleur neurochirurgien pour une première : greffer la tête de son fils sur le corps sain d’un accidenté. Contre toute attente, la greffe prend et Cédric reprend vie peu à peu, reprend lentement des activités normales, retrouve la femme dont il venait de tomber amoureux.
Tout d’abord, ce court roman se dévore, et les données scientifiques et éthiques particulièrement bien posées sont passionnantes. Comment vivre avec le corps d’un autre, comment retrouver sa vie d’avant, s’alimenter, se déplacer, aimer, avec un corps qu’on ne connaît pas, quelle partie est le greffon de l’autre, finalement ? Les pages filent, et l’intérêt ne faiblit pas. Malheureusement, quelques clichés et facilités lorsqu’il s’agit de poser les personnages, Lorna la petite amie d’une beauté insurpassable, le père immensément riche, les médecins avides de célébrité, gâchent un peu ces questionnements existentiels.
D’autre part, le style ne m’a pas ébloui particulièrement, alors que dans Le peintre d’éventail, poétique, il faisait corps avec le sujet. Vous pourrez en juger par les extraits ci-dessous, que je n’ai pourtant pas choisis « à charge ». Je vous ai fait grâce des dialogues sonnant singulièrement faux, à mes oreilles, entre le journaliste et sa dulcinée… Bref, un avis un peu mitigé, mais un roman à lire pour voir jusqu’où la science peut aller, les aspects médicaux étant traités de manière vraiment captivante.
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